Pierre-Edouard DETREZ


Pierre-Edouard Detrez

Pierre-Edouard Detrez

Nom – Prénom : DETREZ Pierre-Edouard
Date de naissance : 17/06/1956 à Paris
Taille – Poids  : 181 cm – 108 Kg
Poste joué : Pilier

Vie de famille : 4 enfants, dont Gregoire Detrez, international de Handball – Champion d’Europe en 2010

Carrière de joueur :

  • SCUF Sporting Club Universitaire de France (1974-1978)
  • Racing club de France (1978-1979)
  • AS Montferrand (1979 – 1982)
  • RC Nîmes (1982 – 1987)
  • AS Béziers
  • SMUC Marseille
  • Stade Union Cavaillonnais (Entraîneur-joueur)

International avec le XV de France

Il a disputé son premier test match le 19 novembre 1983 contre l’Australie et le dernier contre les All Black néo-zélandais, le 28 juin 1986.

Barbarian français en 1983 contre l’Australie.

On connaît tous ta carrière de joueur dans l’élite du rugby, mais pourrais tu nous parler de l’avant 1978 où tu signes au Racing ? 

Si je me souviens bien, mon intérêt pour le rugby a dû commencer au milieu des années 60, alors que j’avais une dizaine d’années. Mon désir de le pratiquer croissait d’années en années. Mais las, mon père ne cessait de me répéter, à chaque fois que je lui faisais part de mon souhait : « Non ! Tu ne feras pas de rugby ! ».

Les rencontres du tournoi regardées à la télévision chez ma grand’mère, sous couvert de révisions scolaires, et ses anecdotes concernant mon grand-père qui avait évolué sous le maillot du Stade Français au début du siècle, ne suffisaient pas à satisfaire mon vœu de pénétrer davantage ce qui n’était encore à mes yeux qu’un sport.

Années après années, à ma lancinante question revenait sans cesse cette cruelle réponse : « Non ! Tu ne feras pas de rugby ! ». Certes, l’opportunité de m’exprimer dans des activités sportives m’étaient accordée ; ainsi j’ai pu pratiquer à loisir équitation, escrime, basket-ball, hand-ball et, vers mes quinze ans, et ce à un niveau de compétition relativement élevé, la natation. S’il est vrai que je n’économisais ni mon temps ni mes efforts dans ces pratiques, qu’elles soient collectives ou individuelles, elles ne compensaient en rien mon désir de jouer au rugby.

Les jours passaient. La réponse sans cesse réitérée « Non ! Tu ne feras pas de rugby ! » n’empêchait en aucun cas le monde de vaquer à ses occupations (Quelle injustice !). Ainsi s’annonça l’année 1974.

Il serait hors de propos de savoir si  cette désormais célèbre phrase « Vous n’avez pas le monopole du cœur », adressée à son concurrent lors du débat télévisé qui l’oppose à François Mitterrand entre les deux tours de l’élection présidentielle lui aura été favorable, toujours est-il que Monsieur Valéry Giscard d’Estaing est élu, le 19 mai 1974, Président de la République. Dès le 05 juillet de la même année est promulguée une loi qui abaisse à 18 ans l’âge de la majorité ! Qu’importe répondront certains, mais pour moi cette décision ‘’politico-sociétale’’ fut synonyme de sésame. Je viens d’avoir 18 ans depuis moins d’un mois et suis ainsi considéré comme civilement capable et responsable de m’engager dans les liens d’un contrat. Et le premier ‘’contrat’’ qu’il m’est donné de choisir est le contrat moral passé vis-à-vis de moi-même, celui de pouvoir pratiquer le rugby, en dédaignant la sentence désormais mise au rebut « Non ! Tu ne feras pas de rugby ! ».

Avec quelques copains de lycée, nous nous mettons alors en chasse pour trouver un club susceptible de bien vouloir nous accueillir. L’un d’entre eux, Drouin, qui avait pratiqué précédemment sous les couleurs du PUC, me parle un jour d’un club dont la situation géographique devrait pouvoir nous permettre de le rejoindre régulièrement sans trop de difficultés : le SCUF, dont le siège, rue de Chazelles, et surtout le terrain d’entraînement des juniors, porte Pouchet, nous apparaît clairement accessible.

Quelques années après je m’ébahis encore en constatant comment le hasard des implantations géographiques a été le vecteur d’une ‘’chance’’  inespérée, non seulement d’un point de vue purement sportif, mais plus encore sur le plan des relations humaines.

