Pierre Le Garnec arrive au S.C.U.F. en 2007. Après 10 saisons avec le club ponctuées de deux titres de champion IdF et une place en finale du championnat de France, il se livre sur son parcours…
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- Né le 12 Septembre 1984
- Taille : 1m81 poids : 87 kg
- Postes joués : Tous les postes de derrière et de la troisième ligne
- Profession : Officier de police Judiciaire à la Brigade de Répression du Banditisme (BRB)
- Situation maritale : Marié
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– Comment es tu tombé dans le rugby ? Tes clubs, ton parcours, ton palmarès…
Le rugby… Ce mot, je dois l’employer plus d’une dizaine de fois par jour depuis l’âge de 6 ans et je ne suis pas sûre de l’avoir encore totalement compris.
C’est difficile de parler de sa carrière de rugby sans parler de sa vie, car pour moi ce sport fait partie intégrante de ma vie depuis tout petit. Les potes de la demi-finale contre La Valette le savent, « j’ai pris la vie coté rugby ».
C’est tout simplement une histoire d’amour et de famille.
Mon père participe avec ses deux frères à faire monter et maintenir Vannes en Fédérale 3. À ma naissance, il décide d’aller jouer à Auray. Mes dimanches étaient alors déjà programmés, je les passe sur le bord du terrain à le regarder jouer. Je fais mes premiers pas à l’âge de 6 ans à l’école de rugby de Vannes jusqu’en junior. D’ailleurs une année, avec mes deux frères et mes cousins, nous sommes huit LE GARNEC inscrits dans ce club. L’école de rugby est la meilleure de Bretagne, je suis alors une dizaine de fois champion de cette magnifique région.
Puis avec les études, à Rennes puis à Vannes, je ne peux plus m’entrainer comme le niveau Crabos l’exige, alors je vais partir jouer avec Auray. Je vais très vite intégrer les séniors qui évoluent en Fédérale 3 avec une poule Parisienne. Comme un signe du destin puisque cette année là je découvre l’ACBB, Versailles, Melun et le leader le rugby club de Saint Denis.
Cette année la, restera gravée dans ma mémoire, non pas parce que c’est ma première saison avec les grands, mais car je joue à l’aile et c’est mon père qui porte fièrement le N°9. Des anecdotes autant que des souvenirs de cette année, j’en ai plein la tête et plein le cœur, mais je les garde pour les copains au comptoir.
La fougue de la jeunesse, me pousse à trahir ma patrie en rejoignant l’ennemi juré d’Auray, le RC Grand-Champs (Le derby va se jouer le week-end prochain). Je retrouve surtout les copains de Vannes de mes débuts, la saison va être courte, puisque je pars à Lyon en école de police en Février.
Je pose enfin mes valises avec détermination à la capitale en février 2007. J’habite le 15ème, je me dis que jouer à Paris 15 serait plus pratique… Heureusement, Jérome Jouclard qui entraine la sélection Police 75, va me diriger vers la porte de St Ouen. J’ai fait comme beaucoup je pense, un petit tour sur Wikipédia pour savoir ce que voulait dire SCUF, puis je me suis dit que le détour valait peut être le coup. Parfois la vie se joue à rien, quelle connerie j’aurais fait d’aller jouer près de chez moi.
C’est alors le début, d’une nouvelle vie, d’une nouvelle aventure où je vais être ces dix dernières années, un très grand privilégié.
Le SCUF va m’apporter énormément, bien plus que ce j’ai pu lui donner.
Dans un premier temps je vais y trouver très vite de fidèles amis, Je pense notamment à Arnaud LE PAPE et Jeff FOUCARD. Mais ce club est tellement riche par sa diversité de joueurs qui viennent pour la plus part de partout sauf de Paris, qu’il va me permettre de constater que le SCUF c’est tout le monde qui apporte un peu de chez lui pour faire gagner une seule couleur le noir et blanc. C’est surtout dans ta vie de tous les jours que ce club t’apporte quelques choses. C’est d’utilité sociale. En tout cas, moi il m’a rendu moins con.
Sportivement, c’est gigantesque aussi. Avec ces trois titres, Champion IDF en 2009 en première, puis en 2015 avec la B et cette finale du championnat de France.
Oui j’ai été un grand privilégié avec le SCUF.
– Tu joues ton premier match avec le SCUF en 2007, lors de la 3ème journée ( défaite à Yerres 13-06). Tu enchaînes ensuite les 17 journées de championnat Honneur comme titulaire. On te retrouve au centre, à l’aile, à l’arrière… Et au final le SCUF finit en milieu de tableau au classement, et c’est le départ du coach Michel Bonthoux. Souvenir de cette première saison ?
