Roch POLETTI


Je suis né à Paris XIVème à l’Hôpital Saint-Vincent-De-Paul, le 27 décembre 1980. Ma mère Christine Lidon et mon père Pascal Poletti se sont rencontrés au Harry’s Bar, haut lieu de la vie nocturne scufiste à l’époque ; ma mère suivait mon oncle Pierre (Piapia) Lidon aux soirées alors qu’il était encore joueur et mon père faisait parti de l’équipe 3 dirigée par Pierre Bouteilly. Ainsi, mes deux frères et moi sommes des « fils de » du SCUF au même titre que les Bouteilly, Hospital, Igarza, Sampermans, Schwartz, Sonois, ….

Taille / Poids : 1,75 m sans compter les boucles de mes cheveux dont la taille varie selon les saisons. Poids de forme 78 kilo, poids de laisser aller 88 kilos, poids actuel 82 kilos avec une plus grande facilité pour converger vers le poids de laisser aller que vers le poids de forme.

Postes joués : J’ai commencé le rugby très tôt et j’étais le plus petit et le mois épais, en mini poussin je jouais donc talonneur si tant est qu’il y ai des postes dans cette catégorie. Formé à l’Ecole De Rugby du SCUF à la mêlée, j’ai une formation complémentaire au centre ou j’ai finalement plus joué dans les catégories jeunes jusqu’en junior. A noter que j’ai fait une saison en troisième ligne aile en minime. En cadets/juniors au PUC j’ai principalement joué au centre avec une saison à l’aile. Depuis mon arrivée en senior je ne joues exclusivement qu’à la mêlée, mon poste de prédilection, avec de temps en temps une pige au centre ou à l’arrière dans de trop rares occasion, mes partenaires n’ayant aucune confiance dans ma pointe de vitesse et mon jeu au pied.

Profession : Je suis diplômé de l’Université Jussieu Paris VII Denis Diderot, j’ai ce qu’on appelait il y a quelques années un D.E.S.S. avec pour spécialité l’algorithmie et le développement logiciel. Mes parents étant chirurgiens-dentistes et m’ayant toujours soutenu scolairement, même dans mes pires moments de errements, j’ai tendance à penser que les scufistes qui avaient mon père comme praticien ont aussi participé quelque part à ma réussite universitaire, puisqu’ils ont en partie financé mes études.

Mon parcours atypique m’a mené au 32ème étage des tours de la Défense de la Société Général où je travaille sur une fonction de Pilotage Financier Stratégique au sein de la direction financière du Groupe.

Situation maritale : Je partage ma vie depuis 12 ans avec Sophie, ma super chérie, nous avons un fils Auguste.

 

Quel est ton parcours sportif, comment découvres-tu le rugby ?

J’ai pratiqué trois sports en activités organisées. Très jeune le judo pendant quelques années, qui est à mon avis est un sport très complémentaire du rugby qui apprend les chutes et à maîtriser le poids du corps d’un autre. La boxe française en première année de D.E.U.G. (seul module que j’ai été capable d’avoir cette année-là, mais qui in fine, m’a permis d’avoir mon D.E.U.G du fait du jeu des modules compensatoires) et donc le rugby.

Je n’ai pas découvert le rugby, je suis né dedans et au SCUF. Mon père et mon oncle faisant parti de l’équipe des formateurs de l’école du rugby dirigée par Jean-Louis Igarza. Mon frère Thomas évoluant en poussin je les accompagnais le dimanche matin au Stade Carpentier dès 5ans et demi. Aussi, mes souvenirs d’enfance sont sur le terrain du stade Carpentier qui font que pour moi ce stade à une saveur particulière ; on y croisait le dimanche de grands noms du club tel le président Bruno Martin Neuville, les frères Jean et Michel Hospital, Jean Claude Jaffré dit La Gaufre et tant d’autres.