Si le temps s’est permis d’ôter de ma mémoire certains patronymes, les visages de mes coéquipiers de l’époque restent bien gravés dans ma mémoire. Mon premier entraîneur fut Lucien Attal, qui me dégrossit techniquement, et qui a su développer un état d’esprit chez ces ‘’chers’’ juniors en phase avec la philosophie du SCUF. Comment pourrais-je oublier l’accueil réservé par des Barrize, Dessaigne, ‘’Boroche’’ Borenzsjtein, Péchemèze, Entrejelbert et consorts ? Sans oublier Bouthier que l’on s’étonnait de voir jouer avec nous alors qu’il avait un niveau bien supérieur, et qui fit une belle carrière d’entraineur et de tacticien es-rugby sous les couleurs du Racing CF.

Si bien que je ne tardais pas à débaucher mon grand pote, Fred Bolling, à l’époque émérite défenseur dans une équipe de foot, qui non content de rejoindre ‘’la grande famille du rugby’’, vint évoluer lui aussi au SCUF.

Rapidement, accompagné d’Antoine Pabst, je fus sollicité, bien qu’étant junior, pour participer à quelques rencontres de l’équipe 1 du SCUF, qui évoluait en troisième division. Notre première rencontre avec ‘’les grands’’ eut lieu à Meaux, club redouté à l’époque de par sa pratique d’un rugby de combat (doux euphémisme), dans lequel évoluait en seconde ligne un certain Laffont, dont le jeu au pied était connu de tous ses adversaires (!) et qui quelques années plus tard su se faire craindre tout autant au sein de la commission de discipline par les quelques vilains trublions qui ne savaient ‘’se tenir’’ lors de leurs joutes dominicales.

Pour ce premier match j’évoluais au poste de N° 8, tandis qu’Antoine jouait flanker.

Croyant pouvoir contredire les paroles de la chanson de Barbara selon laquelle ‘’… tout le temps qui passe, ne se rattrape guère, … tout le temps perdu, ne se rattrape plus’’, je m’engage alors dans une gloutonnerie rugbystique : le mercredi après-midi matchs universitaires (avec les Epelbaum, Decrae, Chiarabini, Olivier Serre Cousiné, avec qui j’allais jouer une saison sous les couleurs de Nîmes, Patrick Devriendt, Jean Rauffet, Pierre-Michel Bonnot et tant d’autres), le samedi matchs ‘’corpo’’ notamment avec la BNP, sous fausse licence et sous le nom de ‘’Legagneux’’, le dimanche matin match avec les juniors et l’après-midi avec les seniors !!! D’aucuns auraient tiré la sonnette d’alarme … pour moi ce n’était jamais assez !

En vieillissant, le bonheur de pouvoir évoluer en junior s’interrompt et je me ‘’contente’’ alors des entraînements du mercredi soir à Suffren … et des longues soirèes qui suivaient ! Les déplacements dominicaux nous faisaient découvrir le plus souvent l’est de la France. Evoluaient alors dans les rangs scufistes, tant en première qu’en réserves,  les Isnard, Jacques Schwartz (et sa montre),  les frères Hagondokoff, Michel et Wlad, ainsi que Bruno Martin-Neuville, Daniel Bourrel, Patrick Farge, ou son alter ego John Kahan, l’impressionnant Lambert,  Philippe Asantcheeff, Saunois, Hossard, Igarza, les ‘’Hospitaux’’, Bouteilly, Lidon, Poletti, Pouliquen, Claverie, Petat ou Sainderichin (que j’allais retrouvé, alors qu’il exerçait comme avocat à Alès sur un terrain dans son rôle d’arbitre), encadrés, supportés, abreuvés par les « La Gauffre », « La Patente », Kiki Giriat et sa fracture du col du fémur, et dirigés en hauts lieux par le Docteur Martin, et sa véritable histoire du bouclier de Brennus, ou Yvan Planchon.

Je me souviens aussi des frères Gervais, des Peter Macnaughton, Pottier, Wagner, … mais j’en oublie malheureusement tant d’autres ; qu’ils m’en excusent ! Les trop nombreuse soirées au fond de la piscine de Chazelle, au Bedford Arms, au Harry’s Bar ou au Club-House, place de la Madeleine, ne sont certainement pas étrangères à ces trous de mémoire !

Que du bonheur ! Et au delà de l’aspect sportif, quelle éducation humaniste !!!

