Date et Lieu de naissance : 01/07/1985 – Séoul
Taille – Poids : 175cm et 83 kgs
Poste joué : Centre / Ailier
Profession : Digital Manager
Situation maritale : En couple
– Quel est ton parcours avant le SCUF ?
J’ai démarré le rugby à 5 ans dans le club de mon village Servian, mon père étant président du club ma voie sportive était toute tracée même si on ne m’a jamais rien imposé à la maison. J’ai passé 20 ans au club, des mini-poussins à l’équipe première, j’ai connu des finales, des titres, des montées et des descentes, c’est mon club de toujours. Les années cadets et juniors occupent une place particulière dans mon coeur car nous avions une bande de copains du village avec qui nous avons disputé des finales et gagné des titres (Champion du Languedoc 2003 face au rival Pézenas de mon ami Guilhem). A cet âge là c’est que du courage et de l’amitié, ce qui est le fondement de ce sport selon moi, des bagarres et des bringues d’anthologie, la première bagnole, les sorties en boite, le café du village… C’était dantesque. Ensuite je suis parti « étudier » une année en Espagne en ERASMUS et avec ce même ami Guilhem (SCUFISTE émérite) on s’est inscrit dans l’équipe de la ville avec laquelle on a remporté une Coupe d’Espagne face au Barca. On a lié de grandes amitiés là-bas grâce au rugby et au produit, d’ailleurs on y est retourné cette année 10 ans plus tard et on s’est repayé une belle tranche de bringue avec les mêmes personnes..
– Comment ou par qui arrives tu au SCUF en septembre 2012 ?
Je suis arrivé au SCUF grâce à Google, avec toujours le même Guilhem on se retrouve sur Paris en même temps et on décide de se trouver un club Honneur / F3 intra muros pour poursuivre le rugby. Après avoir éliminé le Racing et le Stade, je suis tombé sur le site du SCUF, un numéro de téléphone, une discussion « chaleureuse » plus tard avec Herr General Laguerre et je me retrouvais à faire « un essai » à Rousié sous la houlette de Jérôme Jouclard. Les débuts furent un peu chaotiques puisque je me suis rapidement retrouvé « placardisé » en équipe 3 à jouer sur des terrains sans ligne face à des mecs évoluant en corpo du samedi. Je sortais de 2 saisons de Fédérale 3 et j’ai assez mal vécu mon arrivée, j’ai donc décroché avant de reprendre en fin de saison et de terminer en B. L’année suivante je suis redescendu finir mes études dans le sud et j’ai donc re-signé chez moi. A mon retour sur Paris j’ai décidé de reprendre pour montrer que je méritais un autre traitement.
On m’avait expliqué le « contentieux » historique avec le Massif et l’importance de cette rencontre, venant du sud je m’étais conditionné pour un match rude avec un coup d’envoi directement tapé en touche ! Au final, hormis le score accroché il n’y a pas eu de derby « à l’ancienne » même si par la suite il y eut de belles parties de chifarnasses face à ce club. Mon seul souvenir de ce match c’est mon entrée à 20 minutes de la fin et Chris MacNaughton qui veut tenter la relance du bout du monde et me lance un « Santa t’es prêt à faire péter les cannes ? » j’avais apprécié son ambition offensive du moment.
– Tu n’apparais que trois fois sur le banc en Equipe 1 et joue cinq matchs comme titulaire avec la Réserve, une saison d’intégration ?
Non malheureusement, en cours de saison je me blesse assez gravement à la main après une virée nocturne qui se termine mal en sortie de boite. Ligaments de l’annulaire sectionnés et donc convalescence forcée de 3 mois, fin de la saison.
