Quentin de TARLE


Quentin de Tarlé c’est plus de vingt ans au SCUF; il a usé ses crampons dans toutes les catégories. Responsable de la 3 Vieux Cochons depuis cette année, il revient sur son parcours en noir&blanc…

.

le 23 juillet 1976 à Nice

Taille – Poids : 1m84 / 79 kg (au jugé)

Poste joué : Longtemps ailier, parfois 15, et depuis que je suis avec les VC normalement centre, mais aussi demi d’ouverture, 2éme ligne, pilier…bref une vraie catin !

Profession : Responsable de comptes clients en BtoB dans les services

Situation maritale : Divorcé pour la partie ratée, 3 beaux garçons pour la partie réussie

 

Comment as tu découvert le rugby ? Quel est ton parcours sportif avant le SCUF ?

J’ai d’abord fait du judo en club pendant 4 ans. Puis en arrivant au collège j’ai arrêté et connu ma première expérience de rugby en 6éme, sur l’instigation de ma mère, allez comprendre, et j’ai joué pendant un an avec l’école. Mais comme j’étais un peu con et entêté, je voulais absolument faire du foot, ce que j’ai fait jusqu’en terminale en scolaire et sur la fin en club. Au bout du compte, définitivement « éclairé » sur l’état d’esprit et comprenant enfin mon erreur, j’ai fait volte-face en 1995 juste après mon bac, et je me suis inscrit au rugby avec Paris 1 et la même année j’ai rejoint le SCUF.

Tu arrives au SCUF en 1995 pour ta dernière année Juniors où tu côtoies une génération qui fera le SCUF des années 2000. Souvenir ?

De cette génération de dégénérée ? Oui, surtout en dehors du terrain parce-que je retiens très peu les matchs et que les deux premières années j’étais surtout « investi » avec la fac. Des mecs talentueux et vaillants, pour certains un peu dingues avec qui j’ai partagé énormément de bons moments.

La saison suivante tu fais tes premières apparitions en Seniors avec deux matchs en Réserve à Alfortville et en recevant Montreuil. De timides débuts ?

Alors là, je peux te dire que je n’en ai plus aucuns souvenirs ! Mais c’est bizarre, dans ma tête j’avais été un champion tout de suite.

A partir de 1997 tu t’installes comme un titulaire avec l’équipe Réserve. On te retrouve essentiellement au poste d’ailier, un poste qui te correspond bien ou tu aurais aimé jouer à d’autres postes ?

Techniquement je ne pouvais pas vraiment prétendre jouer ailleurs, et puis je courais à peu près vite à l’époque et je n’étais pas très épais, donc c’était très bien. Et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce poste très tactique dans le bon placement et qui permet d’avoir des espaces, faire des relances : ce jeu d’attaque me correspondait bien. Bon, l’hiver c’était parfois un peu moins marrant, mais j’ai au moins appris comment me réchauffer les mains en short sous la neige au milieu de nulle part. Et depuis que j’ai rejoint les VC j’ai joué à absolument tous les postes, donc aucune frustration.

Tu apparais pour la première fois en Equipe 1, le 12 mars 2000, lors de la dernière journée de championnat. Tu rentres en cours de match et c’est une victoire 20 à 19 contre le leader Chilly-Mazarin. Tu t’en souviens ?

Là encore absolument pas. J’ai marqué ? Comme je te l’ai dit j’ai très peu de souvenirs de matchs en particulier, mais pour le coup il me semblait avoir débuté en 1ére un peu plus tôt. Comme quoi la mémoire, c’est très sélectif ! En fait avec la Une je me souviens essentiellement de trois grosses victoires à Colomiers, Pontault et surtout Gretz (mais ne me demande pas les années) ou le public avait été particulièrement charmant avec notre ailier Fidjien, et le match exagérément malin… (bon, sur le terrain on n’avait pas que des intellectuels chez nous non plus).

Cette saison 99/2000 la Réserve du SCUF termine première de sa poule avec 14 victoires pour 4 défaites, mais je n’ai pas souvenir d’un parcours par la suite. Tu t’en souviens toi ?

Non, mais j’imagine que c’est parce-qu’on a dû beaucoup fêter ça ! De mémoire, mais tu as bien compris qu’elle était faillible sur le sujet, on a toujours échoué en demi ou finale d’IDF à l’époque.

La saison suivante tu quittes le club pour l’ESC Chambéry, tu as continué le rugby dans les montagnes ?