Le SCUF perpétue chaque année la légende de la Rose Cup contre Stratford. En 1977, tu réalises l’exploit, avec le SCUF, de gagner à Pearcecroft. Tu t’en souviens ?
Très sincèrement, autant je garde en mémoire le centenaire de Stratford en 1977, autant je serais incapable de dire si le match s’était soldé par une victoire ou une défaite. Je me souviens très bien de la soirée précédant le match au ‘’Dirty Duck’’, dont j’ai toujours la cravate que je porte régulièrement ( !), et à contrario, tout le sérieux avec lequel nous avions préparé quelques instants avant le coup d’envoi ce match.

Si ma mémoire est bonne, je crois me souvenir que j’évoluais en troisième ligne et que, après un mouvement collectif d’envergure, alors qu’il apparaissait évident qu’un essai m’était promis, un soudain mouvement révulsif stomacal , bien meilleur défenseur sur le coup que nos ‘’adversaires britanniques’’ du jour,  m’avait stoppé immédiatement dans ma course …

(L’Equipe vainqueur de la Rose Cup 1977 pour le centenaire du club de Stratford :

1- Dessaigne 2 – Kahan 3- Dehors 4- Bolling 5- Hagondokoff W. 6- Pabst 7- Detrez 8- Hagondokoff M. 9- Pouliquen 10- Roques R. 11- Roussel 12- Lambert Ch. 13- Gervais B. 14- Layac 15- Petat )

 

Comment as tu été amené à franchir le niveau supérieur en signant au Racing CF ?

 

En universitaire, je jouais avec la Fac de Sciences, dont l’équipe ASSU était dirigée de main de maître par ‘’Pépé Lepvrier’’. Dans celle-ci figuraient nombre de joueurs qui évoluaient au PUC ou au Racing, dont les deux Jean-Pierre, Decrae et Chiarabini. Ils ont parlé de moi au sein de leur club, si bien que le RCF m’a contacté. J’ai refusé une première fois de quitter le SCUF, mais, la saison suivante, alors que je m’apprêtais à remplir mes devoirs de citoyen dans l’exercice du service national, les ‘’dirigeants’’ du SCUF, ainsi que quelques joueurs, m’ont conseillé d’user de cette année ‘’sabbatique’’ pour tenter le niveau ‘’supérieur’’.

Je n’ai passé qu’une saison au Racing, au cours de laquelle j’ai évolué avec des joueurs tels les frères Folbaum, Benoit Callot, Patrice Péron, Daniel Saubier, Michel taffary, Henry Giraud, … Une contre-révolution culturelle interne m’a conduit, moi  pur parisien,  à répondre favorablement aux sollicitations de l’A.S. Montferrandaise. On peut s’interroger quant à savoir si mon activité au RCF n’avait pas été celle d’agent recruteur pour le SCUF, compte tenu de la signature la saison suivante de joueurs tels que Jean-Yves Hamet !

Tu as été sélectionné 7 fois (5 + 2 non officielles) en Equipe de France, et 1 avec les Barbarians. Au milieu de la centaine de matchs que tu as disputé en championnat, ces matchs ont ils un parfum différent ?

Bien sûr ! Même si le rugby n’avait pas encore profité des actions marketing  portées par le professionnalisme, les rencontres internationales avaient une saveur toute particulière, ne serait-ce que par la présence inhabituelle des média. Il n’en demeure pas moins que ‘’mon rugby’’ quotidien s’articulait essentiellement autour des instants partagés avec mes coéquipiers de club. Sans compter que même si je n’ai pas à mon actif un grand nombre de ‘’caps’’, j’ai eu tout loisir de parcourir l’ Europe (des nations britanniques à l’ Italie ou la Roumanie) et le monde en participant à quelques tournées (Nouvelle-Zélande par deux fois, Australie, Argentine par deux fois également, Japon, Brésil, Paraguay).

Comment s’est faite la transition Joueur/Entraineur ? C’était un choix défini dans ta carrière ?

Pas le moins du monde ! Cela s’est fait un peu par hasard. Alors que j’avais décidé, pour raisons personnelles, d’arrêter dès 31 ans le rugby de haut niveau, j’avais rejoint Daniel Saubier sous les couleurs du Stade Marseillais Université Club. Nous étions monté en seconde division. Daniel avait arrêté d’entraîner le SMUC. Son remplaçant avait fait les frais de mauvais résultats. Le président l’avait limogé début janvier et m’avait demandé de prendre la suite avec comme objectif s : 1° ne pas descendre, 2° nous qualifier pour les phases finales ; alors que nous étions en position de relégables. C’est comme ça que j’ai commencé. Il est vrai que la ‘’culture rugbystique’’ des ‘’vrais’’ smucistes marseillais de l’époque  n’était guère éloignée de celle du SCUF.

