Pascal Wagner<\/a> lors de la c\u00e9r\u00e9monie des adieux qui eu lieu le 2 f\u00e9vrier 2011 \u00e0 l\u2019\u00e9glise de Champcueil pour rendre un dernier hommage \u00e0 Pierre bouteilly<\/p>\n\u00ab Pierre, \nCe ne sont pas des fleurs que la Camarde peut te reprocher d\u2019avoir sem\u00e9 dans les trous de son nez ou alors, ce sont des fleurs de rh\u00e9torique, de celles qui lui signifiaient, verbalement et vertement, qu\u2019elle pouvait continuer \u00e0 te tourner autour, que tu la regardais en face mais que ta pens\u00e9e l\u2019ignorait. Pourtant, son \u00ab z\u00e8le imb\u00e9cile \u00bb a eu le dessus et c\u2019est ch\u00e8rement que tu as pay\u00e9 le prix de ta libert\u00e9. Car, je ne doute pas un seul instant que c\u2019est en esprit libre, en penseur libre, expression que je pr\u00e9f\u00e8re de loin \u00e0 celle de \nlibre penseur, que tu as fait tes choix et ton choix \u00e9tait respectable. C\u2019est donc avec respect que toute ta famille ainsi que la grande famille scufiste sont l\u00e0, aujourd\u2019hui, pour te rendre un dernier hommage et que j\u2019ai le triste privil\u00e8ge de parler au nom de tous les scufistes et de tous tes amis, qu’ils soient pr\u00e9sents ou pas. \nAvec un personnage de ton gabarit, l\u2019exercice est difficile et d\u2019autant plus difficile qu\u2019\u00e0 tout moment je crains d\u2019entendre une de ces r\u00e9flexions caustiques dont tu avais le secret pour me ramener \u00e0 l\u2019essentiel. Car, je crois que pour toi, il \u00e9tait essentiel de savoir, \u00e0 un moment, ramener les choses \u00e0 leur juste valeur et leur donner la place qui convient. C\u2019\u00e9tait avec humour que tu savais le faire, m\u00eame si au sein du SCUF, cet humour n\u2019excluait pas une certaine vacherie. Le Directeur d\u2019\u00e9cole que tu fus, savait que l\u2019adage latin \u00ab qui bene amat, bene castigat \u00bb avait une valeur autre que strictement \n\u00e9ducative et que dans les relations de groupe qui dominent au sein d\u2019un club sportif, l\u2019affection ou l\u2019amiti\u00e9 n\u2019exclut pas d\u2019avoir la dent dure et de croquer la victime avec le m\u00eame bel app\u00e9tit dont tu croquais la vie. Tout Pr\u00e9sident que je sois et toujours avec grand respect, tu savais manifester cet irrespect de bon aloi qui donne au compliment sa vraie force et conf\u00e8re \u00e0 l’amiti\u00e9 sa vraie valeur, celle de l’authentique. Car seuls ceux qui savent rire d’eux m\u00eames sont capables de railler les autres sans tomber dans la \npetitesse ou la b\u00eatise. Sans la libert\u00e9 de railler, l’\u00e9loge est ailleurs……. \nEn tant que joueur, tu as fait partie de la g\u00e9n\u00e9ration scufiste qui r\u00e9tabl\u00eet l’\u00e9quilibre entre la lettre et le chiffre. Homme de sciences, tu es venu battre en br\u00e8che l’omnipr\u00e9sence du droit dans la fili\u00e8re scufiste mais la libert\u00e9 restait toujours le ma\u00eetre mot. Je laisse la parole \u00e0 un expert es Sciences (mais fin connaisseur des Lettres) pour \u00e9voquer cette p\u00e9riode post soixante huitarde qui marqua l’entr\u00e9e des joueurs de la fac des sciences au SCUF : \u00ab le lieu de rencontre privil\u00e9gi\u00e9 de ces \u00e9tudiants agit\u00e9s \u00e9tait le terrain de \nrugby du mercredi….La