J’ai fait toutes mes classes de mini poussin jusqu’à la fin cadet première année au SCUF, période fabuleuse où je passais une bonne partie de mes week-ends avec Antoine Bouteilly ; soirées pyjamas + matinées rugby assurées. Je me souviens encore aujourd’hui du déménagement de la famille Bouteilly à Saint Maurice et des repas avec Pierre racontant tout un tas d’histoires. A cette époque l’école de rugby n’était pas aussi fournie qu’aujourd’hui et nous étions régulièrement en effectif réduit, avec Patrick Gigon, François Helen, Guillaume Davin et Toto nous formions le noyau dur de la génération 80 et avons participé à de nombreuses campagnes ensemble. Nous avons toujours eu de bons résultats et faisions souvent parti du dernier carré mais nous n’avons hélas jamais pu ramener un quelconque titre au SCUF bien qu’étant sou la houlette de Papa et mon oncle (quel duo complémentaire !!) qui nous disaient toujours que le rugby était un jeu intelligent et que souvent ce n’est pas le plus fort qui gagne mais le plus intelligent. Cela nous est resté et a façonné notre manière de jouer. Pour exemple, en minime donc, mon père et mon oncle composant souvent avec les moyens du bord avait trouvé l’idée salvatrice de nous faire jouer François, Guillaume et moi en troisième ligne ce qui nous permettait d’intervenir partout sur le terrain. Hormis Guillaume qui ressemblait à un avant, François et moi n’avions pas du tout le gabarit qui nous destinait à cette fonction mais nous avions compris qu’avant d’être troisième ligne nous étions avant tout des joueurs de ce jeu. De même nous avions pour consigne de répéter inlassablement ce qui marchait contre une équipe, nous avons donc par moment répété maintes et maintes fois des petits côtés ou des 89 tant que cela fonctionnait dans le même match.

Nous avons eu comme autres entraîneurs Joël Beucher, Jean-Louis Izarga, Marol, Larget, Chouraqui, Rocques, qui avaient le scufisme dans les gènes et avec qui nous avons passé de très bonnes années. A l’époque, l’école de rugby partait en tournée et nous avons eu l’immense chance de pouvoir partir avec tout le monde en Irlande et à Stratford puis un peu plus tard à Montrejeaux. Nous nous connaissions tous et ayant un grand frère je passais beaucoup de temps avec ses amis de sa génération qui avaient toujours un regard bienveillant sur moi ; Gerome Sonois (le frère de mon frère), Nicolas Valenzuela, François Derome et Sebastien Lacaze que je connais depuis presque toujours sont des grands frères pour moi.

Les années impaires nous faisions équipes avec la génération 79, celle de mon « Frather » Clement Chambaz et de Vincent Barbe qui en jeune je tiens à la rappeler jouait ouvreur ! Papa et Piapia, de par leurs postes joués, ont pris Clément sous leur aile à l’école du Rugby faisant de lui un invité permanent à la maison (encore cette année nous avons eu le grand plaisir de le recevoir au village). Nous avons donc partagé la première année cadet avec la génération 79 durant laquelle nous avons fait une très bonne saison. Après un début difficile en poule qualificative nous sommes reversés en cadet « B » et faisons un beau parcours avec une victoire improbable (Pierre Bouteilly ayant fait l’arbitre de touche l’espace d’une action) et une bagarre mémorable sur le coup de sifflet final (il y a certainement eu un lien de cause à effet). Nous sortons malheureusement en phase éliminatoire contre l’A.S.P.T.T. Nantes alors que nous avions la gagne sur la dernière action, nous partageons tous la nostalgie de cette aventure.

 

– En Cadets 2ème année tu rejoints le PUC, qu’est-ce qu’il te reste de ces années violettes ?

Un maillot violet horrible qui n’est jamais sorti du placard depuis… Plus sérieusement, quand nous étions à l’école de rugby nous jouions très régulièrement contre le PUC et certains parents des deux clubs se connaissaient. Le transfert d’un club à l’autre se faisait donc tout naturellement, en ce qui me concerne Thomas était parti deux ans auparavant et avait eu la possibilité de faire une énorme saison qui l’avait menée jusqu’en demi-finale du championnat de France contre Perpignan et je souhaitais avoir une aventure similaire.

Je suis donc parti rejoindre des garçons que je connaissais très bien issu de l’école de rugby du PUC, François Guillemin, Nicolas Gabriel, Julien Caridg, Pierre Moustrou et Florian Martin. J’y ai rencontré d’autres co-équipiers qui sont devenus des amis et le sont restés encore aujourd’hui, mon voisin et partenaire Léo Huisman, Sebastien Lena, Mathias Weber et un ailier avec un style plus que particulier Gwilim Evans (premier ailier que j’ai vu traverser le terrain pour emplâtrer un pilier) pour ne citer qu’eux.