Une belle saison avec un effectif solide sur et en dehors du terrain, Romain Sentout, Arnaud le Pape alias Omar Shariff, Julien Saint-Pierre pour sa dernière, Kéké Rivière, Philou le nain supersonique… On fait un quasi sans faute de la saison et puis se profilent les phases finales. On négocie bien le 1/4 de finale à domicile contre le Red Star en leur filant 40 grains à l’issue d’un match accroché, j’avais pris une énorme poire dans l’angle mort, j’en avais fait une roulade arrière, j’en rigole maintenant mais sur le coup j’étais bien remonté, l’accrochage qui avait suivi j’avais emplâtré le premier mec qui est venu, manque de bol c’était le seul mec du Red Star qui essayait de calmer le jeu ! En demi, je pense que c’est le match le plus intense en terme de ressources mentales auquel j’ai pu assister, on est mené de 20 points à 10 minutes de la fin et on amorce une remuntada incroyable, je marque l’essai de l’espoir en bout de ligne sur un bon service de coach produit à l’époque joueur, Jérésime Cottrez, puis suivent 2 autres essais dont le dernier inscrit par Seb Lacaze en bout de ligne au bout d’une séquence interminable, FG et ses jambes de grive transforme et là explosion de joie incroyable. Un scénario inoubliable qui prouve qu’en rugby avec une grosse paire et un mental en acier tout peut arriver pour peu qu’on prenne la peine d’y croire à 15. En finale grosse frustration, un dimanche matin à 10H sous la pluie, 2 essais valables refusés, une domination sans partage tout du long et sur leur seul temps fort leur 8 démarre à 5 m des poteaux en marque en force, fin du game, le bouclard nous passe sous le nez alors que nous avions dominé toute la saison, le rugby c’est dur parfois, cette finale ça reste un gros sentiment de gâchis. Derrière on fait un 1/4 de finale du France avec une entrée facile face à des alsaciens à qui on file 50 points puis un 1/8 où l’on court après le score tout le long de la partie pour finalement l’emporter dans les derniers instants, là aussi j’inscris un essai en position de 9 ce qui est assez rare pour être signalé. On perd en 1/4 face à une belle équipe des Alpes même si on a l’occasion de passer, le jeu à 12 ne pardonne pas lorsque tu te troues sur le 1er rideau. Fin de carrière pour des grands monsieurs du SCUF : Seb Lacaze, Juju Saint Pierre et Vincent Barbe (coach).
– Lors du championnat 204/15 la Réserve survole son championnat et tu connais ta première titularisation en Equipe 1 lors de la 16ème journée contre Montesson (44-27), tu t’en souviens ?
Cette saison là je me suis retrouvé capitaine de la B suite à la retraite de Julien Saint-Pierre, j’ai donc passé le plus clair de mon temps en B avec quelques apparitions en une dont ce match contre Montesson. Peu de souvenirs tant cette saison en B occupe tous mes souvenirs…
– Retour sur la saison de la Réserve qui s’impose enfin en finale IdF contre Montesson (21-03) et chute en Finale du championnat de France contre Soustons (38-03) , 10 mois de rugby intense !
Surement la plus belle saison d’un point de vue sportif et peut-être humain. On fait la saison quasi parfaite en ne perdant qu’une seule rencontre, la finale du France. Toute l’année on avait réussi à constituer un noyau dur de vieux briscard et de jeunes aux dents longues, le tout bien coaché et encadré par Juju Saint-Pierre et Manu Kassardjian. On avait un cadre de jeu bien défini et les mecs qu’il fallait pour mettre en place ce jeu fait de déplacement de balles et de blocs de 3, très rapidement on a su que la première jouerait le ventre mou, du coup le management des seniors a vite orienté ses efforts sur la réserve en préservant des mecs pour leur permettre de participer aux phases finales. Une stratégie louable mais qui me desservira puisque je me retrouve sur le banc pour la demi finale après avoir mené cette équipe tout au long de la saison. En finale même topo, accentué par l’enjeu d’un tel match, je rentre une demi-heure alors que le sort du match est scellé. Beaucoup d’amertume qui s’estompe au coup de sifflet final quand tu réalises que tu as gagné le planchot ! Derrière je ré-intègre le XV de départ pour les championnats de France, là aussi on passe sans encombre les premiers tours avec un tirage plutôt favorable (Le Havre, Nancy, Mantes-Limay) ensuite cela devient épique avec une demi finale face à la Valette réputée pour son jeu dur. Les mecs nous rendent tous 10 kilos derrière, mais ce jour là on est habité, Pierre le Garnec qui vient d’apprendre que sa femme vient d’être hospitalisée nous sort un grand discours d’avant match, CMG qui faisait des bonds de 2M sous les douches… On rentre remontés comme des coucous et on lâche rien. Là aussi les mecs nous distance au score à l’heure de jeu