Oui évidemment que je me souviens de cette saison et surtout des joueurs qui composaient l’équipe, Nicolas Paradis, Sébastien Lacaze, Chouk, Barbe et Renat ,des monuments du SCUF.
D’ailleurs le SCUF a vraiment grandi depuis, quand j’y pense à l’époque… On avait ces maillots affreux à carreaux verts et jaunes. Mais c’est surtout pour moi, l’année de la découverte du Pousse au crime avec notre cher J-P LE BALCH, que je bise au passage.
– Cette saison, tu découvres Stratford et tu ne fais pas les choses à moitié. Tu es bénéficiaire du premier carton jaune de l’histoire de la Rose Cup et finis avec une grosse entorse… Une rencontre à laquelle tu es attaché, non ?
Stratford. C’est tellement particulier, c’est tellement fort. Tu rentres dans l’histoire dès ton arrivée à Pearcecroft. (Pas besoin de carton pour ça, pourtant… )
Tu peux rater ta saison, mais si tu gagnes la Rose Cup, c’est oublié. Surtout si tu gagnes là bas…
Cet événement dépasse même le sport, je me suis lié d’amitié avec Luke Torres que je vois encore lorsqu’il vient en France. C’était le capitaine lors de ma dernière venue là bas, j’avais parié un Yard pour celui qui perdait. Evitez de le faire.
– Saison 2008, te voilà installé à l’aile. Le SCUF s’installe dans le 17ème, joue les premiers rôles et remporte la finale IdF Honneur contre les Boucles de la Marne (23 – 18 a.p). L’aventure se termine en demi-finale du championnat de France et le SCUF monte en Fed 3. Souvenir ?
C’est un des meilleurs souvenirs de rugby, ce match est fou, tu perds 18 à 0, il y a 2000 personnes autour du stade et tu remontes le score. Puis les prolongations. Un match énorme, avec un Zanca qui marchait sur l’eau.
Ensuite la campagne des championnats de France est magnifique, c’est pour ce genre de matchs que j’aime le rugby. Je m’entraine tous les jours. Durant cette période ma vie se résume à « RUGBY, MUSCU, RUGBY ». Tu joues sous le soleil, c’est merveilleux et j’y crois surtout dur comme fer. Le vestiaire est tenu par Motta et les retours en car sont bercés par les chansons d’un super mec, Fabrice Tournié.
On perd en demi finale contre le champion, sans regret mais c’est d’ailleurs la première fois que ma femme me voit pleurer.
– Le 4 octobre 2009, le SCUF reçoit l’ACBB. C’est une défaite 07-30, mais c’est surtout ton premier match avec ton frère Clément qui joue n°9. Un mot sur ton frère ?
Quand je dis que je suis un privilégié, ce n’est pas uniquement pour les nombreuses campagnes de championnats de France auxquelles j’ai pu participer. Mais c’est surtout de pouvoir jouer avec lui. C’est un super joueur de rugby et c’est toujours un réel plaisir de jouer avec un membre de sa famille. Le plus dur, les premiers matchs, était de gérer cette émotion dans le vestiaire.
Maintenant, quand il ne joue pas avec moi, je trouve le match insipide, sans saveur.
Vous voyez, je me suis habitué au luxe dans ce club.
– Ta saison en Fed 3 s’arrête à la 10ème journée, tu disparais ensuite des feuilles de match. Tu t’es blessé ? Le SCUF retombe à l’étage inférieur.
Une saison difficile. J’enchaine les blessures. L’arcade (6 points) puis la semaine suivante je m’explose le nez. Alors que je reviens tout juste avec un nouveau nez (même Rénat était jaloux), je me fais une grosse entorse au genou. La saison a oublier, peut être trop de fatigue avec la saison d’avant…
On descend de division, pourtant on perdait de très peu nos matchs, à la différence de cette année.
Je précise que le niveau n’avait cependant rien à avoir avec celui de cette saison.
– Les 3 saisons suivantes, le SCUF tient sa place en Honneur et tu deviens un leader des lignes arrières. On a même l’impression que tu deviens plus posé, beaucoup moins de cartons dans des stats !
Aha, oui je grandis enfin. C’est la période où je me posais pas mal de questions dans ma vie, je crois que j’ai bien changé à cette époque. J’ai opéré aussi plusieurs changements dans ma vie professionnelle et je me suis marié. Je suis devenu plus sage.
