un roc , le pilier d’airin, s’en est allé il allait avoir 80 ans, son coeur a lâché après une difficile combat contre la maladie (Parkinson). C’est toute une époque des années 60 à 70 qui revient dans nos esprits, un parcours de notre jeunesse et d’une amitié jamais démentie.
Originaire de l’Aveyron, il avait connu le rugby rugueux de Rodez et de Figeac où il connut les joutes sévères du rugby aveyronnais mais Raymond était un athlète, rapide il avait joué 3/4, il savait manier le ballon puis les fauteuils d’orchestre l’accueillirent de préférence pilier gauche.
Il monta à Paris pour travailler, la diaspora aveyronnaise étant très influente quant à l’implantation des bistrots dans la capitale mais il fallait travailler dur. Il s’inscrit au PUC resta quelque temps mais l’ami Jean-Pierre Banzet l’aiguilla sur le SCUF où il fut accueilli chaudement et s’imposa aussitôt et durablement. Il avait trouvé son club et ne le quitta jamais jusqu’à son dernier souffle…
Le couple Boussagol commença par la gérance d’un petit estaminet dans le 14ème, puis Le Castel avenue de Suffren juste en face du terrain d’entrainement du Scuf, puis la possession de La Fourmi , rue du Louvre en face de la grande poste. Ce n’était pas facile pour s’entrainer et jouer car les journées laborieuses étaient longues mais grâce à Mimi, sa femme, il assuma et tint sa place d’équipier premier indiscutable.
Quelque fois il arrivait seulement quinze minutes avant le coup d’envoi, qu’importe il était chaud et son vis à vis s’en apercevait dès la première minute. Avec lui on pouvait partir pour la guerre, avec cette volonté exacerbée de culbuter l’adversaire et comme on ne peut trinquer seul, le pluriel s’élargissait à la première ligne puis à l’ensemble du pack.
Quelle noblesse dans son attitude, je retiendrai surtout la saison 1967-1968, lors de la crise, il choisit de rester et de jouer avec tous ces jeunes, mais en plus nous préparait le repas d’après entrainement au CASTEL, nous étions toujours entre 20 et 30, on répétait les chansons et on solidifiait l’équipe, le repas était à 9 francs. On se quittait à minuit, pendant ce temps Raymond allait dormir quelques heures car sa journée commençait à 6 heures… Il fut un artisan essentiel du renouveau du Club et on peut lui appliquer cette maxime de Saint-EXUPERY : « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible à l’oeil. »
Ce fut certainement un des meilleurs piliers du Scuf, il me faisait penser au pilier international des années 60′ Aldo Quaglio, un roc ,un exemple. La fable dit que la fourmi n’est pas prêteuse, mais avec Raymond c’était la générosité discrète et sans tapage, une belle réussite dans la vie et un grand scufiste.
Aussi grande fut notre inquiétude quand les premiers symptômes de la maladie se manifestèrent, puis la rentrée en maison médicalisée où il comprit très vite que rien ne bougerait plus, son corps ne répondait plus, ses jambes ne le portaient plus, son esprit avait déjà pris le chemin d’ailleurs. Aujourd’hui nous sommes nombreux à pleurer, et les patientes gouttes martèlent le coeur triste et las de chacun…
Notre chagrin se porte vers son épouse exemplaire Mimi, et sa fille Laurence et à son petit-fils qui joua au Scuf, et même si la fourmi nous disait « Et bien dansez maintenant », nous n’avons plus les jambes, le coeur et notre peine est top grande.