Wladimir HAGONDOKOFF


  • Wlad(imir) Hagondokoff
  • 1,88m  116kg (aujourd’hui: 98kg)
  • 2e ligne
  • ancien Directeur des Relations Internationales de Rémy-Cointreau

  • Comment es tu tombé dans le rugby et quel est ton parcours avant le SCUF ? Tu as un beau parcours avec la Fac de Droit je crois ?
A 18 ans, je jouais au volley-ball avec les juniors du PUC, à un bon niveau, ce qui m’a permis par la suite d’avoir une technique du saut, bien utile à une époque où les soutiens étaient interdits, et j’étais par ailleurs un judoka prometteur.
Au lycée Janson de Sailly, j’ai eu l’occasion de jouer un match de rugby. Un régal, terminé avec une fracture de la clavicule. J’arrête aussitôt le volley et le judo et m’engage dans le rugby. J’intègre la faculté de Droit et son équipe de rugby à un niveau plus que modeste. En 4 ans, l’équipe du Droit, sous mon capitanat, gravit tous les échelons jusqu’à une ½ finale de championnat de France, attirant des joueurs de haut niveau du rugby parisien.
  • Si mes sources sont bonnes tu es invité en 1967 par Jean Hospital lors d’un match SCUF Vs British RFC et c’est là que ton coeur a chaviré ? La piscine Chazelles, un lieu mythique ?
Michel Hospital qui joue au Droit avec moi, parle de moi à Jean Hospital et ils m’invitent à jouer contre les Britishs de Paris dirigés par l’ancien capitaine de l’Ecosse Jock Davidson.
Rendez-vous à l’Alsace à Paris où on me présente un géant du SCUF, Bruno Martin-Neuville, en train de manger sa traditionnelle choucroute spéciale d’avant match. Je me dis immédiatement que ça a l’air d’un Club pour moi ! Pendant le match, après quelques touches que je gagne nettement, Davidson monte du fond de touche vers moi en touche courte. Je gagne les 2 ballons suivants, Davidson retourne en fond de touche et je signe au SCUF pour quelques décennies.
La « Piscine » Chazelles a été le lieu de rendez-vous et aussi de recrutement du rugby parisien et scufiste. Combien de licences signées dans ce lieu magique par des joueurs séduits par l’esprit du Club et du lieu ou quelques fois après quelques verres de trop… Même Gérald (Gégé) Martinez a bien failli signer au SCUF, en provenance de Toulouse, avant de signer au Racing et de devenir Champion de France !
  • Tu deviens alors un joueur clef du SCUF en 3ème division et également un sacré recruteur… Tu as quelques noms que tu as fait venir au SCUF ?
L’équipe du Droit voit venir de nombreux joueurs de talent, provenant de grands clubs, attirés par la qualité de son jeu et par l’ambiance et la solidarité des joueurs. A tel point que, pour rester avec le même groupe, beaucoup vont signer au SCUF pour me (nous) rejoindre : Erik Sainderichin (CASG), Dominique Petat, Pipo et Michel Demargne (PUC), Daniel Bourrel (ASPTT), Layac et Charly Pelanne (Racing) et bien d’autres. Je n’étais sûrement pas le meilleur joueur, mais sans doute un des plus fédérateurs, leader combattant et aboyeur sur le terrain,mais aussi , avec Jean Hospital , animateur de la nuit Parisienne et de la vallée de la soif.
  • J’ai souvent entendu parler du repas d’intégrattion que tes parents, ton frère et toi avaient concocté fin 1968, veille d’un gros match contre Niort…
Mon frère Michel, kiné, volleyeur de haut niveau (PUC, Bataillon de Joinville, international espoir…), séduit par l’ambiance et la fraternité du rugby, vient nous rejoindre, apportant son efficacité en touche, ainsi que son caractère ! Devenant ensuite préparateur physique du SCUF. Il a vécu ensuite en Thaïlande, puis maintenant à Nice.
