Henri HOUBLAIN (1883-1937)


Les aquarelles d’Henri HOUBLAIN (1883-1937)

Lorsque Henri Houblain né à Paris (18ème) le 31 juillet 1883, le rugby n’en est encore qu’à ses balbutiements. Après s’être développé du côté du Havre, il arrive à Paris et c’est en 1892 que se jouera la première finale au bois de Boulogne. Henri Houblain est un pionnier du SCUF qu’il rejoint au début du XXème siècle. Il fait parti des joueurs formé au club et qui ont contribué à faire émerger le club noir&blanc au plus haut niveau. On trouve sa trace dans les archives dès la saison 1905/06, notamment lors du match contre les London Devonians. Avec ses 1m67 pour 66Kg, il dispose d’un bon gabarit pour l’époque, et se démarque comme trois-quart centre. Avant même que le SCUF n’atteigne les sommets du championnat, Henri Houblain se démarque individuellement et tape dans l’oeil des sélectionneurs de l’USFSA.

Voilà comment il est décrit dans la revue « Le Plein Air » du 31 décembre 1909 : « trois-quarts centre gauche, joueur plein de brilliant ou ordinaire, selon qu’il joue au centre ou à l’aile : beaucoup meilleur là qu’ici. Très bonne défense, attaque précipitée. Bon crocheteur, souvent adroit, coup de pied généralement sûr. A fait merveille comme Possible à Bordeaux ».

Il est sélectionné à deux reprises en Equipe de France. Le Comité organise en fin d’année 1908, à Toulouse, un match de sélection entre le Nord (les parisiens) et les joueurs du Sud. Avec Berthet, Moure, Boudreaux et Daran, ils sont cinq scufistes à prétendre à une place dans la formation qui affrontera l’Angleterre lors d’un test amical. Houblain n’est que remplaçants dans la sélection des trois-quarts parisiens et réussira à se démarquer lors des quelques minutes qui lui seront allouées. Le 30 janvier 1909, il est le 40ème international à arborer le coq sur la poitrine et défie l’Angleterre en vue d’intégrer le Tournoi des V Nations. Le match se joue à Leicester, il est associé à Theodore Varvier du RCF au centre. Les bleus s’inclinent 22 à 00 avec 6 essais dans la musette. Le journaliste scufiste Georges Drigny note dans le journal « L’Intransigeant » que Houblain avait été présenté comme le maillon faible de cette équipe avant la rencontre, et a plaisir de souligner que Houblain a parfaitement tenu sa place et conquis définitivement sa cape d’international. Malgrè le score, les Français sont invités à participer au Tournoi l’année suivante et Henri Houblain participera au premier match de l’Equipe de France dans le Tournoi 1910. Pour cela il a du faire ses preuves lors du match organisé en décembre 1909 opposant les Probables aux Possibles. Houblain fait parti de ces derniers qui jouent en noir et se démarquera en marquant un essai opportuniste en solitaire après feinte et accélération. Il est donc sélectionné contre le Pays de Galles à Swansea, le 1er janvier 1910. Cela a été une véritable aventure pour rejoindre le pays du poireau pour les troupes du père Brennus qui a embarqué six scufistes pour défier les diables rouges. Henri Houblain est cette fois ci associé à Marcel Burgun (RCF) au Centre. Les français font déjouer les Gallois lors de la première période et ne sont menés que 21-14 à la mi-temps. Hélas ils s’écroulent lors des 40 dernières minutes et s’inclinent 49-14. Il se dit que les Gallois dominent tellement le match qu’ils s’arrêtent parfois de jouer pour expliquer les règles aux frenchies ! Ca sera la dernière sélection d’Houblain.

L’Equipe de France 1910 aux Pays de Galles

Le championnat 1911 va asseoir le nom du SCUF dans le rugby français. Le SCUF est champion de Paris et devance pour la première fois ses deux grands adversaires le Racing Club de France et le Stade Français. Jules Cadenat, capitaine du Sporting, déclare  » Je suis très content, que voulez vous que je vous dise de plus ? Mon club était très méritant déja depuis plusieurs années, il devait voir ses efforts couronnés de succès, il y est parvenu aujourd’hui et c’est moi qui est eu l’honneur de le conduire à la victoire, et j’en suis très heureux. L’équipe a bien joué, tout le monde a fait son devoir, il faut espérer maintenant que personne ne s’endorme sur ses lauriers car nous avons encore beaucoup à faire« .

L’enchainement des rencontres et la soif du jeu mène le SCUF à la victoire. Le 4 mars 1911 a lieu le quart de finale. Le Sporting bat Le Havre AC (6-4 à Colombes). En demi-finale le SCUF bat Tarbes (9-5 à Tarbes). La finale a lieu le 7 avril à Bordeaux devant 10.000 spectateurs face au Stade Bordelais UC. Le SCUF fourni une excellente partie mais est battu par une équipe supérieure 14-00.

Houblain ne participera pas à le seconde finale perdue contre Bayonne en 1913, alors qu’il figurait bien dans les compositions lors de certains matchs de championnat. Il a alors 30ans et joue plutôt à l’aile avec l’équipe seconde, avec laquelle il sera Champion de Paris mais s’inclinera en finale du championnat de France contre le Stadoceste Tarbais (11-3), à Tarbes… Il joue sa dernière saison avec le SCUF en 1914 et survient la guerre.

Henri Houblain, dessinateur lithographe de métier, a fait la guerre de 1914 à 1918. Mobilisé dès le début du conflit à Langres, il était téléphoniste au 50e bataillon de chasseurs à pied. La revue du Sporting annonce par erreur son décès le 12 novembre 1914. Durant la guerre il a représenté en dessin ses compagnons, les lieux où il se trouvait et les équipements militaires. Il a également pris des photos de ses compagnons et de son quotidien pendant la guerre. Vous pouvez découvrir son carnet de guerre et ses croquis sur le site : http://www.europeana1914-1918.fr

Ses talents de dessinateur lui vaudront ensuite d’être affecté dans un service cartographique, à la 20eme section de secrétaires d’état major.

A la sortie du conflit, à 35ans il ne rechausse pas les crampons. Lors du banquet annuel du club, en 1922, on remet la breloque d’international de la toute nouvelle FFR aux anciens internationaux scufiste. Avec ses anciens coéquipiers Moure, Menrath, Thevenot, Du Souich, Forestier, Eutrope frère et Lucien Besset, il est mis à l’honneur. Il travaillera comme employé de banque et s’installera à Bois-Colombes en 1925 où il disparaîtra tragiquement le 2 novembre 1937 en se suicidant. Certainement détaché du club depuis un certains nombre d’année, il n’y aura aucune annonce dans le bulletin du SCUF.

Le nom d’Henri Houblain reviendra à la lumière en 2014, dans le cadre des commémorations du centenaire de la 1ère Guerre Mondiale. Ses petits enfants Danièle Patru et Joëlle Berthome ont retrouvé les archives oubliées de leur grand-père qu’elles ont confié à la mairie de Bois-Colombes qui les a exposées en 2016.