Ayant réussi le premier objectif, ayant échoué pour le second, la proposition de poursuivre la saison suivante ne m’ayant pas été faite, j’ai alors répondu aux propositions du Stade union Cavaillonnais qui, recherchait un entraîneur-joueur … J’avais mis le doigt dans l’engrenage ! J’ai eu l’opportunité d’entraîner à presque tous les niveaux d’implication, de la ProD2, dans un rôle spécifique de préparation aux mêlées et aux phases statiques, jusqu’en promotion d’honneur. J’en ai appris que peu importait le niveau auquel on évolue, mais que seul compte l’implication avec laquelle on évolue.

Tu as atterri en Provence, c’est une région qui te ressemble côté rugby ?

Question difficile ! Je l’ignore. Cela fait maintenant plus de 20 ans que j’ ‘’évolue’’ au sein du rugby du sud-est. Et le comité de Provence est le seul que j’ai connu dans des rôles ou situations autres que celle exclusive de joueur.  En outre, je ne sais si les quelques ‘’pratiques’’ que je réprouve sont liées à une situation géographique précise ou sont le fruit d’une évolution générale. Même si je suis relativement impliqué dans le rugby provençal’’ tant par mon activité au sein de l’Académie des Premières Lignes que par du bénévolat dans l’organisation des matchs au stade vélodrôme de Marseille ou encore dans des groupes de travail avec le corps arbitral et les CRT, l’ambiance générale ne répond guère à mes aspirations.

 

 

Tu diriges l’académie des premières lignes en Provence, peux tu nous évoquer en quoi consiste ton travail et quel est le message principal ?

L’Académie nationale des premières lignes existe maintenant depuis plusieurs années, sous la houlette de la DTN et plus particulièrement de Didier Retières. Son objectif est de contribuer à former des joueurs susceptibles d’évoluer efficacement au meilleur niveau, et ce en toute sécurité. La tâche des ‘’académiciens’’ est donc de promener leur bicorne pour répandre la bonne parole auprès des éducateurs, entraîneurs, techniciens, joueurs, en travaillant en collaboration avec les arbitres, garants de la loi et de la règle, mais qui devraient être aussi des initiateurs actifs de ses évolutions. L’objectif à moyen ou long termes étant d’uniformiser les règles de la mêlée, quel que soit le niveau pratiqué, nous souhaiton bien évidemment y retrouver les valeurs fondamentales de ‘’combat’’, tout en privilégiant la sécurité des participants. Ce qu’il y a de bien au rugby, c’est que les attitudes ‘’sécuritaires’’ sont aussi celles qui sont efficaces.

Quels sont tes projets à moyen terme ?

 

Mes projets rugbystiques ??? Continuer à vivre ma passion en essayant de respecter au mieux les valeurs morales que m’ont inculquées mes ‘’formateurs’’ scufistes. Je sais, cela va faire rire certains, mais c’est très sincère. Tous les jours, il m’est donné la possibilité de constater quelle chance j’ai eu de découvrir ce sport qui m’attirait tant dans un tel club.

L’évolution des mentalités, l’hégémonie des joueurs ‘’play-station’’, l’approche nombrilisco-financière font que je m’interroge de plus en plus sur la poursuite d’une activité d’entraîneur. Alors qu’il y a quelques années encore je m’en pensais incapable, je me demande de plus en plus si je ne vais pas  me tourner vers une activité d’éducateur, voire de dirigeant plus … ‘’assis’’.

Aurais tu un message en tant que « vieux grognards » du rugby à destination des jeunes qui commencent le rugby ?

L’expérience n’étant qu’une lanterne qui éclaire le chemin parcouru … par celui qui la porte, je ne sais si les messages peuvent être entendus. Je préfère donc m’adresser aux anciens du SCUF, pour leur renouveler mes remerciements sincères.

 

 

Ses sélections avec le XV de France

Compétition Match Score Date du Match
Test Match – 1986 Nouvelle Zélande – France 18 – 9 28/06/1986
Test Match – 1986 Australie – France 27 – 14 21/06/1986
Test Match – 1986 Argentine – France 9 – 22 07/06/1986
Test Match – 1986 Argentine – France 15 – 13 31/05/1986
Test Match – 1983 France – Australie 15 – 6 19/11/1983


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