Date naissance : 17 février 1961 Lieu : Neuilly-sur-Seine
Taille – Poids : 1,75 m et 118 kg
Poste : Pilier (droit ou gauche) selon l’humeur et les contraintes de l’autre joueur faisant office de pilier
Profession : Directeur d’un centre Bus de la RATP
Situation maritale : Marié
– Comment as tu commencé le rugby ? Qui t’y a amené ? Quel est ton parcours avant ton arrivée au SCUF ?
Mes premiers souvenirs rugbystiques remontent à la fin des années 60 début des années 70 avec les diffusions sur la télé en noir & blanc et les commentaires de Coudert et Albaladéjo. Pas d’école de rugby mais un entrainement au coup de pied, digne de Wilkinson, avec un ballon offert par mon père, ce qui m’a permis d’avoir un coup de pied de plus de 50 m en cadet ! Mes vrais débuts sur un terrain, c’est au lycée Jacques Decour, déjà sous des couleurs noires, que je les ai faits en 1975, avec le rôle de pilier buteur.
– Qu’est ce qui t’a amené au SCUF ? Comment se sont déroulés tes débuts ? Equipe 1 / 2 ?
Comme beaucoup de pratiquants rugby à Jacques Decour, j’ai rejoint le SCUF, club parisien le plus proche. A mon arrivée, en 1979, j’ai intégré l’équipe junior 1 puis rapidement joué avec la réserve, l’entraîneur des seniors, André Celhay, s’occupant également des juniors.
Remplacement attitré de l’équipe première, les places, notamment en première ligne, étaient très chères à l’époque, j’intègre définitivement cette dernière lors de la saison 1986 / 1987, le SCUF évoluait alors en deuxième division.
Particularité de ma génération coincée entre les années 50 et les années 70, très peu de juniors sont montés en seniors ce qui m’a valu un coaching personnalisé de Laurent Collet-Billon et Jacques Epelbaum, surnommés PLIC et PLOC, le général ne manquant pas de comparer le diamètre des mollets de tous les prétendants en première ligne et montrant les siens, d’affirmer « ça monsieur ce sont des mollets de pilier ! ». Les miens lui ont semble-t-il convenu !
– Au SCUF tu as du découvrir un club historique, plein de tradition (Rose Cup avec Stratford) mais sans vraie structure. Qu’est ce que tu retiens du club en lui même, et est ce que tu étais sensible à cet aspect tradition ?
La force du SCUF c’était et c’est toujours ses membres qui ont su au fil des siècles (eh oui) entretenir les traditions et le passage de relais entre les différentes générations. Traditions rugbystiques mais aussi de l’esprit et de la fête. C’est vrai qu’à l’époque et malgré le niveau dans lequel évoluait le club on aurait pu s’attendre à des infrastructures ou des terrains de meilleures qualités (5 équipes seniors jouaient tous les dimanches) mais l’adversité avait plutôt tendance à resserrer les liens. Un exemple en est la création du restaurant Le Brennus, notre club-house, situé dans le 8ème arrondissement, acheté et retapé par les joueurs, les dirigeants du club et quelques anciens nostalgiques.
– Quels sont les personnages (joueurs ou encadrement) qui t’ont marqué ? As tu encore des contacts avec des anciens ?
Tout d’abord sur le terrain, mes deux coachs, cités plus haut, et plus généralement (sans jeu de mots) l’équipe première de la saison 1980 / 1981 (je ne veux pas les nommer car je risquerais d’en oublier). Mais aussi sur le bord de la touche et parfois sur le terrain, notre Président de l’époque Bruno Martin Neuville et Jean Claude Jaffré dit la Gauffre dont nous attendions, avec délectation, les « costards », lancés à chaque opportunité et elles ne manquaient pas (et pas toujours du fait de nos adversaires d’un jour).
De ma génération, bien sur notre nutritionniste préféré, Christophe Lapouge qui est parti à Montpellier mettre en pratique ses théories et mon deuxième ligne attitré Jean François Richard (dont les épaules étaient plus pointues que les épines d’une rose).
Mais je ne voudrais surtout pas oublier Thierry Potier, avec lequel nous avons partagé, pendant près de 20 ans, un nombre infini de mêlées, de soirées, de tournées (5 fois l’Irlande, Angleterre, Ecosse, Italie) ! Il restera toujours présent dans mes pensées.