simple victoire n’en \u00e9tait pas l’enjeu. Il y avait aussi un d\u00e9sir inconscient d’affirmer la pr\u00e9\u00e9minence de telle fili\u00e8re universitaire par rapport \u00e0 l’autre. Certains matches \u00e9taient incontournables et ne se terminaient pas toujours \u00e0 quinze contre quinze. \u00bb Il ajoute, parlant toujours des h\u00f4tes de la Halle aux vins \u00ab Ces rencontres d’apr\u00e8s matches \u00e9taient d’autant plus n\u00e9cessaires que notre int\u00e9gration au SCUF n’\u00e9tait \u00e0 l’origine que partielle. Forts d’une vanit\u00e9 d\u00e9risoire, nous avions souhait\u00e9 et \nobtenu de cr\u00e9er un club dans le club, labellis\u00e9 \u00ab Sciences \u00bb ou Boutiga (Bouteilly \/Igarza du nom de ses co-responsables) Un document non \u00e9crit (sic) stipulait que l’acceptation de l’un de ses membres de pactiser avec l’\u00e9quipe premi\u00e8re \u00e9tait soumise \u00e0 un exeat consensuel \u00bb. \nJe n’ai pas connu cette \u00e9poque l\u00e0 mais il ne fallait pas longtemps au jeune scufiste (par l’anciennet\u00e9) du d\u00e9but des ann\u00e9es 80 pour appr\u00e9hender rapidement les traces ind\u00e9l\u00e9biles de cette guerre entre les Horace et les Curiace, car finalement vous \u00e9tiez fr\u00e8res en rugby. En y repensant, mes r\u00e9miniscences \u00e9voquent plut\u00f4t les guerres Picrocholines tant les personnages en question semblaient sortir directement de l’imagination de Rabelais. \nPierre, tu avais en toi du h\u00e9ros shakespearien et Stratford upon Avon semble un passage bien naturel qui s’apparente \u00e0 un retour aux sources. Mais quoiqu\u2019issu de la fili\u00e8re scientifique, tu aimais le verbe et ta filiation rabelaisienne me para\u00eet \u00e9vidente. Le \u00ab Fais ce que veux \u00bb inscrit au fronton de l’Abbaye de Th\u00e9l\u00e8me \u00bb aurait pu \u00eatre ta devise personnelle mais je doute que tu aies pouss\u00e9 l’humour jusqu’\u00e0 en faire la devise de ton \u00e9cole. \nLa Boutiga \u00e9tait aussi une belle \u00e9cole, \u00e9cole de rugby mais aussi \u00e9cole de vie. Une \u00e9cole o\u00f9 se forment les individus et o\u00f9 se forgent les caract\u00e8res. L’un de ceux pass\u00e9 par ce moule n’h\u00e9site pas \u00e0 affirmer en parlant de toi : \u00ab Sans lui, beaucoup de joueurs, et je suis du nombre, n’auraient pas sign\u00e9 au SCUF et, la Bouteilly \u00e9tait sans nul doute l’\u00e9quipe la plus formatrice, dans tous les \nsens du terme, de notre club d\u00e9j\u00e0 unique \u00bb. \nQuel plus beau compliment peut on trouver pour r\u00e9sumer une vie\u00a0 consacr\u00e9e \u00e0 travailler la p\u00e2te humaine pour en exprimer le meilleur. Toujours dans cette lign\u00e9e, tu fis \u00e9cole en prenant la Pr\u00e9sidence de la section golf du SCUF et en participant aux travaux du comit\u00e9 ex\u00e9cutif dont tu \u00e9tais membre. Ajoutons \u00e0 cela que ta maison \u2013 et je parle ici de tes diff\u00e9rentes maisons \u2013 fut toujours un lieu d’accueil pour les f\u00eates scufistes et que le ma\u00eetre de c\u00e9ans, toujours digne, y exer\u00e7ait sa gentillesse tut\u00e9laire et sa bienveillante autorit\u00e9. \nCar au del\u00e0 du personnage Shakespearien ou Rabelaisien que tu pouvais rappeler, il y avait aussi ton c\u00f4t\u00e9 Statue du Commandeur