ÉTAPE À ÉTAPLES (copyright Romain Preteseille) par Hugo Battoue…
La rentrée de septembre 2010 est synonyme cette année là d’un stage, appellé : LE stage.
C’était une innovation, une chose qui n’avait eu lieu depuis des années, qui a créé une certaine euphorie chez les troupes Séniors du SCUF. La finalité de ce dernier n’ayant pas été clairement définie, chacun pouvait espérer ce qu’il voulait, en l’occurence : intégration ou préparation physique.
Le terme associé retenu avait été la cohésion : « on y va pour cohéser les gars« .
Cette ambiguité a eu pour conséquence des sacs de sport alourdis par des bouteilles d’eau de vie.
Nous nous retrouvons au Roi du café où se déroule une réception digne d’une 3ème mi-temps alors que nous n’avons pas encore fait le moindre effort. Les équipes 1 et 2 se mobilisent peu à peu et nous engageons la conversation avec les entraîneurs Jérôme Jouclard et Jean-François Sion (qui revient cette année), pour savoir comment nous allons monter en Fédérale 3 sans faire de sentiment et en donnant priorité aux étudiants. « Étudiants sobres » auraient-ils du préciser…
La joie monte rapidement, et J.pépette le magnifique me confie son précieux carnet de chant.
Nous montons dans le car affrété pour l’occasion à destination du Touquet. A Étaples ! D’où le jeu de mot trouvé par Romain Preteseille pour l’occasion (je précise que ce n’est pas grâce à ça qu’il est devenu capitaine).
Les chansons paillardes résonnent au rythme des pssschit des canettes de bières dégoupillées. Nous arrivons très motivés, la voix un peu cassée, dans une résidence de vacances composée de chalets de 4 à 6 personnes.
« Où sont les femmes ? » pouvait-on lire sur les visages de certains fans de Patrick Juvet.
L’apéritif s’éternise, autour de tablées improvisées où les nouveaux font connaissance avec les anciens, les jeunes avec les vieux, les entraîneurs avec les joueurs. La soirée se déroule dans la bonne humeur significative d’une cohésion réussie.
Si bien que les objectifs tactico-sportifs du lendemain sont de plus en plus flou.
Au bout du sentier du petit lotissement, on découvre des lueurs de jantes en grand nombre sur une machine infernale : La rosalie ! (Ce pimp my bike avec banquettes ressemblant à pédalo à roue).
Soudain, une idée nous vînt…
Pédaler !! Pédaler jusqu’à la mer (et éventuellement une boîte de nuit) car ce soir nous étions libre, insouciant et tout était permis. En plus ce serait déjà ça de gagné sur la préparation physique.
Le trajet est long, périlleux et sinueux malgré les routes de campagne relativement droites. Heureusement que la vitesse était encore limitée à 90km/h car nous bombardions. Heureusement ! Surtout que peu de véhicules motorisés étaient de sortie dans la douceur de cette nuit.
Au moins 10 bornes plus tard, la lueur d’un rond point révèle les premiers commerces de convivialité.
Youpi !!! On a réussi, on l’a fait. (Sans map et sans GPS).
Nous dansons frénétiquement sur les musiques de Pirates des Caraïbes, en gardant juste assez d’énergie pour faire le chemin de retour.
Épuisés, éreintés, vidés, nous rentrons à la base. Au moment de nous coucher dans notre petit lit douillet, nous nous rendons compte que nos affaires ont disparues… Un vol ? Une fourberie ? Mais non, une blague des vieux !
C’est à ce moment précis qu’une seconde idée de génie nous traverse : Barricadons-les !!
La surenchère était à ce stade de notre vie, une marque d’intelligence, de noblesse et de bravoure (#bravitude).
Je n’aurais pas de meilleures description que la photo ci-jointe :
Endormi avec un fou rire niais caractéristique et interminable, l’aube fut très courte. Nous nous réveillâmes avec les bruits du scandale provoqué la veille : bordel innomable – sonore et materiel – dans tout le lotissement. De plus, mal informés, nous n’avions pas conscience qu’il y avait également de vrais vacanciers venu se reposer ce même week-end…
Mitigés entre le rire et la gêne on se lève pour apprendre au petit-déjeuner que nous ne pourrons pas rester :S
Le premier entraînement commence par un discours des entraîneurs qui nous laissent le choix entre passer la nuit dans les vestiaires, ou rentrer penots la queue entre les jambes à Paris.
Peu de manifestations pour la première solution.
Kévin Belin ose prendre la parole tel un héro pour « s’excuser au nom du groupe ».
Les regards noirs s’abattent sur nous et une certaine défiance commence à naître chez certains de nos propres coéquipiers.
C’est le moment de faire profil bas…
Un déjeuner plutôt détendu et un entraînement plutôt très poussif plus tard, nous reprenons le car direction Paris avec certain sentiment d’échec ou d’inachevé.
Le retour au Roi du Café s’articule autour d’un dîner d’humeurs toujours inégales, et l’annonce d’un entraînement obligatoire à Pouchet le lendemain n’a pas eu l’effet escompté.
Avec le recul et les années, voici le message que je peux aujourd’hui transmettre aux nouvelles génération de séniors :
Bien respecter l’ordre de mi-temps !
(ou bien : il faut toujours jouer 2 mi-temps avant de mériter la 3ème).
Hugo Battoue
Ce stage à Etaples sera la dernière action collective de cette génération des Juniors 2004-06. En effet, lors de cette saison 2010/11 ils ne trouvent guère leurs places au sein de l’effectif et sont tous en décalage avec le coach Jérôme Jouclard. Il y a t-il un lien de cause à effet avec leur action commando du stage de début de saison ?
Aujourd’hui en 2018, Hugo Battoue, Pierre Baigts et Kevin Belin sont toujours licenciés au S.C.U.F. et usent leurs crampons avec l’équipe 3 Vieux Cochons…