Oui, j’avais très envie de continuer à jouer et j’ai fait quelques matchs avec je ne sais plus quelle faculté du coin, et quelques entraînements et même un match avec le SOC (en réserve évidemment), qui évoluait à l’époque si je ne dis pas de bêtises en Fédérale 2. Y a des mecs qui avaient leurs places réservées dans le vestiaire, et tu n’avais pas intérêt à t’y mettre : j’avais jamais connu ça. Mais surtout j’ai monté de bric et de broc et géré l’équipe de l’école, mélange de débutants et de quelques joueurs ayant un peu joué. Un peu comme moi, quoi. Une très belle aventure même si au final on a fait qu’un match dans l’année contre l’ESC Grenoble ou on avait pris une sacré branlée. Pour la petite histoire, à l’époque il y avait dans les locaux de mon école le CESNI, qui en résumé offrait la possibilité à des sportifs de hauts niveaux de poursuivre des études supérieures pour leur future intégration professionnelle. Donc ces cons là de Grenoblois, croyant qu’on arrivait avec une énorme équipe s’était bien, bien renforcé. Comme en tant que vétéran de l’équipe j’en étais à la fois l’entraîneur (oui, ça explique aussi la branlée) et le capitaine, j’ai été obligé de m’y filer comme jamais toute la rencontre, pour donner l’exemple, ce genre de conneries. Je n’ai jamais eu aussi mal partout après un match, je ne savais même pas que c’était possible !  Depuis mon corps n’a plus jamais voulu être capitaine (et on ne m’a pas vraiment demandé non plus, hein, donc ça m’arrangeait bien).

Tu reviens lors de la saison 2002/03, une des pires sportivement pour le club. La Réserve est au fond du classement et l’Equipe 1 ne gagne que deux matchs dans son championnat et redescend en PH. Tu fais partie de cette génération qui sait d’où vient le SCUF…

Tu sous-entends un lien de cause à effet là ? Alors d’accord, ne soyons pas modeste, oui, j’ai beaucoup manqué au club ! Mais plaisanterie mise à part, c’est certain qu’en un peu plus de vingt ans de SCUF (putain déjà…), les années se sont suivies sans forcément se ressembler. Pourtant je n’ai pas de souvenirs particuliers de « dramatisation » autour des résultats. Ça engendrait de la frustration et on se rentrait un peu plus dedans aux entraînements, mais le plus important c’était le groupe : les mecs ne lâchaient rien, étaient toujours là aux entraînements, aux matchs, on savait de quoi on était capable et que dans cette division ou l’autre il y aurait des jours meilleurs. Donc pas d’affolement, juste à ce moment-là ça ne marchait pas, mais sincèrement je n’ai jamais craint pour l’avenir du club. Oh, et toute ressemblance avec une situation existante serait purement fortuite.

Point positif cette saison là, tu connais ta première sélection en Rose Cup, une victoire 23-00 contre Stratford. Souvenir ?

Ah oui ce match… ben non, pas plus… Sauf de l’après-match (je crois que c’était cette année-là), ou on avait rejoué la partie, mais au foot et tout nu à Vincennes. Mon dépucelage en tant que Streaker, tu penses bien que ça marque. Et évidemment c’était avec les Anglais…

En 2004 c’est une superbe saison pour toi. Deux matchs avec la « Une » qui retrouve la division Honneur, et un beau parcours avec la Réserve. Hélas vous trouvez les Finances sur votre route. Une défaite en finale IdF, mais sans regrets si je me souviens bien ?

Ah non, au contraire, pour le coup je m’en souviens (yes !), un match qui se joue à rien et on a eu énormément de regrets. Cette année-là je pense vraiment qu’on était meilleur et qu’on avait une belle équipe pour aller plus loin, mais on a déjoué et manqué ce rendez-vous, tout bêtement. Et le pire est que c’était l’équipe ou jouait un de mes frères, et que je connaissais du monde en face, donc la « chambrette » que j’avais initié, vu que j’étais sûr qu’on allait les éclater, a continué bien après mais pas vraiment comme je l’espérais…  

En 2006, tu décides de faire ton premier déplacement à Stratford. Vraisemblablement un week-end bien chargé vu le score (54-00…) Souvenir ?

Ah, chère encyclopédie du SCUF, désolé de vous contredire, mais c’était mon deuxième déplacement ! Bon, par contre je n’arrive pas à me souvenir si mon premier était en 1998 ou 2000 (oui, je vais faire quelque chose pour ma mémoire…), mais à la limite ça m’arrange que tu ais oublié, j’avais un ou deux dossiers. Week-end chargé ? Je crois qu’en tout et pour tout j’ai dû aller 7 fois à Stratford, et je ne me souviens pas d’un week-end pas chargé, donc avec certitude : oui, week-end chargé, et forcément match plus compliqué ! En plus à cette époque le Chicago Rock était encore ouvert (t’as vu je me souviens bien du nom des bars par contre).

Saison 2007/08, tu joues les cinq premiers matchs avec la Réserve et c’est la fin… Tu quittes le groupe compétition. Tu rejoins les Vieux Cochons avec qui tu gagnes la Coupe des Clubs du Samedi (un trophée à nouveau remporté en 2017 !). Comment s’est passé cette transition ?

Je ne saurai plus te dire pourquoi j’ai fait la bascule en milieu de saison, peut-être une blessure, mais pour le reste c’est le truc classique : après la naissance de mon premier fils, négocier mes journées du dimanche étaient devenues plus compliquées. Tu rajoutes un travail un peu loin qui m’empêchait de venir m‘entraîner les deux fois réglementaires par semaine, et comme tu ne veux pas quitter le SCUF et les copains… tu bascules. Au départ ça fait un peu bizarre de quitter le groupe « principal », mais au final c’est une vraie chance d’avoir cette équipe, moins contraignante, pour continuer à jouer malgré tout. Et puis ça m’a permis de jouer et nouer des liens avec la génération d’avant, et ça aussi c’est très sympa.

