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Jeff FOUCARD

 – Quel est ton parcours sportif et rugbystique avant le SCUF ? Comment as-tu découvert le ballon ovale ?


J’ai « découvert » le rugby chez un copain à la télé lors de la demi-finale France-NZ en 99. Je revois encore son père qui casse la lampe en se levant lors de l’essai de « Dominici est un génie » …
Auparavant, c’était un sport que je connaissais peu (je faisais du tennis, de la natation et du roller plus jeune), mais qui de loin m’attirait, par son côté bourrin qui le rendait plus accessible pour moi et mes pieds carrés que le football.
Après, je ne savais pas qu’on pouvait le pratiquer en région parisienne, et j’ai donc attendu que mes études me permettent d’intégrer une équipe, en l’occurrence mon entrée en école d’ingénieur en 2002, à 19 ans.
L’école était à Brest, et le moins que l’on pouvait dire, c’est que le rugby n’était pas la religion principale. Tous les ans, la moitié de l’équipe se renouvelait, et les nouveaux, qui étaient à 90% des débutants au rugby, étaient vite classés en trois catégories : les petits gros qui joueraient pilier, les grands qui joueraient 2nde ligne, et les rapides qui joueraient à l’aile. Les autres postes étaient réservés aux initiés.
J’ai donc passé 6 mois à ne pas toucher un ballon sur l’aile, en espérant au fur et à mesure des départs, passer au centre pour avoir plus d’influence sur le jeu. La rentrée suivante, je démarrai 3ème ligne…
Après 2 ans en Bretagne, j’ai effectué une année de césure à Paris. J’ai suivi le flambeau d’un pote qui avait fait ça un an avant moi en m’inscrivant au Red Star, à Saint Ouen.

– Tu arrives au SCUF à l’automne 2007, comment ou par qui ?


Après 3 ans passés au Red Star, à faire le yo yo entre première et réserve, on nous a annoncé que l’entraînement du jeudi serait décalé au vendredi. Pour moi, ça voulait dire plus de sorties avec les potes le vendredi soir, et j’ai donc décidé de changer de club. On s’est concertés avec Basile, qui a fait une pige comme entraîneur des cadets au SCUF, qui avait débuté en même temps que moi en école d’ingénieur et qui m’avait rejoint à St Ouen un an plus tôt. Le SCUF était le club qui correspondait le plus à nos critères (niveau de la première, de la réserve, proximité…). Malheureusement, Basile a dû arrêter le rugby, et je suis arrivé tout seul aux entraînements d’été à Pershing.
Mes premières impressions ? Beaucoup de joueurs sur le pré, un gros niveau, surtout quand on m’a expliqué que la majorité des joueurs de la première étaient encore en vacances. Après, au contraire du Red Star qui était très familial, j’ai découvert un club très festif où les virées rue de la soif étaient fréquentes.

– Premier match avec la Réserve le 28.10.07 à Yerres. Tu joues au Centre avec Xavier Amon et signe une belle victoire 12-32. Tu es promu à l’aile avec l’Equipe 1 la semaine suivante, mais c’est une défaite 25-24 à Marcoussis. Tu te souviens de tes débuts ?


J’ai peu de souvenirs « terrain » de ma première saison, hormis celui d’un match à Carpentier sur une vraie patinoire (de la glace !!!) dans laquelle les crampons ne s’enfonçaient pas d’un centimètre. Je me souviens effectivement que je jouais centre en réserve, où on enchaînait les bleu, les patrouilles ou les de Tarlé, ou ailier en première, poste auquel je n’avais pas vraiment de repères et où ma plus grande hantise était de devoir faire un coup de pied de dégagement.
Je me souviens surtout des entraînements physiques du « mardi » porte de Brancion, que Nicolas Paradis survolait, et que la moitié de l’effectif désertait. Ils se terminaient par une séparation avants / ¾ sur un terrain stabilisé. Côté ¾, les remplaçants participaient aux exercices en étant « tantôt avant, tantôt ¾ », en jouant le rôle des 3èmes lignes.

