La chronique de Pero…


Le soleil entamait son déclin, le barbecue s’éteignait doucement, les digeos remplissaient leurs tâches et nos gosiers, tandis que les enfants chahutaient gentiment avec un ballon de rugby dans le jardin. On était heureux, tous ensemble, une fois de plus réunis à se remémorer nos années de joueurs, à se filer comme des coqs de combat sur un pré trop grand pour nos surpoids exhibés.

Cependant, le petit Kevin, lui, ne jouait pas. Etait-il malade ? Avait-il mal digéré la côte de bœuf ?

Non, son père dut nous l’avouer, au milieu d’une suspension du temps qui nous rappelait les courses de Jean-Baptiste Lafond : Kevin n’aimait pas le rugby ! « devenu trop dangereux… » La douche froide !

Le choc passé, les verres remis à niveau, il fallut tenter de comprendre, puis d’expliquer. Alors on a chanté à tue-tête, comme au bon vieux temps, car

Si tu n’as jamais joué, comment peux-tu comprendre

Qu’on ait le cœur serré lorsque revient septembre …

On nous dira que le rugby change, qu’il n’est pas aussi beau qu’avant, qu’il est devenu dangereux… et alors ? Les valeurs restent les mêmes. Le Dolpic, la vaseline, la sueur du pote qui vient s’essuyer sur ta joue, le discours du capitaine, et la sensation des gladiateurs qui entrent dans l’arène.

Finis les barbecues, fini le soleil d’été, ne restent que les digeos… et une saison de rugby, la plus grande des aventures humaines.

Allez  les Noirs !