mais on arrive à revenir à arracher les prolongations avec un essai de Thomas Brenot dans les toutes dernières minutes. En prolongation on encaisse un essai rapidement, on se dit que c’est mal embarqué mais mentalement on lâche rien et on revient. Fin des prolongations et séance de tirs au but, avec 4 vrais buteurs sur le terrain je sais au fond de moi que l’on va passer, surtout quand leur 10 rate d’entrée. Derrière c’est la libération, la fatigue, la tension, tout retombe et on réalise rapidement qu’on va jouer une finale de championnat de France, une sensation inoubliable. Avec le recul je me dis que ce jour là il ne pouvait rien nous arriver. Pouvoir jouer une finale du France aux côtés de mes 2 amis Kevin et Karl que j’avais fait venir la saison d’avant et tous les gars en or que j’ai connu en arrivant au SCUF c’était extraordinaire. La finale c’est une odyssée, avec tous les gars du groupe seniors qui se muent en supporters, le départ la veille, la mise au vert à l’hôtel, tout ce qu’on a vécu l’espace de 48H voir même la semaine qui a précédé la finale c’est juste le nirvana pour un rugbyman… Ensuite sur le match en lui même c’est dur, on encaisse un essai d’entrée sur un contre puis on n’arrive pas à concrétiser nos temps forts quand eux se montrent hyper réalistes. A l’heure de jeu on se dévoile et les mecs contrent 3 fois au finale le score est lourd mais ne reflète pas le réel écart entre les 2 équipes. Soustons fait un beau vainqueur au final et je pense qu’on a laissé beaucoup de plumes dans la bataille de la demi. Après la mobilisation des amis, de la famille, des mecs de la 1, Lionel Busson en larmes à l’arrivée du stade, les messages de soutien des gamins de l’école de rugby, les gestes, les discours dans le vestiaire… J’en ai encore des frissons rien que d’en parler et ça restera gravé à jamais. C’est dans ces moments là que tu te rends compte que le rugby c’est un sport à part… L’été a été magnifique, il aurait pu être exceptionnel.
– L’année dernière, tu débarques en Equipe 1 lors de la dernière journée de championnat et accroche ensuite le wagon pour jouer la Finale Idf contre Sucy (08-28) et le championnat de France. Qu’est ce qu’il s’est passé ?
Je me suis toujours heurté au même problème chaque année, je n’ai jamais été le plus gaillard, ni le plus rapide du coup je ne me suis jamais imposé comme un titulaire à part entière en équipe une, c’est dommage. L’an passé ce fut particulièrement douloureux car tous les copains que j’avais fait venir (Fraisse, Becquet, Bourcereau, Lorenzon, Malithé) jouaient en une. Moi 0 signal tout au long de la saison, labellisé « joueur de la B », hyper frustrant. Je ronge mon frein et alors que la 1 réalise surement une de ses plus belles phases régulières et joue la montée en F3 sur le dernier match de la saison à Rousié, je suis finalement aligné au centre avec Antoine Petat. Pas de question à se poser, il faut gagner pour monter, en face les mecs savent qu’ils vont prendre la furia scufiste tout l’après-midi, on leur passe 40 points et je contribue à ce festival offensif avec un essai. Fin du match, joie hyper intense pour le retour du club en Fédérale 3 ! Ca faisait quelques semaines que ça mijotait et on sentait une effervescence au sein du groupe, on avait préparé des tee shirt pour l’occasion, fallait pas se gauffrer. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne j’ai poursuivi au centre pour les phases finales IDF et du France en reformant le fameux KKT avec mes vieux compagnons Kévin Malithé et Karl Lorenzon. En demi IDF on sort le match parfait en nous montrant hyper réalistes alors que l’on est dominé en terme de possession et de territoire par Viry-Châtillon et son pack d’airain. Là aussi grande libération au coup de sifflet final, une nouvelle finale à disputer après les 3 des 2 dernières saisons. Pour le coup c’est là que tu te rends compte de la qualité de l’effectif scufiste quand tu retrouves la réserve et l’équipe 1 en finale IDF, quelle constance ! Face à Sucy, on tient bon à la mi-temps puis leur jeu se met en place et on craque, le titre nous échappe mais je crois que ce jour là, on est tombé face à une équipe plus complète. Derrière on enchaîne avec le championnat de France, on passe le premier tour dans la douleur au terme des prolongations face à une équipe bourguignone de vieux briscards. Le tour d’après plus d’essence dans le moteur, on prend une danse contre Rioms. Je suis ensuite reversé en réserve pour disputer un 1/16 mais on joue sous un temps apocalyptique, de la pluie, de la boue… Les mecs avaient eu une attitude très limite en face en nous insultant et en se targuant d’avoir fait chuter les vice-champions de France. La rançon du succès dirons-nous.