Ce qui m’avait marqué cette année, c’étaient les jeudis soirs qui étaient, puisque chacun rentrait chez soi le mardi sitôt l’entraînement terminé, systématiquement et pour tout le monde suivi d’une bière au père pouchet. Ça se finissait également systématiquement pour plusieurs scufistes par un tour au Pousse au crime, et en ce qui me concerne, par un vendredi où j’étais rarement utile et efficace au boulot.

– La saison suivante (2009) voit J. Jouclard succéder à M. Bonthoux comme entraîneur. Tu évolues uniquement avec la Réserve. Vous finissez 1er de poule, mais échouez-en 1/2 Finale IdF Réserve contre Yerres (03-08). Frustrant ?

Frustrant, le mot est faible. Je garde le souvenir d’une saison énorme où on survole la poule en B et en première, et où on prend le bonus quasiment à chaque match et où je finis avec plus d’un essai par match en moyenne. En B, on aborde la demi-finale contre Yerres avec un peu de pression, mais sûrs de notre force.
On vendange quelques actions (perso j’ai un deux contre un après avoir franchi où je fais le choix de garder qui me hantera toute ma vie), et Yerres marque sur sa seule opportunité avec quelques plaquages ratés. Certainement ma plus grosse déception sportive.
En supportant la première jusqu’en demi-finale, je pensais à ce que ça aurait pu donner les voyages première / réserve et les retours en bus que ça aurait donné…

– Tu en profites pour jouer ta 1ère Rose Cup à Stratford en 2008. Tu la remporteras la saison suivante à Paris, et joueras à nouveau en 2015. Un Trophée auquel tu es attaché ?

Definitly ! Ce trophée est vraiment particulier et c’est un moment de la saison que j’attends toujours avec impatience.
En 2008, je ne savais pas trop dans quoi je m’engageais (je pensais plutôt à une espèce de week-end de cohésion). Dans l’avion on écoute les anciens raconter le vestiaire qui « pue » le rugby, le dispatch la veille du match à des hôtes qui essaient de te rendre HS pour le lendemain à coup de shots, en te certifiant qu’ils seront sur le terrain le lendemain mais qui sont bizarrement absents de la feuille de match, la sortie des vestiaires où les anglais te laissent sortir 10 minutes avant sous les sifflets des spectateurs, la marseillaise en cassette chantée par Mireille Matthieu, l’arbitrage à domicile… Finalement on reste au contact à la mi-temps, avant de lâcher complètement en seconde.
En 2009, pas question de subir une deuxième défaite : les anglais n’avaient pas existé. J’avais vendangé le premier essai du match en faisant un en-avant sur un 2 contre 1 alors que Jérésime ne demandait qu’à marquer. Finalement, bien aidé par l’arbitre (comme quoi y’a pas que chez eux qu’il y a un arbitrage maison), Jérésime avait pu récupérer la balle et aplatir.

– Le SCUF se retrouve en Fed3. Tu joues la première partie de la saison avec la Réserve au Centre et la seconde partie à l’aile avec l’Equipe 1. Un mot sur cette saison, et sur ta préférence de poste ?

De souvenir, je me retrouve très vite (et contre mon gré), déporté à l’aile en réserve. Finalement, je commence à trouver mes marques et je me souviens bien du matin d’un déplacement à Rueil, où j’avais reçu un texto de Jérôme pour m’informer que je jouerai en première.
Ça a été le match parfait pour moi : on n’a pas touché un ballon, il fallait faire que défendre, ils n’ont quasiment jamais tapé au pied, et mon ailier adverse était moins rapide que moi…
Il y a aussi eu le match retour contre le Red Star, où je connaissais encore quelques joueurs, décisif pour le maintien… mais qui ne reste finalement pas un très bon souvenir.
Aujourd’hui, ailier est un poste pour lequel j’ai particulièrement d’affection : c’est un des postes où on est assez libre sur le terrain ; où on peut vraiment avoir une influence avec tous les appels intérieurs ou entre les centres quand on est ailier petit côté, et où on a des coups à jouer dans quasiment tous les ballons de relance. J’adorai enfin avoir un coup d’avance (#experience) en anticipant les actions de jeu, les coups de pieds ou les combinaisons adverse.

– Tu disparais en NZ lors de la saison 2010/11 ?