En cadet nous avions une équipe énorme, c’était le début de l’air professionnelle et le PUC jouait en première division. Pour situer le niveau, nous perdons de trois points en demi-finale contre Grenoble et Grenoble perd de trois points en finale contre Peyrehorade. A l’époque le stade français n’existait pas sur le terrain et nous ferraillons avec le Racing et Massy dans le nord et contre le LOU ou Grenoble dans le sud de la France.

La suite fut un peu moins violette, le rugby pro est arrivé et nous ne jouions plus le haut du tableau. Nous avions toujours une très bonne équipe en Balandrade/Crabos/Reichel mais la différence physique se faisait beaucoup trop importante dès que nous jouions le Stade Français ou Bourgoin par exemple. Il n’y avait pas de règle particulière sur les mêlées et donc nous jouions à reculons en permanence et, ce, quand nous arrivions péniblement à conserver le ballon.

Me concernant, je jouais beaucoup au centre et dans de rares occasions à la mêlée. Je finissais chaque catégorie en intégrant la catégorie du dessus et ai donc pu jouer fin junior en réserve. Durant mon année Crabos j’ai été entraîné par Patrick Ladauge et Jacques Dury puisqu’ils ils entraînaient les Reichel avec qui nous partagions ponctuellement les entraînements catégorie dans laquelle évoluait Thomas (certainement ce qui se faisait de mieux comme entraîneurs à l’époque et peut être même encore aujourd’hui). J’ai aussi pu être entraîné sur quelques occasions à la fin de mon année Reichel par un certain Vincent Moscato, qui avait un style tout à fait différent mais tout aussi mémorable.

Pour autant, pour répondre à ta question, j’ai conservé du PUC un style de jeu, car il faut bien reconnaître qu’à l’époque, ce club avait un style qui lui était propre et de nombreux amis.

Pour le reste, je pense que le club se voyait plus beau qu’il ne l’était et in fine quasi aucun des joueurs des générations m’entourant malgré des parcours en jeune plus que probant n’ont pu intégrer l’équipe première. Tous les joueurs ont petit à petit quitté le club (Gwilim très tôt suite à un quiproquo débile aux cours d’un entraînement), les autres, en senior pour rejoindre des clubs comme les Finances, Bagneux, l’ACBB ou la VGA St Maur. Je ne suis jamais retourné voir jouer le PUC depuis.

– En 1999, ton frère Thomas rejoint le SCUF, toi ce sera la saison 2000/01 en Honneur, qu’est ce qui t’a motivé ?

Une partie de la réponse est dans la question ! J’ai commencé le rugby tout petit et j’ai toujours voulu jouer avec mon frère, une fratrie est une équipe dans l’équipe !!! En plus cette année-là, nous pouvions avoir la possibilité d’aligner une équipe très compétitive avec un très grand nombre de joueurs issus de l’école de rugby du SCUF qui se connaissaient depuis presque toujours, pêle-mêle : Marol, Augé, Valenzuela, Gigon, Chambaz, Guenot, Derome, Sampermans, Hospital, Lacaze, Schwartz, Connolly, Poletti, Chouraqui, Bouteilly, … je m’excuse auprès de ce que j’aurais oublié. Une bonne partie des « fils de » et tous les copains de l’école du rugby, le rêve !

 

– Tu t’illustres dès ton premier match avec l’équipe, le 8 octobre 2000 tu marques l’essai de la victoire à la dernière minute et le SCUF l’emporte 23 – 20 à Courbevoie. Tu t’en souviens ?

Je m’en rappelle très bien, effectivement nous finissons le match sur un essai à la dernière minute que je marque lors de mon premier match. Une action issue tout droit de l’école de rugby du SCUF, après un maul j’écarte sur Benjamin Marol qui donne à Patrick Gigon, à l’époque j’avais un semblant de cannes et redouble Patrick qui en se retournant me passe le ballon. Une course de 40 mètres (dans mes souvenirs, mais ceux-ci embellissent certainement cette course folle) et un crochet intérieur combiné à une toupie dégueulasse plus tard sur un type qui revenait. Je marque. Tout un symbole, j’étais de retour à la maison avec les copains, on pouvait reprendre l’histoire là où je l’avais laissée quatre ans auparavant tout en apportant mon expérience puciste.

– Cette saison là le SCUF joue le haut du tableau et tu joues tous les matchs comme titulaire. Ca se finit avec un ¼ de finale perdu contre Créteil. Souvenir de cette première saison ?

La mémoire est parfois étrange. Je n’ai absolument aucun souvenir que nous ayons été qualifiés en ¼ de finale et que nous ayons perdu contre Créteil.

