Joueur dans les années 80 et dirigeant emblématique de l’ecole de rugby, Peter Macnaughton revient sur sa carriere et le SCUF d’aujourd’hui…
– Quels sont tes fonctions au SCUF et depuis quand ?
Je suis responsable des cadets cette saison, ayant dirigé l’école de rugby pendant les cinq précédentes saisons. Pourquoi ce changement ? Parce qu’en parallèle, je suis Président du Comité de Paris, ce qui implique un travail énorme : piloter le comité départemental mais aussi participer en tant qu’élu à la vie du comité territorial (CIFR), où je suis membre de la Commission Ecoles de Rugby et de la Commission Sportive. Au SCUF les cadets demandent moins de temps que l’école de rugby, c’est donc Pierre Auriacombe qui a repris l’école et qui assure un excellent travail.
Un mot sur les cadets : nous en avons 35 cette année, dont une douzaine de débutants, donc une seule équipe engagée en championnat. Un trio d’entraîneurs : Ludovic Guillaume, international treiziste arrivé cette année du Stade Français, assisté par Jérôme Jouclard et Jeff Richard, que je n’ai pas besoin de présenter. C’est une nouvelle aventure pour nous tous, le groupe est sympathique et autonome, les résultats sont là (2ème de la poule), nous partons en tournée en Angleterre fin avril : il y a une bonne dynamique et je suis un dirigeant heureux.
– Présentes nous ta carrière de joueur.
J’ai débarqué à Paris en 1978 à 23 ans comme lecteur d’anglais à Normale Sup. J’avais joué en universitaire à Cambridge et en club à Kelso, dans les Borders d’Ecosse, ma région d’origine. A la rue d’Ulm j’ai été agréablement surpris de trouver une équipe de rugby qui tenait la route et quelques très joyeux normaliens qui sont devenus des amis à vie, dont Pascal Wagner, actuel Président du SCUF Omnisports. Pascal a décidé de tenter sa chance au SCUF, en 3ème Division à l’époque, je l’ai suivi … J’arrive en cours de saison 1979/80, tout comme J.Y. Hamet. Je débute en Réserve avec comme capitaine Dominique Petat.
Puis, l’aventure fut inoubliable, d’abord sur le terrain avec quatre saisons en Fédérale 2 (1980-2 et 1984-6) sous l’égide d’un capitaine mythique qui s’appelait Jean-Yves Hamet. Ensuite hors du terrain : les nuits blanches à Paris avec Bourrel, Ripoll et Launay, les stages à La Teste et Saint Céré, les découvertes gastronomiques : dégustation de huîtres, pousse-pieds et muscadet à 6 heures du matin dans le train qui partait pour Strasbourg ou Dijon ou Besançon … Tout ça a marqué le petit Ecossais, qui n’est jamais rentré dans son pays !
J’ai commencé en 7 ou 8 et terminé 1 ou 3 (parcours classique…) mais j’ai surtout joué en deuxième ligne. Je pense avoir été un joueur correct mais c’est vrai qu’il m’arrivait de temps en temps de défendre mes camarades …
– Un de tes plus beaux souvenirs scufistes ?
J’ai passé la moitié de ma vie au SCUF, je me permets donc de vous en donner trois.
Mai 1983 : mon premier Rose Cup en Angleterre. On bat Stratford 6-3, deux essais à un, on était 14 scufistes avec des juniors et des gars de la Trois vieux, plus Tony de Stratford qui nous a piqué un maillot à la fin de match : il l’a nié à l’époque mais il me l’a avoué sur la péniche l’année dernière, 22 ans après.
Mai 1993 : mon dernier match en tant que joueur : nous battons Villiers sur Marne pour être champion d’Ile de France Réserves d’Honneur sur le score de 6-5. Le match fut de petit niveau et houleux (d’ailleurs il fut arrêté avant son terme) mais j’avais comme coéquipier les fils de trois joueurs avec qui j’avais démarré au SCUF en équipe 3 treize ans avant : Bancaud, Hospital, et Roques. Le Balch était entraineur, figurait aussi Manu actuel co-entraîneur de la première, ainsi que Stéphane Durand et Fred Laplaze qui jouent toujours en équipe Trois et dont les enfants ont joué à l’école de rugby ! Le SCUF est cyclique (voir ci-dessous).
