Le rugby se prête à toutes les stratégies, selon que l’accent est mis sur l’action de masse de l’infanterie, des avants ou sur les coups d’éclat de la cavalerie-demis, trois-quarts et arrières. Les équipes modèlent ce qu’on doit appeler leur style de jeu. Le débat n’est pas entre la prépondérance des lourds et des légers : il est entre le mouvement et l’immobilité, entre le jeu “ouvert” et le refus de jouer, entre la lutte pour le ballon et le combat visant l’homme.
Aujourd’hui le jeu est devenu minimaliste où l’on entend jouer comme les grands. Le physique a pris le dessus dans tout ce qu’il a de plus absurde, il a pris le pas sur toute connotation technique, créatrice, ludique. De ce fait nombreux sont les joueurs qui ne comprennent pas le jeu, et ce ne sont pas la vidéo et la muscu qui vont réveiller les neurones…
Nous sommes loin des grand éducateurs qui prônaient le “rugby de mouvement, rugby total” dont René Deleplace fut à l’origine et bientôt suivi par Clément Dupont, Julien Saby, Coupon, Devaluez, P Villepreux, J Dury… Chaque pratiquant apprit le jeu dans une atmosphère ludique “du trompe-couillon” qu’installe “la tension du plaisir” de l’affrontement.
Malheureusement dans ce rugby marchand vivant au-dessus de ses moyens et qui se fourvoie dans une direction suicidaire, il entraîne avec lui le rugby amateur et semi-amateur dont les néo-présidents sont axés non par un jeu intéressant mais par un résultat intéressant.
Alors que vîmes-nous en ce premier match du Scuf à Rousié ? Un triste spectacle. Une réserve qui explose, prend un carton, présente une bouillie de jeu. Une première avec un certain potentiel mais avec un manque de solidarité des quinze joueurs. Ce qui nous chagrine le plus, ce n’est pas seulement la décadence d’une forme de jeu, c’est aussi la pauvreté de jugement et l’absence d’inspiration qui en sont la cause.
Quant à nos cavaliers manchots, chaque vague d’assaut offrait le modèle de ce qu’il ne faut pas faire : absence de fixation et de cadrage, passes aux joueurs marqués, sinon à l’adversaire. La passe demeure l’élément essentiel de ce jeu, elle est une “offrande” à son partenaire, et ce qui est le plus difficile est de lancer l’attaque tout en conservant la profondeur durant la course afin qu’à la troisième ou quatrième passe l’attaquant ne vienne pas s’empaler sur son vis-à-vis.
Mais au Scuf on se demande si un bon tambourinaire peut jouer du violon ? Que dire d’autre ? Pas grand chose sinon que le bar n’était pas approvisionné et que tout semblait se défaire…Il est grand temps de se ressaisir et de se préparer aux durs combats à venir mais tous ensemble, allons gravir dimanche prochain les pentes du Massif central.
Scufistement.