Dans mes souvenirs nous avons raté le coche et donc la qualification par deux fois dans les derniers instants de la rencontre, à l’aller et au retour, contre la VGA St Maur. La VGA St Maur avait une équipe avec une histoire similaire à la nôtre, il me semble, certains jeunes étaient partis au PUC et étaient revenus dans leur club formateur ; les deux confrontations avaient été d’un très bon niveau.

Nous avons raté une occasion de faire monter le club en Fedérale 3 alors que nous avions, de mon point de vue, l’équipe la plus forte que j’ai pu voir depuis que je suis senior au SCUF. Pour accompagner tous les énergumènes cités plus haut nous pouvions nous appuyer sur les plus anciens et toujours de bonnes compagnies, Honoré, Dufaure, un certain Lazzerini, un rouquin désespérant de nombrilisme (déjà à l’époque) Busson, Hanna, Grandveaux, Lavoir, Butez, …. Et tant d’autres. J’ai encore des étoiles dans les yeux quand je repense à cette équipe, j’étais le plus jeune car né fin décembre 1980, tout le monde prenait soin de moi et me mettait dans les meilleures conditions. Je remercie encore aujourd’hui tous mes co-équipiers de l’époque car cette aventure était bien belle.

Cette très belle saison se termine par deux événements bien scufiste :

       La Rose Cup que nous gagnions à Paris. Je fais un très bon match (de ce qu’on dit) et reçois de la part du président de Stratford une cravate représentant le titre de « MVP » du match que j’ai conservée jusqu’à il y a peu. En réalité je ne me rappelle pas grand-chose de ce match si ce n’est le sable et les plumes de Carpentier ainsi que d’avoir offert un essai à Ian Connolly bien positionné dans un intervalle. Pour le reste, on dira que c’était un match énorme et que j’avais été brillant puisque des gens le disent et une cravate l’attestant.

       Le premier Trophée des trente. Un événement, ou plutôt une escroquerie comme rarement j’ai été amené à participer. Les pauvres types de la génération 71 avaient eu l’idée de monter ce trophée mais ils avaient aussi prévu qu’il n’était pas possible qu’ils puissent perdre ce match…. Une escroquerie donc qui nous a mené à faire match nul alors qu’il n’y avait pas photo. Encore aujourd’hui ils doivent bien se marrer en pensant au coup qu’ils nous avaient fait. A l’époque, le match était un « vrai » match, ce qui est moins le cas depuis quelques années ; le nombre de participants était limité.

Enfin un « vrai » match je ne sais pas mais une vraie escroquerie cela est certain …

Debout, de gauche à droite: Daniel Sampermans (coach), Pierre Sampermans, Florent Lazzerini, Geoffroy Constant, Gabriel Portier, Etienne Ousteau, Gregoire Guénot, Marc Schor, Patrick Gigon, Antoine Chambaz, Benjamin Marol, Roch Poletti, Yves Larget. Premier rang: Yann Lavoir, Maxime Hospital, Thomas Poletti, Jérôme Riboulet, Guillaume Ouguergouz, Sébastien Chouraqui, NicolasParadis, Julien Schwartz.

– Les deux saisons suivantes sont plus compliquées. En 2002 le SCUF se sauve après un match de barrage contre Villiers s/Marne et la saison suivante le club est rétrogradé en PH. Qu’est ce qui t’a poussé à migrer vers Bagneux ?

En effet, changement d’entraîneur, et celui qui arrive vient avec tous ses copains, et comble de tout cela il les fait jouer au détriment des joueurs ayant participé à la saison précédente sans qu’il n’y ai aucune justification rugbystique. Mon frère et moi, ainsi que d’autres, nous retrouvons à jouer de moins en moins. Pas grand-chose à dire de la saison 2002, je n’en garde à dire vrai pas un très bon souvenir. Elle se ponctua par un match au Mureaux pour lequel nous nous demandions tous ce que nous étions venus faire dans cette galère.

L’année suivante, un autre entraineur. Je ne l’ai pas jouée pour être précis. J’ai quitté le club très tôt et je ne suis même pas allé faire le premier match de la saison. Cette tribune me permet de m’en excuser surtout auprès de Denis Roche qui était un bon entraîneur et voulait bien faire.