Je fais le premier match en B contre Ris-Orangis, un match hyper âpre physiquement, je sors à la 60ème avec le mollet qui ne répond plus. Je coupe un mois avec du kiné et des soins et je reviens contre Caen. Malgré une opposition relativement faible je finis avec l’adducteur dans la boite à gant. Nouvelle coupure et finalement j’arrive à enchainer Plaisir et l’ACBB. Rétrospectivement je pense que j’ai vécu 3 saisons hyper éprouvantes avec des finales et des matchs de championnat de France qui durent jusqu’au mois de mai, parfois juin. J’ai rarement été absent et on va dire que je n’ai pas un style de jeu où je peux me ménager, donc je paye un peu les pots cassés cette année, peut-être aussi que l’hygiène de vie et l’âge doivent aussi jouer dans cette série de blessures. N’en déplaise à Arnaud Beuille qui pense que je reviens uniquement pour le Beaujolais nouveau et la bringue, j’ai eu de vrais pépins physiques cette année !
– Avec toutes tes phases finales dans les pattes tu n’as jamais eu l’opportunité de défendre les couleurs du SCUF lors de la Rose Cup contre Stratford, tu penses être du déplacement cette année ?
Clairement, un ancien du club m’a dit, tu n’es pas vraiment scufiste tant que tu n’as pas disputé la Rose Cup. Et je compte bien y participer cette année ! Quand j’entends les copains te raconter ce qu’ils ont vécu en Angleterre ou à Paris c’est quand même quelque chose de fabuleux, d’ailleurs il me semble avoir lu quelque part qu’il s’agit d’une des plus vieilles compétitions de rugby, ça situe assez bien la renommée de cet événement.
– Un mot à ajouter ?
Je ne m’aventurerai pas dans une liste de dédicaces exhaustives, mais je suis extrêmement fier d’appartenir à la grande famille scufiste et d’avoir pu rencontrer toutes ces personnalités et d’avoir vécu tous ces grands moments avec le maillot noir sur les épaules. Ce fut un enrichissement mutuel, j’ai donné un peu de sang et de sueur et j’ai récupéré tellement plus en échange ! Des amitiés fortes, des moments de vie intenses, des finales, un titre, une montée. J’ai une pensée particulière pour les chevilles ouvrières de ce club sans qui nous ne pourrions pas pratiquer notre sport, Lionel Busson (avec qui j’ai joué un de mes premiers matchs) un mec dévoré par la passion de ce sport et de ce club qui donne tellement de son temps ! Le voir en larmes à notre arrivée au stade de Naves pour la finale du France… Les gens qui ne connaissent pas ce sport ont du le prendre pour un fou, mais les mecs qui sont imprégnés des valeurs du rugby comprennent ce qu’il ressent à ce moment là, et c’est très fort. Des années à trimer dans l’ombre à faire cuire des saucisses dans l’Algeco de Rousié, à gérer l’intendance, les finances. Ce parcours en Championnat de France c’était une juste récompenses pour lui, quand tu comprends ça, t’as pas le droit de tricher sur le terrain. Il y a aussi Laurent Laguerre, un grand râleur qui cache un personnage truculent, lui aussi a un attachement immense à son club, parfois à l’excès. Gérard Potier et Gaby Portier qui se sont succédés cette saison font aussi partie de ces gens que j’avais envie de remercier. Et merci aussi à toi Lazz d’entretenir la mémoire de ce club si particulier.
Championnat de France Réserves 2015