2010, dernier match de préparation, on annonce une combi où l’ailier inté prend la balle entre le 10 et le 12. Je suis un peu attendu et patatra, je ressens une douleur assez intense sur le contact et je sors immédiatement. Le verdict est arrivé quelques semaines plus tard : rupture du ligament croisé antérieur.
Après, c’est l’opération, la rééduc à Capbreton, les progrès lents pour replier le genou à l’identique, la sensation de dingue quand on peut reprendre la course, et une reprise pour le trophée des trente 2011.
La préparation de la saison 2011/12 est un peu tronquée, puisque je pars avec quelques copains (dont William) supporter la France jusqu’en finale aux antipodes.


– Une saison en demi-teinte lors de ton retour, la Réserve termine seconde au classement et ne se qualifie pas. Tu ne joues pas du tout en 2012/13, mais te voilà aux commandes du SCUFmag. Commentaire ?

Après avoir épuisé tous nos jurons sur Craig Joubert, il a quand même fallu rentrer de Nouvelle-Zélande. Jeff Sion me fait directement jouer en réserve pour un déplacement à la VGA. Défaite 12-17… Le retour est difficile.
6 matchs plus tard, dont une seule défaite, alors que je joue à l’arrière et que je cours derrière un coup de pied de déplacement, mon genou craque à nouveau. Le diagnostic est encore plus long, mais c’est bien une nouvelle rupture du lca du même genou, et une saison blanche à venir.
Renat m’appelle en septembre pour savoir si je pouvais prendre la relève de Vince à la tête du SCUFmag. J’embrigade alors Will pour une année de sprints le lundi soir, où il fallait mettre en page tous les contenus reçus des différentes sections.
Pendant 4 saisons, c’est toujours un plaisir de recevoir les articles des rédacteurs réguliers, Lazz, Jean, Clg, Pierre Belicar ou Nordine, qui avaient repris les faux articles Facebook et les légendes humoristiques des photos, ou l’éditorialiste Lionel. Même si on sent beaucoup de reconnaissance, de la part des dirigeants et des joueurs, c’est quand même pas mal de charge de travail, et du coup, c’est plutôt un soulagement de laisser la place à Patxi.

– En 2013/14, tu évolues comme ailier avec la Réserve. La fin de saison se joue avec panache avec une remontée en demi-finale Idf contre Triel (24-21). Tu ne joues la Finale perdue contre Goussainville (3-7), pourquoi ? On te retrouve en championnat de France où vous échouez en 1/4 de finale.

La saison 2013 / 2014 se joue sans pression. Grâce au nouveau format de compétition (4 poules en Ile-de-France), c’est un ¼ de finale le premier tour éliminatoire qu’on joue. Passer le tour face au Red Star est une formalité.
Triel se présente à la maison et on souhaite mettre de l’engagement d’entrée. 4 minutes de jeu plus tard, sur le premier plaquage, je ressors le nez en chou-fleur. J’assiste du bord du terrain à la déroute – 3-21 à 20 minutes de la fin – puis à la remontada et j’explose de joie avec mes coéquipiers sur le dernier essai de Seb Lacaze.
Deux retours de joueurs dans le groupe de la finale, et j’en sors… Pour être honnête, j’aurais fait un autre choix si j’avais été coach. Pour moi c’est toujours une cicatrice.
Après la finale perdue vécue au bord du terrain, je reviens motivé à bloc pour le championnat de France (mon premier depuis ma première saison avec le Red Star), je joue le 1/16e et me blesse en 1/8e. Le parcours s’arrête en ¼, face à une équipe qu’on aurait pu battre.

– En 2015, la Réserve remporte la Finale IdF contre Montesson (21-0). Mais en championnat de France on joue à 12, et à part ta présence en 16ème de finale, tu ne fais plus partie du groupe qui ira jusqu’en Finale. Est-ce digéré ?