J’ai pris pour prétexte une divergence d’opinion pour ne plus jouer et honnêtement, il ne s’agissait que d’un prétexte. Je voulais surtout faire un peu autre chose que du rugby car il prenait, et avait toujours pris, beaucoup de place dans mon quotidien ; j’étais à la fac et j’avais tout un tas d’autres choses à faire, certainement bien plus intéressantes (…). J’ai profité de cette coupure pour me faire opérer de l’épaule qui se déboîtait de temps en temps quand je jouais.

Je n’avais pas complétement quitté le club et je venais voir les copains jouer de temps en temps, c’est lors d’un match à Carpentier contre Bagneux que la migration a été actée. J’ai rejoint Bagneux pour deux raisons : Patrick Ladauge l’entraineur des Reichels du PUC de la génération de Thomas avait, je ne sais pas quel miracle, atterri là-bas et mes copains Léo et Sebastien avec qui je jouais au PUC en jeune avaient eux aussi rejoint le club.

– Quel est ton parcours avec Bagneux ?

L’année où je rejoins Bagneux, nous évoluons en fédérale 3, l’équipe s’était qualifiée pour la finale IDF qu’ils avaient perdu de peu et donc avaient le droit d’évoluer au niveau national.

Avec Bagneux j’ai découvert un autre rugby, beaucoup plus physique, dans lequel j’ai pris énormément de plaisir. Il s’agissait d’un club avec peu de moyen qui vivait comme un club de village, les joueurs se voyaient tout le temps et étaient très présents aux entraînements et dans la vie du club. Le club house à 15 mètres du terrain, cela facilite les moments de convivialité.

Sur les six années passées à Bagneux j’ai toujours joué car très peu blessé et nous avions une préparation physique qui me convenait parfaitement. Nous faisons une première année où nous redescendons en honneur alors que nous avions une équipe très expérimentée et très forte, certainement la plus forte sur toute ma période à Bagneux. L’année suivante nous remontons directement en fédérale 3 que nous n’avons plus quitté ensuite, nous avons même eu des bons résultats qui nous ont permis de nous qualifier pour les phases finales sur l’avant dernière année.

Que dire, j’ai eu la grande chance d’être entraîné par Patrick Ladauge et ensuite par J-M Calice qui m’a toujours fait confiance, et j’en profite pour remercier Gerard Parlavecchio pour son accueil dans ce club très familial. Nous étions régulièrement dans la poule de l’est donc j’ai pu découvrir Nuits-Saint-George et son club house magnifique tout en pierre dans une cave à vin, Colmar et le fait qu’il y fasse nuit à la mi-temps du match, Marc-En-Bareuil et la frontière Belge, Dôle, Le Creusot, … Beaucoup de voyages en car très tôt le dimanche matin, le groupe était très soudé car nous avions un effectif limité et cela nous a énormément rapproché. Les voyages à l’extérieur de par la distance parcourue en car étaient parfois compliqués mais nous gagnions souvent à la maison ou posions beaucoup de problèmes à nos adversaires même ceux du haut de tableau. Trois anecdotes pour illustrer mon expérience dans ce club :

·         Nous gagnons la montée en federale 3 l’année en honneur à Saint Denis. Sur une mêlée autour de la 30eme minute de jeu ils la relèvent, très mauvaise idée car nous avions plusieurs joueurs qui faisaient de la boxe en complément des entraînements de rugby ; le match était plié suite à cette idée lumineuse.

·         En phase éliminatoire la même année nous gagnons contre Monchanin. Ils étaient venus avec deux cars pleins de supporteurs quand nous avions à peine pu faire déplacer 4 voitures. Sur un coup de bluff mon deuxième ligne entre au casque dans un maul à cinq mètres de notre ligne, « le type » répond par un coup de poing. Je dis à mon co-équipier de rester coucher car l’arbitre de touche avait vu le geste de l’adversaire mais pas le sien et vais voir l’arbitre de champ après qu’ils aient marqué l’essai. Essai annulé, carton jaune, les types étaient fous !! Deux essais de Léo plus tard nous gagnons le match, les supporteurs ont crevé les pneus de la voiture de l’arbitre, je l’ai vu de mes yeux !

·         Enfin, match contre l’ACBB en fédérale 3. Equipe dans laquelle jouait un transfuge de Bagneux avec qui il y avait quelques contentieux. Match arrêté pendant 10 minutes : suite à l’allumage d’un fumigène on n’y voyait rien du tout, la fumée trop dense et opaque. Sur ce match, j’avais plusieurs amis du PUC qui jouaient en face, et en fin de match je marque mon seul essai sur toute ma période à Bagneux et nous remportons la victoire !