Un mot sur un repas décidé avec mon frère et les frères Hospital un jour d’inquiétude après un début de saison catastrophique – dernier match des matches aller, sans aucune victoire, contre Niort, invaincu, venant de 2 ème division. Pour ressouder l’équipe, nous organisons, chez mes parents, un Bortsch (3 jours de préparation pour ma Maman !). Un repas tout à la crème ! Après un apéritif aux 3 vodkas (blanche, jaune aux herbes la zoubrovka, rouge au poivre) avec zakouskis variés et en quantité. Chacun ayant apporté 3 bouteilles de vin… Le dîner commence. Saumon à la crème, Bitki (boulettes de viande et patates à la crème), Bortsch (soupe aux choux à la crème), galoupsis (feuilles de choux farcis viande et crème), Vatrouchka (gâteau au fromage blanc et crème). Le repas s’achève vers 4 H. du matin, et alors Pierre Lidon s’exclame « Je
remettrais bien ça », et ça repart dans le même ordre. Dans la matinée, le repas s’achève. Il est alors temps de se rendre au stade. Après une bonne douche dans les vestiaires, le SCUF étrille Niort 14 à 0, à la
grande surprise des joueurs niortais. Du point de vue diététique, ce n’est peut-être pas la meilleure référence, mais en ce qui concerne la motivation et la solidarité ce fut un succès complet
  • De 1967 à 1980 tu as été un deuxième ligne envié par de nombreux clubs. Parle nous de ce poste spécifique, comment que c’était de jouer 2ème ligne au 20ème siècle. Parle nous également des partenaires illustres qui ont poussé à tes côtés…
Le volley m’ayant souvent permis d’être plus haut que mes adversaires,  j’ai eu la chance de bénéficier de la protection de partenaires solides et de partager la 2ème ligne avec des joueurs considérables : PatrickDufournier, le talent, la puissance et peut-être parfois un peu trop d’agressivité (mais on se sentait en sécurité avec lui, celui qui m’appelait « son bœuf » pour l’attelage) ; Bruno Martin-Neuville, tout en angle et en flegme, mais dont la présence dans la mêlée était irremplaçable ; Peter Macnaughton, arrivé jeune, avec son enthousiasme et sa rudesse typiquement écossaise, qui m’apportait cette jeunesse qui me motivait, moi, le vieux.
  • Récemment tu es allé fêter les 50ans du grand Chelem français de 1968 chez Walter Spanghero. Peux tu nous raconter cet évènement et comment tu as fêté ce titre il y a un demi-siècle rue de la soif ?
2018, 50 ans du 1er Grand Chelem, mes amis Christian Carrère et Walter Spanghero décident d’organiser un grand rassemblement. Un immense moment d’amitié, et un rappel de ce qu’était le rugby et de ce qu’il devrait être encore aujourd’hui , un jeu de passes et de mouvement. Je m’y rends avec Benoît Dauga chez qui je passais quelques jours, y retrouvant mon ami, mon presque jumeau, Jo Maso, l’artiste absolu, la référence aussi bien pour le jeu que pour le sens de l’amitié , celui qui m’a gratifié dans une dédicace de son livre du titre de « plus grand sauteur » qu’il ait connu.
Mais même un 2ème ligne sait fixer et passer… Tous ces géants sont devenus mes amis dans le grand monde du rugby, mais aussi de la nuit. En 1968, les 3 nuits suivant le Grand Chelem (et les jours aussi) avec Jean
Hospital, chez Tony, au Sunny Side, rue Princesse, nous avons fêté ce Grand Chelem avec Christian Carrère, Benoit Dauga, Elie Cester, Jo Maso et quelques autres. L’amitié n’a jamais cessé, entretenue aussi pendant les tournées de l’équipe de France, où, quel hasard, mes tournées, conférences, réunions étaient aussi organisées, et au Château Ricard, rendez-vous de l’équipe de France, avec Christan Carrére , Directeur de la communication de Ricard ,et Benoît Dauga Directeur du Château