Mai 2003 : du noir et blanc au Stade de France, avec quatre minimes du SCUF, dont mon fils, au podium à la mi-temps de la finale du Top 16, ayant terminé 3ème sur les mille et quelques équipes françaises inscrites au Trophée France Télécom du Jeune Joueur.
– Que penses-tu du SCUF d’aujourd’hui ? Le club joue t-il a son niveau ?
On vit une très belle saison : on a des résultats à tous les niveaux et c’est fabuleux de voir la première monter en Honneur. Michel Bonthoux est un ami depuis longue date, c’était notre entraîneur-joueur à la fin des années 80. Il comprend la spécificité du SCUF et c’est important. Et j’ai un dossier épais sur sa vie privée …
Mais la grande saison c’est aussi l’équipe 3 qualifié en quart de finale le samedi, les minimes qui battent le Stade Français et le Racing au Trophée Simmler, un groupe de 25 cadets qui s’entraînent tous les vendredi soir à Carpentier sur le terrain de foot … et c’est deux gamins sortis de notre école sélectionnés en équipe de France : Jacques Boussuge dans l’équipe à 7 et Wesley Fofana en moins de 18 ans.
– Comment expliques tu que la formation des jeunes scufistes n’aboutissent que très rarement à les voir intégrer l’équipe première ?
Très bonne question. D’abord le SCUF est assez cyclique : il y a une bonne génération tous les 5 ou 10 ans. La génération de notre Président a démarré en école de rugby ou en cadets, et a beaucoup donné en première. Après il me semble qu’il y a une génération Connolly, Derome, Chouraqui, Marol, Guénot, tous sortis de l’école, qui sont toujours là.
Maintenant il faut esasayer de faire une bonne génération chaque année, et c’est ça le challenge actuel de l’école de rugby. Vous le verrez, j’espère, dans un an et demi lorsque la génération 1988 passera en sénior. Ces garçons-là sont très “scuf”, dans leur amour de club mais aussi dans leur culture. Et je vous garantis que les meilleurs cadets 1989 et 1990 que je dirige actuellement joueront en première dans dix ans.
Autre point plus épineux : les meilleurs qui partent au PUC et à Massy. Il est normal qu’ils y aillent tenter leur chance – ça confirme notre rôle de club formateur – et je suis persuadé que les Germain Igarza et F-X Hovasse et Christopher Macnaughton termineront leur carrière au SCUF un jour et emmèneront de bons éléments avec eux.
Ce qui n’est pas normal est que des copains qui n’ont pas le niveau partent avec eux, ne reviennent pas et sont perdus pour le rugby. Au CIFR nous travaillons actuellement sur un dispositif qui mettrait un plus d’ordre dans le processus de recrutement et de mutation des jeunes.
– Quels sont tes ambitions pour le SCUF ?
C’est simple : il faut monter en 3ème Division. Celui qui dit qu’on n’a pas les moyens et que le rugby a changé et qu’on est bien où on est peut aller revoir sa copie en 4ème série.
– Si tu veux rajouter un mot…
Le site web doit aussi provoquer, donc je vais foncer …
Au niveau de l’encadrement, on n’est tout simplement pas bon, quelque soit la catégorie d’âge. 3 ou 4 personnes (vous les connaissez car ils sont partout) se partagent un travail qui est réparti dans d’autres clubs de notre niveau entre un minimum de 20 personnes. Alors qu’au SCUF pour râler et « tailler des costards » ce quorum de 20 personnes est vite atteint … C’est très parisien et très scufiste et très frustrant …
Variation sur le même thème : à l’école de rugby nous avons une quinzaine d’éducateurs bénévoles, tous des parents à part quatre jeunes et formidables éducateurs … du Massif Central, notre club partenaire ! Le Massif : une cinquantaine de séniors dont 4 éducateurs diplômés, le SCUF : 128 séniors dont ZERO éducateurs. Je ne fais pas de commentaire, mais j’espère que le tir soit rectifié d’ici la saison prochaine …