Contrairement au PUC, je vais voir quand je le peux Bagneux jouer puisque nous sommes restés très bons amis et étant un club familial je m’y suis très bien senti. Nous avons vécu des matches qui s’apparentaient parfois plus à une guerre de tranchée, mes pensées vont bien sûr à Léo, Seb, ToneBoy, Grizou, Testot, Ben la Fouass, Ben Secrestan, Momo, Renaud, Jean, tous les jeunes formés au club nous ayant rejoint au fur et à mesure, … encore pardon si j’en oublie. Cette expérience quasi exclusivement en fédérale 3 m’a aussi permis de me confronter à certains de mes anciens camarades du PUC ayant migrés vers d’autres clubs et donc de garder contact avec eux.

– On te retrouve au SCUF lors de la saison 2009/10, tu évolues avec la Réserve alors que le club vient de monter en Fed3.

Le SCUF sort d’une saison très réussie avec une montée en fédérale 3 et un titre de champion IDF. Je me dis, une fois de plus, que je veux jouer avec mon frère et mon club de formation ; je reviens en pensant apporter toute mon expérience de la fédérale 3 à l’équipe et au club.

Cette saison est un véritable gâchis ; je découvre un tout autre rugby que celui que j’ai pratiqué jusqu’alors. J’ai toujours évolué dans une équipe dont le mot d’ordre étant d’avoir un collectif fort qui devait permettre aux individualités de s’exprimer. Cette année-là je découvre qu’on peut jouer sans avoir de fond de jeu et ne se reposer que sur l’exploit individuel des uns et des autres en espérant que le collectif suive ! Je découvre aussi qu’il est possible d’évoluer en fédérale 3 sans s’entraîner.

Sur un plan personnel, j’ai joué des mi-temps en première, des mi-temps en réserve, des bouts de matchs, parfois rien, … aucune continuité dans quoi que ce soit et malheureusement je n’étais pas le seul dans ce cas. C’est dommage car qu’il y avait une génération plutôt douée ; ils l’avaient montré l’année précédente.

Ce qui a fait la réussite de cette équipe un an plus tôt nous a renvoyé directement en honneur et de mon point de vue, c’était tout à fait mérité ne voyant pas ce que nous faisions là tellement nous étions aux antipodes de ce que j’avais connu par le passé. Je sais que certains ne partagent pas du tout mon point de vue mais peut être que le titre de champion IFD de l’année précédente obstrue certains jugements, et très certainement que mon jugement est quant à lui altéré par le fait que je jouais sans continuité aucune.

D’autant plus dommage que nous sommes dans la poule IDF et par expérience elle permet de se maintenir un peu plus facilement. Tant pis !!

Le noyau dur de l’équipe restait malgré tout soudé et nous avons passé de bons moments en dehors du terrain et dans de rares occasions sur le terrain, quand nous avions l’occasion de nous retrouver sur la même feuille de match (et dans le même période de temps de jeu).

– Cette saison-là tu remportes ta seconde Rose Cup après celle de 2001. En 2013 tu l’emportes à Stratford avec les Vieux Cochons (12-10), une belle histoire rugbystique cette Coupe Rose ?

Je suis allé à Stratford avec toute l’école du rugby étant enfant, j’ai toujours apprécié les rencontres avec d’autres cultures et cet événement permet de le faire dans un contexte qui plus est rugbystique. J’aime particulièrement cette rencontre parce que d’une part il s’agit d’un match international, dans le rugby amateur cela reste un événement rare, et en plus contre des anglais qui pratiquent un jeu bien différent du nôtre. Ils sont toujours, même avec une équipe remaniée et avinée, très physiques et s’envoient constamment là où nous sommes un peu plus dans l’évitement (ou du moins nous tentons d’avoir plusieurs cordes à notre arc).

Cette saison de retour m’aura au moins permis de jouer ce match avec une équipe qui aurait pu ressembler à celle que nous aurions pu aligner en saison régulière. Est-ce que les anglais avaient une grosse équipe ? Honnêtement j’en doute mais le match fu très plaisant à jouer et la soirée a été très bonne, je suppose, car je n’en ai qu’un souvenir partiel.