C’est compliqué de parler de cette saison. Les coachs annoncent clairement l’objectif : être champions Idf. En demi puis en finale Idf, certains joueurs, qui n’ont pourtant pas été réguliers pendant la saison, sont privilégiés.
Dans les vestiaires le jour de la finale, c’est un sentiment assez bizarre de ne pas voir les têtes habituelles… Quelque chose s’est cassé.
Je prends le temps de réfléchir pendant le week-end de Pâques et je prends deux décisions :
·         La première, c’est de ne pas rester une saison supplémentaire en réserve si c’est pour être écarté lors des matchs à jouer
·         La seconde, c’est de privilégier le déplacement à Stratford, que je pensais qu’on pourrait gagner, à un 1/8e de finale de championnat de France. En fait, j’ai une obligation familiale à la date du ¼, et je ne me voyais pas re-rentrer pour d’éventuelles ½ dans un groupe ayant passé le tour précédent. Mon dernier match de championnat serait donc le 1/16e.
Finalement, après la large victoire en 16e face au Havre, on prend une rouste à Stratford, et je supporte les copains alors qu’ils franchissent les différents tours, aux entraînements, et à Lyon pendant la ½. Encore une obligation familiale le jour de la finale, mais je peux regarder le match à distance sur Landes TV…

– La saison suivante tu laisses les crampons au placard mais continues à t’occuper du Scufmag. Puis tu migres à Vincennes. Raconte-nous ces trois saisons avant ton retour au SCUF ?

En fait, je n’ai pas laissé les crampons au placard. Je m’entraînais le mardi avec le SCUF, pour maintenir le physique, et je m’entrainais le jeudi avec le PEER, le club des basques de Paris jouant le samedi en FFSE, où Arnaud le Pape me rejoins rapidement.
C’est une belle saison pour l’équipe, mais je ne m’intègre pas complètement, et je décide en fin de saison de revenir en FFR. Nouveau tour des clubs proches de Paris, et je rejoins Vincennes qui vient de descendre de Fed 3. Je fais la connaissance d’Arnaud Péhau et de Cheu. La saison est compliquée en première, et moyenne en réserve.
2017/2018, les entraîneurs changent et je me blesse au genou en début de saison. Je reviens début janvier d’une opération du ménisque, mais c’est impossible de retrouver une place dans le groupe. Je joue seulement deux matchs de championnat, et j’encourage à nouveau les copains de la réserve, à nouveau jusqu’en finale de championnat de France.
J’hésite beaucoup en fin de saison entre rester dans un club proche de chez moi, où les entraînements me plaisent, ou revenir sous les couleurs noires et blanches retrouver les copains et avoir probablement plus de temps de jeu.
Ce qui me décide finalement, c’est la possibilité, si je n’arrivai pas à entrer dans le groupe de la réserve, de rejoindre les vieux cochons. Et ce, d’autant plus que ma femme devrait accoucher fin mars, ce qui devrait m’y conduire tranquillement.

– Cette saison, te voici replacé comme 3ème ligne aile, c’est venu de toi ? La Réserve est sur une bonne dynamique, racontes nous un peu la vie de ce groupe et les ambitions ?

C’est la saison dernière en janvier, que je propose aux coachs de passer 3ème ligne aile. C’est un poste qui m’avait beaucoup plu pendant ma seconde année estudiantine, et je préférai être au chaud lors des entraînements plutôt que de faire le plot en défense face à la ligne de ¾ qui jouerait le dimanche.
L’entraîneur des avants était vraiment top, et ça m’a permis de (re)découvrir les bases des touches, regroupements… qui restaient finalement assez obscures pour moi. C’est donc naturellement, et un peu aussi parce que je n’ai plus ma vitesse d’antan, que j’ai poursuivi à ce poste en revenant au SCUF.
C’est agréable de retrouver du temps de jeu, et de retrouver ce fameux groupe. Beaucoup de qualité, un mix d’anciens et de jeunes (þ Jouer avec un joueur né en 2000) et une bonne ambiance. La mayonnaise prend, la profondeur de banc commence à faire la différence et ça serait une vraie déception de ne pas jouer au moins une demi-finale Idf cette année (pourquoi pas contre Vincennes ?).

– Un mot à ajouter ?

C’est toujours un plaisir de se replonger dans ses souvenirs Scufistes. Un grand merci donc à toi Lazz, pour m’avoir permis de le faire, et pour l’investissement que tu mets dans le Scufmag (je parle en connaissance de cause).
J’en profite aussi pour remercier tous les dirigeants du club, mais également les co-équipiers et entraîneurs grâce auxquels j’espère que cette (dernière ?) saison sera réussie.

Après, il sera toujours temps d’aller rejoindre Plg et Arnaud avec les vieux cochons

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