- Président du SCUF Omnisports de 1961 à 1967
- Finaliste du championnat de France 1913
- 2 sélections en Équipe de France
Né le 04 janvier 1892 à Paris, Lucien Besset fait ses premières apparitions au sein de l’équipe première du SCUF en 1912. Nous sommes en septembre, le Sergent Laffitte, 3ème ligne, capé en 1910 contre Galles et l’Écosse, le présente à Frantz Reichel. Besset a 20 ans et vient d’être incorporé au 103ème Régiment d’Infanterie à l’École Militaire, où le Sergent Laffitte est instructeur… Il a auparavant joué au Lycée de Dijon, puis au Lycée Voltaire à Paris. Avec ses 1m68 pour 66 kilos il évolue plutôt à l’ouverture, même si on le retrouve parfois au centre. Il côtoie de nombreux internationaux (13 en cinq ans!) et sa progression est fulgurante. Il participe à l’éclatante saison du SCUF et emmène le club à sa deuxième finale du championnat de France le 20 avril 1913 à Colombes face à Bayonne. Les Basques l’emportent 31-08.
La saison suivante est moins glorieuse pour le SCUF mais Lucien Besset connaît la consécration avec ses sélections en Équipe de France au centre. Il a la carte d’international 110. La première a lieu le 2 mars 1914 à Swansea où le Pays de Galles bat la France 31-00. Malgré la défaite du quinze de France, le Sporting Life affirme : « Si l’équipe de France avait plus de trois-quarts de la trempe de Besset, elle deviendrait l’une des meilleures ». Sa seconde et dernière sélection se passe le 13 avril 1914 à Colombes face à l’Angleterre. Les Anglais l’emportent 39-13. Les Français marquent 3 essais et Besset en transforme deux. Le journal L’Auto relate « Besset a fait une véritable exhibition, il défend solidement, il attaque vite, démarre sec, perce, feinte et passe à propos, impeccablement ». Il est sur le chemin d’une carrière sportive prometteuse. Malheureusement pour raison de guerre, la rencontre internationale suivante ne se déroulera que le 1er janvier 1920.
Des trente participants de ce France – Angleterre, onze vont disparaître dans ce suicide de l’Europe. Pendant ces quatre années de souffrance et d’héroïsme, Lucien Besset va s’affirmer comme un combattant valeureux, puis un chef lucide et intrépide. Parti 2ème classe, il sera rendu à la vie civile en septembre 1919, après sept années de sa jeunesse passées sous les drapeaux. Il est alors lieutenant au 13ème Régiment de Marche de Tirailleurs Algériens. Blessé trois fois, cité sept fois, il porte la Croix de Guerre avec palmes et a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur sur le champ de bataille. A l’issue de ce premier conflit mondial Lucien Besset revient au club et jouera régulièrement de 1919 à 1921. Le grand joueur est toujours là, mais il y a quelque chose de changé. La vie, le travail vont l’entraîner vers d’autres activités.
Ayant repris avec son frère Paul (lui aussi Scufiste et Rugbyman), l’affaire industrielle familiale, il va accepter des tâches syndicales concernant l’industrie du bois. Secrétaire dès 1921, puis Président en 1924 de la Chambre syndicale du Sciage et du travail mécanique du Bois, il crée des ateliers écoles à la chambre de Commerce de Paris. En 1928, il se lance dans une carrière politique avec le Parti radical indépendant. La même année il est fait Officier de la Légion d’Honneur. Il devient député du XIème arrondissement de Paris de 1928 à 1936 ainsi que Secrétaire de la Chambre des Députés. On le retrouve à d’autres fonctions, comme contrôleur des frontières et Vice-Président de la Commission des Armées. En 1930 il devient membre du Conseil Supérieur de l’Éducation Physique. Peu après il a un choix déchirant à faire. Il choisit ce qui lui semble plus conforme à sa conception du Sport : la dissidence d’avec la Fédération Française de Rugby qui défend trop mollement, à son sens, l’amateurisme vrai. Le SCUF étant resté, malgré sa sincérité et sa pureté, dans le giron fédéral, Besset emboîte le pas au Stade Français et rejoint les rangs de l’Union Fédérale de Rugby amateur (U.F.R.A). Et quand il se rendra compte que la corruption a aussi envahi l’UFRA, le jeu à XIII (avec Gallia, Max Rousié…) aura fait son apparition. L’International Rugby Board rompt avec la France. Là dessus, c’est en 1936 le grand souffle du Front Populaire. Lucien Besset est balayé, malgré tout ce qu’il a fait pour la classe ouvrière et le XIème arrondissement. Le « glorieux poilu » est oublié… Il est pourtant devenu Commandeur de la Légion d’Honneur en 1936.

Tournoi des V Nations 1914 : France – Angleterre
Membre de la résistance durant la seconde guerre mondiale il devient à la Libération Vice-Président du mouvement National de Résistance. Il participera encore aux tâches syndicales. Quant à la politique active, il ne veut plus en entendre parler. Par contre il reprend contact avec ses vieux camarades du SCUF. Le SCUF a choisi l’amateurisme vrai et les résultats ont peu à peu décliné, en tous sports…
Il prend la présidence de l’Omnisports de 1961 à 1967 et œuvre avec le Docteur Jean Martin qui occupe le poste de Secrétaire. Il est parfait à ce poste, la seule difficulté est de freiner son atavisme rugbystique, qui créerait peut-être des inégalités avec les autres disciplines du club ! C’est au Rugby qu’il consacre ses dimanches parisiens, accompagné de sa fille Monique et de son ami de toujours, le Général Michel Juille.
En 1969 il reçoit la médaille d’or du SCUF. La même année, c’est le cinquantenaire de son match contre l’Angleterre. Le Docteur Martin, alors médecin de l’Équipe de France, le convie au dîner d’après-match où il le présente à ses jeunes successeurs. L’accueil de ces derniers est affectueux, filial, respectueux. Lucien Besset est heureux… En 1967, le Docteur Martin lui succède, il a alors 75 ans. Il décède à Paris le 2 avril 1975 à l’âge de 83 ans.
Lucien Besset, un grand parmi les grands, dernier International du SCUF !