  • Tu as joué jusqu’en 1980 je crois ? Comment as tu vécu ton après rugby scufiste ?
J’ai joué jusqu’en 1980, en Folklo, mais ensuite, mon métier me faisant voyager dans le monde entier, il a été difficile de continuer. Pendant les années suivantes, grâce à mes activités de Directeur des relations internationales de Rémy- Cointreau j’ai pu aider la vie du Club pour les grandes fêtes du SCUF…
  • Parlons de la Rose Cup une rencontre qui t’est cher ? Tu joues à Stratford en 1968 mais ne connais la victoire qu’en 1976. En 1977, tu gagnes à Pearcecroft et gâche le centenaire du club de Stratford… En 1983, à près de 40ans tu gagnes à nouveau à Stratford ! Parle nous de ces rencontres, de cette amitié et de souvenirs qui te sont chers…
Ah, la Rose Cup. La motivation suprême, le match le plus important de la saison, celui qui permet de couronner une bonne saison, ou d’oublier une mauvaise saison pour préparer la suivante. Celui au cours duquel on donne tout, contre l’ami-ennemi, avec qui on partage tout, le combat, l’amitié, les fêtes. Gagner pour le centenaire de Stratford … un peu de peine pour nos amis, mais quelle fierté.
1983, à 40 ans, je joue encore en Folklo. André Celhay, entraineur du SCUF, connaissant mon implication et mon engagement total contre Stratford, m’appelle comme Capitaine, et nous terrassons « l’Anglois », après un match « engagé » (je me suis inspiré de mon ami Benoît Dauga, qu’on appelait alors Le Grand Ferré). Une grande fierté et un moment inoubliable que mes amis de Stratford me rappellent régulièrement
  • Tu es un habitué des Coupes du monde de rugby avec ta bande de copains. Seras tu au Japon en 2019 ?
Les Coupes du Monde. En 1995, avec la Peña SCUF, composée de Scufistes et assimilés (en particulier ceux de Saint Vincent de Tyrosse) pour écumer les grandes Férias, nous décidons d’aller en Afrique du Sud. Une tenue à trouver : après un repas très arrosé, je propose avec le soutien enthousiaste de Jean Louis Isnard, le smoking rose, voté à l’unanimité, et qui ne passera pas inaperçu – Télévision France- Tonga en Nouvelle Zélande, 30 secondes de plan fixe.(photo) Nous le porterons en Afrique du Sud, en Australie, en Nouvelle Zélande et en 2019 au Japon. Le secret de ces tournées ? A chaque fin de Coupe du Monde, un compte est ouvert, avec virement mensuel de 100 €, après 4 ans, le voyage est payé. A rapprocher de ces Coupes, les Marathons des Leveurs de Coude, organisés avec Jean Cormier avec qui j’ai eu le plaisir de travailler à l’organisation, qui s’est ouvert cette année à quelques Scufistes d’élite, n’est-ce pas Lazz et Lawrence !
  • Le SCUF redémarre sa saison en Honneur fin septembre, as tu des conseils de grognards à transmettre aux jeunes pousses ?

Wlad avec sa choppe from Stratford !

Cette année, le SCUF va repartir en Honneur après quelques matches perdus dans les derniers instants, après de belles prestations. Inspirons nous des joueurs de Stratford qui lors de la Rose Cup 2018, après avoir été dominés, accrochés, n’ont jamais baissé les bras, pour finalement l’emporter. Cela doit nous servir d’exemple. Un match, c’est 80 minutes, il faut le jouer à fond, jusqu’à la dernière seconde et retrouver sur le terrain l’amitié, la solidarité, l’honneur de jouer pour le SCUF, pour le maillot.

Nous sommes Scufistes, soyons en fiers, et rendons au Club ce qu’il nous donne