SCUF Rugby

René BOUDREAUX (1880 – 1915)

René BOUDREAUX (1880 – 1915)

 

René BOUDREAUX est un parisien pure souche, une particularité à souligner dans le rugby Scufiste qui brasse des joueurs de tous les horizons depuis 120ans. René, Emile, Henri Boudreaux né le 27 novembre 1880 dans le 6ème Arrondissement. Il gravite dans un milieu bourgeois où il pratique à haut niveau l’escrime et notamment le sabre. Son gabarit d’1m78 pour 82Kg impressionne pour l’époque et Frantz REICHEL, qu’il cotoie, l’engage à rejoindre son tout jeune club du Sporting Club Universitaire de France. Il fait ses débuts au rugby sur le tard, en 1907, à 27ans. Loin d’être un handicap, sa condition physique et sa stature l’emmène directement à pratiquer avec l’équipe première au poste de pilier.

Il ne tarde pas à taper dans l’oeil des sélectioneurs qui voient en lui un avant rassurant pour encadrer le début du XV de France. Le 20 décembre 1908, il est appelé pour jouer la rencontre des « Probables » contre les « Possibles » ; un match rassemblant les meilleurs éléments de toute la France afin de constituer la future équipe de France qui tape à la porte du Tournoi. En effet, durant les trois premiers mois de 1909, les Français affrontent en amical Le Pays de Galles, l’Irlande et l’Angleterre. C’est sans Boudreaux que ses partenaires Scufistes André THEURIET et René HOUBLAIN connaitront la défaite, mais des défaites suffisamment honorables aux yeux des nations Britanniques pour intégrer le Tournoi dès l’année suivante.

Durant les saisons 1908 / 1909, le SCUF monte en puissance et devient un acteur incontournable du championnat. Le 8 novembre 1909, le SCUF bat, pour la première fois, le Racing Club de France à Colombes devant 2000 spectateurs (08 – 03). Le pack « noir et blanc » est craint sur tous les terrains de l’hexagone, et René Boudreaux n’y est pas pour rien.

 

 

 

Ce dernier obtient la consécration de tout rugbyman le 1er janvier 1910 à Swansea contre le Pays de Galles. Il est le 56ème international français de rugby et joue la première rencontre du tout nouveau Tournoi des V Nations. Dans cette équipe figurent six scufistes, dont la première ligne au complet (THEVENOT – ANDURAN – BOUDREAUX). Les Français, qui ont résisté en première mi-temps, sont dépassés et s’inclinent 49 à 14 devant 12.000 spectateurs.

Le match international suivant a lieu le 22 janvier 1910 à Edimbourg en Ecosse. Quatre scufistes ont été selectionnés, André Theuriet à la mêlée, René Boudreaux en 1ère ligne, Rémi Laffitte en 3eme ligne aile, et Jules Cadenat en 2ème ligne qui fête sa première sélection. Par un temps glacial, les joueurs du Chardon l’emportent 27 à 00.

Ce sont les deux seules rencontres internationales que jouera Boudreaux. Sans lui, la France s’inclinera également contre l’Irlande (3-8) et l’Angleterre (3-11) cette même année. Elle accrochera sa première victoire dans le Tournoi l’année suivante en battant l’Ecosse, à Colombes, 16 à 15.

 

En championnat de Paris, le Stade Français, invaincu manque le titre. C’est le Racing CF qui le remporte car le Stade a fait deux fois match nul contre le SCUF… Mais les « ciel et blanc » s’inclinent en demi-finale face au FC Lyon, futur vainqueur du championnat 1910 contre le SBUC (Bordeaux). Aujourd’hui on ne sait plus exactement pourquoi René Boudreaux quitte le SCUF pour le Racing à la fin de la saison 1910, toujours est-il qu’après avoir vaillamment porté les couleurs du club il râte la grande aventure qui conduira le SCUF au sommet du rugby avec ses deux finales perdues en 1911 et 1913.

Il jouera au Racing CF jusqu’en 1912, mais, pour des raisons oubliées aujourd’hui, il ne participera pas à la finale perdue contre le Stade Toulousain (8 à 6) le 31 mars de cette année. Délaissant le rugby il continuera cependant à pratiquer l’escrime.

Son jeune frère, Pierre Boudreaux (3ème ligne), de deux ans son cadet, jouera également au SCUF et connaîtra la consécration en devenant champion de Paris des équipes IV en 1911. L’équipe quatrième s’inclinera en finale du championnat de France face au Stade Toulousain à Colombes (12 à 0). Sous-lieutenant, il sera tué d’une balle, le 13 décembre 1914 à l’assaut du bois de Mortmare.

Le 8 septembre 1915, le Lieutenant René BOUDREAUX, du 103e d’infanterie, est tué à Aubérive (Marne). Une fois cité à l’ordre du régiment le 19 mars 1915, il est de nouveau cité à l’ordre du commandement. Sur le front depuis le 27 août 1914, il a prit part à tous les combats dans lesquels son régiment a été engagé. Décrit comme un officier très calme et énergique, particulièrement affectionné de ses hommes, il a été tué le 8 septembre 1915 en inspectant une tranchée avancée que sa section organisait sous le feu de l’ennemi. Son régiment était alors employé à l’aménagement des tranchées et boyaux en vue de l’attaque prévue pour le 25 septembre (2e bataille de Champagne).

Tombé pour la France à 34ans, son nom est gravé sur le monument situé Chemin de Saint-Hilaire à Aubérive, lieu dit « Le bois de Jeannette ». Il est inscrit : « Aux Héros du 103e R.I. tombés glorieusement pour la France – septembre-octobre 1915 -103e R.I. = 80 officiers et 7000 sous-officiers et soldats Morts pour la France »

Un monument fut également inauguré à la suite du conflit par la FFR pour rendre hommage aux internationaux morts aux combats. Je ne sais pas si ce monument est toujours présent au stade de Colombes…

Si l’État-Major allemand n’envoya que très parcimonieusement ses athlètes célèbres au feu, ce ne fut pas le cas des Français. 427 sportifs internationaux, champions de France ou ce qui correspond de nos jours au statut d’athlètes de haut niveau, sont morts au champ d’honneur. En 1914, l’amour du pays est une valeur essentielle. La patrie envahie est en danger, il faut la défendre, on répond présent.

En 1920, son épouse créera le Challenge René Boudreaux, réservé aux joueurs de rugby ou football du Racing Club de France, comprenant une épreuve de 100m, 400m, 800m, 150m haies, saut en hauteur et longueur et lancer du poids, ainsi qu’un relai 10 fois 250m.

 

Monument aux morts « Bois des jeannettes » « Aux Héros du 103e R.I. tombés glorieusement pour la France – septembre-octobre 1915 -103e R.I. = 80 officiers et 7000 sous-officiers et soldats Morts pour la France »

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