Heureusement pour nous autres anciens, Pierre Auriacombe a pris l’initiative de nous réunir régulièrement autour d’un bon repas. Les cheveux grisonnent, les lignes s’arrondissent mais les souvenirs restent toujours aussi forts.
Par ailleurs, tous les mois, nous faisons un pèlerinage à la brasserie Suffren, avec mes deux anciens coaches renforcés par un deuxième ligne de talent, Patrick Devriendt dit le Phoque.
– Trente ans plus tard, quelles sont les anecdotes et faits de matchs qu’il te semble nécessaires de faire perdurer dans les mémoires de nos contemporains ?
Entre autres :
Des entraînements au stade Suffren avec des séances de mêlées et de touches au pied de la tour Eiffel.
La traversée, lors de l’un de nos footings dans les rues des 7ème et 16ème arrondissements, de la brasserie Suffren, lieu de « récupération » après les entrainements, de 80 énergumènes en survêtement devant les regards interrogatifs des clients et le sourire complice du Père Combes, patron des lieux.
Une remontée fantastique, avec l’équipe première, sur le terrain de Bobigny après avoir compté près de 20 points de retard, pour l’emporter sur le fil devant un public médusé.
Une série de mêlées, en réserve, contre Vitry, où Jean Pierre Lambert, 2ème ligne de devoir « ferme les deux yeux » du talonneur adverse qui avait dû plaisanter sur son âge ou ses cheveux gris ! C’était le premier match de Michel Bonthoux sous les couleurs du SCUF.
Je ne sais pas s’il est de bon ton d’en parler mais quelques bagarres générales : Strasbourg, Objat, ASPP.
Des matches avec un nombre incalculable de mêlées où le 5 de devant passait plus de temps à regarder le gazon ou ce qu’il en restait que les poteaux adverses.
Des défaites à Stratford où je n’ai jamais gagné même quand nous avions une équipe qui pouvait « voyager ». Les « good game » me sont restés en travers de la gorge.
Beaucoup de souvenirs hors du terrain :
Deux tournées mémorables au Maroc (avec un footing dans le désert entourés de tous les gamins du village) ou à Madagascar avec des matchs réunissant autant de public que lors d’une saison entière.
Des combats de sumo dans un restaurant de la réunion avec Matt ou dans un boite de nuit d’Avoriaz avec Manuel Dos Santos.
Des retours de déplacements (et ils pouvaient être longs), sans casque audio ou portable mais ponctués de chants estudiantins accompagnant des paniers très garnis : huîtres, foie gras, charcutailles et fromages affinés… et quelques bouteilles des meilleurs crus.
La remise (ou presque remise, le service d’ordre nous avait empêché de monter dans la tribune présidentielle) du bouclier de Brennus à Béziers, vainqueur de Bagnères lors de la première finale en nocturne en 1981.
– Quand quittes tu le SCUF, et que fais tu après ? Autres clubs ou arrêts ?
Même si je ne suis plus très fidèle au terrain, je ne quitte pas le SCUF. En 1991, je rejoins l’équipe 3, effectuant toutefois quelques piges avec le groupe première réserve, et décide d’arrêter définitivement ma carrière, à la fin de la saison 1998 / 1999, quand les douleurs du match du dimanche précédent étaient encore présentes au moment de rentrer sur le terrain. J’ai accompagné Jeff Richard et Peter Macnaughton dans l’encadrement des cadets durant quelques temps par la suite en 2006.
– Comment vis tu le rugby aujourd’hui, par procuration derrière la télé ou vas tu encore sur les bords des terrains ?
Aujourd’hui (au moins actuellement) c’est loin des terrains que je suis le rugby. Si ce n’est avec l’Amicale du Tournoi des 6 Nations, association affiliée à la FFR, qui défend les valeurs du rugby, la solidarité avec les grands blessés et l’avenir de notre sport avec les tournois de jeunes.
– Un mot à rajouter ?
Le SCUF on y vient et on le quitte rapidement ou on y reste, au moins par le cœur, toute sa vie.
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Le 4 janvier 2022, Xavier Hutet est victime d’un infarctus à son domicile de Noisiel (77). A tout juste 60ans, il venait tout juste de prendre sa retraite et s’apprêtait à déménager en Bretagne avec son épouse Chantal. Le 11 janvier, ses amis scufistes l’ont accompagné au crématorium de Montfermeil…