– Saison 2014/15, tu te partages entre la Réserve et l’Equipe 1. Au final, tu évolues avec la B où tu sévis à l’aile. Une saison où on aura les 3 frères Le Garnec lors d’un match à Montesson, un titre de champion Idf Réserve et une place de finaliste du championnat de France des Réserves. Souvenir ?
Les photos de cette saison exceptionnelle sont accrochées dans nos salons respectifs. Je suis l’ainé, je suis très proche de mes deux frères et ils sont très importants dans ma vie. D’avoir eu la chance de jouer avec les deux sous les couleurs du SCUF, c’était super, un privilège de plus. Même si Marc-Antoine ne fait pas un grand match, (d’ailleurs on le chambre à chaque repas de famille avec ça).
Ce jour là, si on avait proposé un maillot à mon père il l’aurait enfilé de suite pour jouer avec nous.
– Te voilà maintenant embarqué avec la Réserve. Pourtant, en février 2016, tu viens dépanner l’Equipe 1, au poste de 3ème ligne aile, dans un match clef où le SCUF arrache la match nul (12-12) sur le terrain de la VGA St Maur. A l’issue le SCUF tient sa place et remonte en Fed 3. Un sacré souvenir j’imagine ? Un mot sur le match et ton replacement au poste de troisième ligne aile lors de cette saison.
C’est mon plus grand regret au rugby de ne pas être passé plus tôt au poste de troisième ligne. Le poste d’ailier est un peu ingrat et avec l’âge, difficile de rivaliser avec des Hugo Mestre ou des Julien Bégu qui vont à dix milles. En fait pour être franc après vingt ans de rugby, je redécouvre mon sport en passant 3ème ligne. Tu sers l’équipe avant de te servir, tu participes constamment au jeu et ton job c’est de plaquer et j’adore ça.
C’est vrai que l’année de la montée, je suis titulaire sur l’une des plus grosses affiches à l’extérieur, c’était flatteur pour mes débuts à ce poste.
Je crois que le plus difficile dans cette reconversion, c’était les blagues des avants aux entrainements, les mecs se pincent les tétons…
– Du côté de la Réserve, où tu as pris le capitanat, vous voilà en Finale IdF. Hélas c’est une dure défaite contre Cergy (14-19).
Ce match, c’est ma 5ème finale. C’est un truc de fou quand même, 5 finales.
Avant le match, dans le vestiaire, je laisse parler mon cœur, tout le monde pleure, on est décidé à gagner. On fait une entame quasi parfaite puisqu’on mène 14 – 0 après 25 minutes de jeu. En face, ils ne voient pas le jour. Puis notre coaching est un peu juste (2 équipes en finale) et pour ma part je sors sur blessure (déchirure de l’adducteur). On se fait remonter au score, malgré le gros match d’Antoine SIMON. Quand t’es capitaine, tu prends plus souvent la défaite sur tes épaules que la victoire. Ce n’était vraiment pas un bon souvenir, en plus la une se fait fesser aussi.
Blesser pendant plus d’un an, je ne participe pas à la courte campagne des championnats de France qui va suivre cette finale perdue .
– 2016-17, c’est une quasi saison blanche. Que s’est il passé ?
Blessure à l’adducteur de l’année passée et mon nouveau poste me prend beaucoup de temps. Je fais un break qui me fait du bien.
– Cette année, la Réserve est l’équipe qui focalise les espoirs au niveau Seniors. Peux tu nous dire un mot sur le groupe et les ambitions que l’on peut avoir ?
Cette année est compliquée pour les seniors, surtout pour la A. Mais pour la B, c’est difficile aussi. Les coachs se démènent tous les jeudis pour faire une équipe le dimanche. C’est donc difficile d’avoir une solide ambition pour cette campagne de championnats de France qui sera la dernière pour moi.
De mon côté sachez que je vais tout donner, je connais mon frère, je sais qu’il en fera tout autant comme tant d’autres.
C’est du bonheur à prendre, je suis persuadé qu’on a les armes pour aller au moins en quart. Le premier tour, c’est toujours le plus dur.
– Il se dit que tu raccrocherais les crampons à l’issue de la saison ? As tu envisagé une reconversion ?
Oui, je vais être papa d’un petit garçon au mois de Juillet. Il est temps de transmettre.
– As tu un mot à ajouter ?
Je me souviens sur ma trousse au collège, j’avais écrit cette phrase « Life is too short, don’t waste it, play rugby ». Elle est vraiment sympa, la vie coté rugby.
Merci à ce sport pour tout ce qu’il m’a donné, et merci aux nombreux Scufistes avec lesquels j’ai pleuré, j’ai perdu, j’ai gagné et avec lesquels je me suis surtout bien marré.