Le SCUF c’est vraiment une histoire de famille pour toi ? Tu as quand même eu la « chance » de jouer avec ton frère et ton beau-frère. Un mot sur ces deux joueurs ?

Non, c’est d’abord et avant tout une histoire de potes, et en fait c’est quatre frères qui ont joué à des périodes différentes et plus ou moins longtemps sous les couleurs du SCUF. Tous venus par « moi » effectivement, mais sans que ça ait été spécialement une volonté spécifique de jouer sous les mêmes couleurs, même si ça a toujours été un plaisir : ils cherchaient un club sympa, j’en connaissais un. Yann (Lavoir), c’est un peu différent, on s’est connu à Paris 1 lors de notre première année de rugby à tous les deux et je l’ai effectivement fortement incité à me rejoindre au SCUF en 1997, car à l’époque je ne savais pas qu’il convoitait ma sœur, sinon tu penses bien ! Un troisième ligne rude, parfait pour me protéger en soirée des avants bourrins (mais je ne parle pas de toi évidemment qui n’était que tendresse et douceur) que je ne pouvais pas m’empêcher de chambrer vu que je jouais derrière. Et depuis on a quasiment partagé tous les événements rugby ensemble. Donc de fait, c’est vrai que mon histoire rugbystique est fortement marqué par notre « duo ». Ah, et n’écoutes pas les quelques langues fourchues qui te soutiendront que la venue de ces joueurs est mon plus grand apport au club ! 

La 3 Vieux est connue pour ses petites tournées sympathiques tous les deux ans. Tu as pu participé auxquelles ? Et pour cette saison il se prépare quelque chose quelque part ?

Et bien bizarrement à part les séjours à Stratford, je n’ai participé qu’à une seule tournée des VC, celle d’il y a deux ans à Bayonne et Pampelune. J’ai loupé l’Argentine parce-que c’était compliqué en terme d’organisation. Et pour cette année… joker pour l’instant.

Tu avais été missionné l’année dernière pour réaliser une lettre régulière diffusée par le SCUF Omnisport, ou on en est de ce projet ?

Toujours dans les tuyaux… mais ils sont très, très longs… Ça a été compliqué de se coordonner cette année, mais l’idée est toujours là, et sauf contrordre del Presidente, on ne désespère pas qu’elle voit le jour car c’est une bonne idée.

Tu as succédé cette année à Laurent Boutalbi et Flo Palomares, à la tête de l’Equipe 3. Comment se déroule le chantier de la 3 ?

Ben comme un chantier justement : c’est le bordel ! Non, disons qu’on n’a pas vraiment été épargné par toute une liste dont je te passe les détails, et que c’est donc assez compliqué à gérer en terme d’effectif. Par contre il y a un super groupe de mecs, avec de belles arrivées, et on s’accroche au mental contre des équipes de plus en plus jeunes et entraînées. Alors qui sait, sur un malentendu avec ce groupe on pourrait bien gagner quelque chose si on arrive à tenir l’année en slip ! Mais il y a une réflexion à mener pour l’année prochaine autour de cette équipe pour qu’elle rebondisse dans de bonnes conditions, car je crois sincèrement qu’elle représente quelque chose de l’histoire et la singularité du SCUF et doit se « transmettre » aux autres générations, qu’ils puissent prolonger le plaisir de jouer au rugby au SCUF comme nous, même quand ils auront moins de temps

 

As tu quelquechose à ajouter… ?

Je ne vais pas entrer dans une longue litanie de noms, parce-que sinon on n’est pas couché. Mais juste, et même si je n’en avais pas spécialement besoin, il se trouve que le rugby et les rencontres que j’ai pu y faire, en particulier au SCUF, m’ont vraiment apporté dans ma vie. Ça fait énorme cliché et c’est moche, mais c’est comme ça, il se trouve que ce sport n’a pas son pareil pour créer des liens forts, et que ce club avec ses singularités et ses valeurs intactes en représente parfaitement l’esprit. Et c’est pour ça que je suis autant attaché à l’un et à l’autre et qu’à un moment on a aussi envie de rendre un peu de ce que l’on a reçu. Ah si, quand-même un dernier petit souvenir pour la route, parce-que celui-là je pense qu’il n’y a pas grand monde qui peut s’en prévaloir : on a eu un entraîneur un peu dingue (mais de cette dinguerie que personnellement j’adore) et « créatif », Jacques Sans, qui pour ceux qui s’en souviennent a obtenu de nous qu’on fasse la « fourmi » un jour lors d’un match à Carpentier. Une phase de jeu très… spéciale ! A chaque fois que j’y repense ça me fait rire et sourire, parce-que c’était tellement ubuesque comme situation… Mais au moins tu vois, ça je m’en souviens !