En 2013, nous nous rendons ensuite à Stratford avec les Vieux Cochons. C’était la première fois que je remettais les pieds à Stratford depuis mon enfance et ce qui est bien c’est que le décor n’a finalement pas beaucoup changé ce qui est parfois rassurant. Les vestiaires sous la tribune sont toujours agréables et étroits, le club house à l’ancienne avec vue panoramique fait saliver tous les amateurs de ce sport et l’arbitrage est constant quelque soient les générations. Ce voyage initiatique permet de discuter et de partager un moment avec quelques illustres anciens, Jean Hospital, Pascal Wagner,  .., et de jouer avec certaines anciennes gloires du club rechaussant les crampons pour l’occasion : Clement Chambaz une année, Pierre Sampermans une autre, J-M Hanna, et j’ose citer Jerome Hospital (malgré sa piètre dernière prestation)… La victoire en 2013 fut très belle et l’équipe composée pour l’occasion était un bon melting-pot de plusieurs générations.

En 2019, la dernière fois que nous nous sommes rendus sur place, la remise de maillot fut réalisée par J-L Igarza et mon père dans un vestiaire bourré comme un œuf.

Un voyage à Stratford permet aussi de passer des soirées toujours improbables et de finir dans un rade accoudé au comptoir avec Renato et Max Hospital ce qui peut amener tard dans la nuit. Parfois nous gagnons la partie, souvent nous prenons une volée mais l’amitié entre les deux clubs efface toutes les animosités de l’après-midi quel que soit le résultat.

– En 2013 tu rejoints les Vieux Cochons et depuis tu enchaînes de beaux résultats et de belles tournées. Qu’est ce qui t emotives toujours à chausser les crampons ?

Steph Zancanaro ayant participé à la saison en fédérale 3 et ayant décidé après à cette aventure de rejoindre l’équipe des Vieux Cochons m’invite à le rejoindre. On ne sait pas vraiment où on met les pieds, mais une fois qu’on est dans le vestiaire on comprend. Cette équipe est le scufisme et est ce à quoi devrait ressembler le rugby tel que nous aimons le pratiquer : pas d’entraîneur, de l’autogestion et des gens responsables de ce qu’ils font en dehors et sur le terrain. Depuis que j’ai rejoint l’équipe force est de constater qu’il y a majoritairement des gens qui partagent une certaine approche de ce jeu et quel plaisir de tous nous retrouver : Zanca, Captaine Francky, les « fils de », les générations issues de l’école de rugby, la génération 71 et des personnes s’étant engagées dans la durée avec le club tel notre vidéaste amateur Lawrence. Cette équipe permet à ceux ne voulant ou ne pouvant plus s’investir autant qu’il le faudrait pour jouer le dimanche de continuer à jouer tout en conservant un niveau de jeu plus que correct. L’équipe a toujours de bons résultats, nous nous qualifions pour les phases finales et jouons des finales de coupes avec des noms toujours improbables.

Je n’arrive pas à arrêter de jouer à ce jeu de rugby, ce qui est le cas de beaucoup d’entre nous, cette équipe composée de personnes que je connais depuis tellement longtemps est le moyen que j’ai trouvé pour continuer à jouer. Je prends de plus, il est vrai, un malin plaisir à confronter notre rugby basé sur l’intelligence de la situation et la prise d’initiative collective à ce jeu moderne uniquement basé sur le physique avec des phases de jeux tellement stéréotypées.

Enfin, refaire des tournées comme quand nous étions plus jeunes est toujours un plaisir et participe aussi au fait que nous continuons tous à jouer. La constellation de scufistes et de personnes rencontrées sur les terrains nous permettent de trouver un point de chute, la Bretagne, l’Irlande (le seul week-end ou les pubs sont fermés), le Pays Basque, Bordeaux, celles à venir, … un régal qui permet tout comme Stratford à d’illustres scufistes de venir se greffer et revivre le temps d’un week-end une aventure rugbystique.

 

– Cette année tu épaules Quentin de Tarlé pour organiser le groupe des Vieux Cochons qui évolue en Réserve de PH. Il y a de l’enthousiasme autour de ce groupe et on retrouve des scufistes déjà là au siècle dernier, comment expliques-tu cela ?

Les dernières saisons en championnat du samedi ont été plutôt compliquées, non pas du fait que le niveau soit très élevé mais le nombre de participants étant en déclin année après année. La fédé nous a reversé depuis la saison dernière dans le championnat de réserve de promotion honneur et donc nous jouons très régulièrement (quasiment autant que la première et la réserve). Pour être tout à fait honnête la législation concernant l’obtention des licences a évolué en notre faveur et donc nous sommes très heureux de voir revenir Francky, Philippe et même Clement cette année ; cela combiné au fait que nous ayons un championnat intéressant et que les joueurs se connaissent depuis tellement d’années, font que certains scufistes soient revenus.