par cette sagesse que te conf\u00e9rait une barbe aussi fournie qu’elle avait blanchi avec le temps. Nos civilisations ont toujours associ\u00e9 la barbe au caract\u00e8re farouche ou \u00e0 la sagesse et la tienne, avec le temps et ta bonhomie naturelle, semblait te faire pencher vers la sagesse plut\u00f4t que vers la rudesse des anciens combats estudiantins. J’ai n\u00e9anmoins plaisir \u00e0 penser que, sous cette ultime m\u00e9tamorphose de p\u00e8re et de grand-p\u00e8re noble, tu avais gard\u00e9 au fond de toi \nla flamme des grands enfants, toujours disponibles pour la fac\u00e9tie et toujours pr\u00eats \u00e0 une ultime pied de nez aux choses trop bien \u00e9tablies, aux conventions trop vite accept\u00e9es ou aux renoncements trop faciles. \nAujourd’hui tu laisses ton \u00e9pouse Lise, tes enfants H\u00e9l\u00e8ne et Antoine, ta petite fille Eloane et toute ta famille dans la peine. Tu laisses tes amis avec le sentiment d’un vide immense. J’ai pour ma part un souvenir marquant de nos relations. Il y quelques ann\u00e9es de cela, alors que je c\u00e9l\u00e9brais en famille et entre amis mes 50 ans, tu m’avais dit, au milieu des livres paternels, combien tu avais appr\u00e9ci\u00e9 de faire partie du nombre des invit\u00e9s en d\u00e9pit de nos trajectoires et de nos \u00e2ges diff\u00e9rents. La r\u00e9ponse \u00e9tait pourtant \n\u00e9vidente. Quand la vie vous donne la chance de ces rencontres improbables entre individus aux profils et aux horizons divers, bien fou serait celui qui passerait \u00e0 c\u00f4t\u00e9 sans go\u00fbter, avec gourmandise, \u00e0 un tel bonheur d’amiti\u00e9. \nTrop vite, trop t\u00f4t, voil\u00e0 les pauvres mots qui nous restent pour dire combien, Cher Pierre, nous aurions aim\u00e9, longtemps encore, \ncommunier avec toi au banquet de la vie. \u00bb<\/p>\n
Pascal Wagner<\/p>\n
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Quelle histoire …. ! Au revoir, Ma\u00eetre Pierre. Nombreux \u00e9taient les amis de Pierre, venus le saluer une derni\u00e8re fois en ce mercredi 2 f\u00e9vrier, transcourants, transg\u00e9n\u00e9rations, tous partag\u00e9s entre la tristesse et les souvenirs d’une \u00e9poque qui s’enfuyait. Pour le SCUF, il \u00e9tait une figure historique, son r\u00f4le fut essentiel et nous allons vous […]<\/p>\n","protected":false},"author":5,"featured_media":13048,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[97,98,99,100,101,102,103,104,105,106,107,108,109,110,111,112,113,114,115,4],"tags":[],"class_list":{"0":"post-13047","1":"post","2":"type-post","3":"status-publish","4":"format-standard","5":"has-post-thumbnail","7":"category-1967-1968","8":"category-1968-1969","9":"category-1969-1970","10":"category-1970-1971","11":"category-1971-1972","12":"category-1972-1973","13":"category-1973-1974","14":"category-1974-1975","15":"category-1975-1976","16":"category-1976-1977","17":"category-1977-1978","18":"category-1978-1979","19":"category-1979-1980","20":"category-1980-1981","21":"category-1981-1982","22":"category-1982-1983","23":"category-1983-1984","24":"category-1984-1985","25":"category-1985-1986","26":"category-portraits","27":"czr-hentry"},"yoast_head":"\n
Pierre BOUTEILLY - SCUF Rugby<\/title>\n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n