Le noyau dur de l’équipe composée de Quentin, Pascal, Romain, Yann, Thomas S. et P., la génération de Kevin/Pierre/Hugo (génération juniore entrainée par mon père et Piapia), ainsi que de ceux étant montés à bord au fil du temps, vit bien et cela doit se ressentir même au niveau des équipes première et réserve ; cette année nous avons du renouveau qui nous fait énormément de bien avec l’arrivée des frères Le Garnec, de Jeff, Cyprien, ainsi que la venue des amis des uns et des autres ou du retour de Clarck qui semble t’il aura un peu plus de dispo cette année. Ne manque à l’appel pour l’instant que mon colocataire de tournée Geo Constant mais nous ne doutons pas qu’il finisse par nous rejoindre.

Les joueurs ayant un jour fait partie de cette équipe ont plaisir à retrouver cette ambiance toute particulière et se rendent compte en revenant au gré des saisons qu’ils sont toujours les bienvenus, les nouveaux arrivants se rendent eux vite compte que sans le savoir ils étaient eux aussi les bienvenus et qu’il suffisait de pousser la porte du vestiaire. Cette équipe est un bon mélange de plusieurs générations, de 60 ans à 20 ans cette année avec nos deux vielles Manu et Arnaud qui ont encore pris une licence cette saison, leur santé et leur longévité force le respect !

Pour rendre un peu de ce que m’a donné le club, cette année je suis le Vice de Quentin, a.k.a. le Vice du vice, qui a œuvré pendant plusieurs années seul. Un grand merci à Quentin ainsi qu’à ses prédécesseurs (Marco, Jean-Mich et Béjanin, Lawrence et Doudou) des dernières années car sans eux et leurs investissements l’équipe ne peut pas exister.

Tournée au Pays Basque

– Il y a-t-il des ambitions pour cette saison et avez-vous prévu de ré-organiser la tournée à Madrid ?

L’ambition est avant tout de pouvoir jouer ! L’année dernière le Covid nous a coupé dans notre élan sans quoi nous étions bien partis pour jouer des phases finales, cette année nous espérons que le gouvernement nous permettra de faire la saison dans son entièreté. Le couvre-feu instauré n’a que très peu d’impact nous concernant et souhaitons qu’il n’y aura pas de nouvelles annonces qui pourraient impacter la suite de la saison. Outre le Covid et ses impacts, l’ambition reste toujours la même à savoir proposer à nos adversaires une équipe la plus compétitive possible tout en conservant l’état d’esprit qui fait le cœur de cette équipe.

Quentin avait tout organisé, ou du moins il le dit, avec Pierre Sampermans pour que nous fassions une tournée mémorable à Madrid ! Tout le monde et même certains que nous ne soupçonnions pas devaient venir pour une tournée qui s’annonçait être un festival !!! Là encore le Covid a ruiné nos espoirs… On a commencé à en parler avec Quentin, il faut qu’on se rapproche de Pierre (tiens je viens de le faire s’il nous lit) et nous espérons que cette tournée puisse enfin avoir lieu. Dans la négative il faudra trouver un plan B en France je ne sais où mais la constellation de scufistes a de la ressource.

 

– Quelque chose à ajouter ?

Tu me vois très loquace ; ayant pratiqué ce jeu depuis ma plus jeune enfance et n’ayant quasiment jamais arrêté ou été blessé je pourrais encore t’en raconter plus. J’ai, sans aucun doute, perdu la grande majorité de nos lecteurs bien avant ces dernières lignes mais pour autant :

Mon avant dernier mot ira à ma mère que je remercie d’avoir été tellement compréhensive toutes ces années ; ayant eu trois enfants, un mari et un frère dont la vie a été rythmée par ce jeu, en plus de la corvée de linge sale hebdomadaire, elle a eu le SCUF à table pendant toutes ces années.

Enfin, mon dernier mot ira pour mon père et mon oncle qui ont donné plus de 15 ans en tant que bénévoles à l’école de rugby de ce club. Toute la famille a pu grâce à cela partager énormément de moments, vivre des aventures passionnantes et rencontrer des personnes formidables.

 

Portez-vous bien. Forza SCUF !!!