Les U12 du SCUF à Pau


Les U12 à Pau

« Mais c’est quoi le SCUF ? »

Déja en terre francilienne, la question est récurrente : « mais c’est quoi le SCUF ??? ». Alors, dans le sud-ouest, pensez donc ! La réponse, la meilleure qui soit, est venue du terrain.

Episode 1 : Colomiers – Scuf

Le Scuf, c’est une vingtaine de petits joueurs vétus de noir et de blanc, qui portent fièrement le bouclier de Brennus sur le bras. Des joueurs dont le gabarit n’en impose pas spécialement, mais de cela, ils s’en moquent comme de leur premier protège-dent. Il n’y avait qu’à les voir entamer leur tournoi contre les vainqueurs de l’édition précédente. Les mains prètes à se saisir du ballon pour ne plus le lâcher, le regard fixé sur la ligne d’en-but, déterminés et rigoureux, organisés comme une cohorte de la légion romaine. Impressionés par le prestige de l’équipe adverse ? Par l’enjeu ? Rien de tout cela, bien au contraire ! Sûrs de leur force et implacablement efficaces, ils s’imposent un essai à zéro et lancent la rumeur : « Tiens, mais c’est quoi ça, le SCUF ? »

Episode 2 : Pont-Long – Scuf.

Le Scuf, c’est une bande de gamins qui aiment courir, tout simplement. Dés qu’ils voient une étendue un tant soit peu verdoyante, c’est plus fort qu’eux, ils se mettent à cavaler en se faisant des passes. Des passes et encore des passes, jusqu’à écoeurer l’adversaire, jusqu’à trouver l’ouverture, créer l’intervalle, s’y jeter, accélérer et marquer. Maul, tortue et autres pick & go, très peu pour eux, merci. D’habitude à l’étroit sur les trottoirs de la capitale, les grands espaces pyrénéens les inspirent : ils développent leur jeu de mouvement avec vitesse et dextérité, profitent des largesses défensives des béarnais de Pont-Long, s’engouffrent dans chaque trou et marquent à quatre reprises…. La rumeur enfle : « Eh ben, ils savent jouer au ballon au SCUF ! Mais d’où ils viennent ceux-là ? »

Episode 3 : Oloron – Scuf.

Le Scuf, c’est une défense de fer, du genre sangsue aggressive et insatiable, une marée noire et blanche qui submerge, étouffe et annihile toutes les offensives adverses. Demandez aux landais d’Oloron ce qu’ils en disent. Sur chacune de leurs actions, le « shoot » hurlés par des noirs et blancs affamés de ballons résonnent à leurs oreilles comme un avertissement, ou plutôt comme une promesse, celle de se prendre un mur pleine face et de brouter la pelouse. Découper, tamponner, caraméliser, bouchonner, désosser… C’est peu dire que les petits parisiens maîtrisent le vocabulaire rugbystique. Ils se font même une joie de l’apprendre à leurs contradicteurs ! Nouvelle victoire un à zéro. Les questions se font de plus en plus pressantes : « Mais dites donc, ça veut dire quoi SCUF?! »

Episode 4 : Mont de Marsan – Scuf

Le Scuf, ce sont aussi des coachs, deux pour être exact lors de ce week-end de Pâques. Deux éducateurs qui transmettent bien plus que les fondamentaux du rugby. Deux passionnés, deux obsédés du jeu, perfectionnistes et insatisfaits chroniques. Des mecs sérieux, avec des principes quoi… De vrais toqués du ballon ovale surtout !Depuis des mois ils préparent ce rendez-vous, élaborent des stratégies et font répéter leurs gammes aux marmots. Leurs ambitions ? La victoire bien sûr, mais pas n’importe comment : en faisant chanter le cuir, en prenant le grand large, en respectant le jeu et leurs joueurs. Lors de ce dernier match de la matinée, les scufistes mènent un essai à zéro face au Stade Montois ; la première place de la poule ne peut plus leur échapper et les « Doc & Marty » de la Porte de Saint Ouen affichent un large sourire de satisfaction. Même l’égalisation landaise sur une cagade de dernière minute n’entame pas leur plaisir. Quoique… « C’est qui qui les entraine les petits du SCUF ? » demande-t-on intrigué en bordure du terrain…

Intermède : Lasagne/brownie – Scuf.

Le Scuf, c’est surtout une équipe, unie par on ne sait quelle force. L’amitié, la passion du rugby et l’amour du beau jeu, la fierté de porter les couleurs d’un club historique, le sens de la connerie… Un peu de tout cela et certainement plus encore. Même au moment de se repaître d’un déjeuner bien mérité, ils ne se quittent pas, restent aussi soudés et inébranlables que la mélée béglaise à sa grande époque. Calmes, conscients des enjeux de la journée et des devoirs qui leurs incombent, ils dévorent leur repas comme ils ont englouti leurs adversaires un peu plus tôt dans la mâtinée : avec gourmandise ! Des sourires, des rires, des gestes tendres ou moqueurs mais toujours bienveillants. Solidaires et généreux, imperturbables. Chacun a sa place et sa personnalité bien sûr, mais tous sont d’abord au service du collectif. Une cohésion à toute épreuve, une volonté commune et une ambition partagée qui les rend redoutables, insatiables même. Tant mieux, car de l’appêtit il en faudra pour s’enfiler le menu de l’après-midi : Biarritz, Tournefeuille, Tarbes. Du lourd, du très lourd… « Ils sont pas bien gros les joueurs du SCUF ! » entend-on parfois. Peut-être, mais ils ont encore faim…

Episode 5 : Biarritz – Scuf.

Le Scuf, ce sont aussi des parents, des fans, qui vivent, admiratifs et envieux, les joutes de leurs enfants. Ils crient, encouragent, râlent, trépignent, serrent le poing, remplissent les gourdes, refont le match, twittent et encouragent encore. « Allez les p’tits noirs ! », « biennnn !! », « vas-y mon grand », « arrache, arrache »… C’est éreintant de supporter de la sorte. D’autant que les joueurs, dans le feu de l’action, ne les écoutent pas ou si peu. Bande d’ingrats ! Ils le savent mais ne s’en soucient guère et ne lâchent rien. A l’instar des noirs et blancs face à Biarritz pour ce premier match de l’après-midi. Rapidement menés, les scufistes repartent vers l’avant, font courir la balle et leurs adversaires, pressent et débordent progressivement les basques. Egalisation ! Les parents exultent alors que les rugbymen en herbe continuent à pousser. Dans la foulée, ils manquent à plusieurs reprises de doubler la mise, mais sans succès. Alors il faut tenir, défendre, résister aux assauts répétés des biarrots. Les supporters parisiens se mèlent à la bataille et repoussent comme ils le peuvent les offensives adverses. Quel cœur, quelle vaillance chez ces jeunes joueurs, comme chez leurs parents ! Le coup de sifflet final libère les scufistes et leur kop. Mais tandis que les joueurs profitent d’un moment de répit, sur le bord du terrain la tâche n’est pas terminée ; il faut encore répondre, inlassablement mais avec une fierté non dissimulée, à cette lancinante question : « Mais vous êtes qui le SCUF ? ». La réponse est pourtant de plus en plus évidente…

Episode 6 : Tournefeuille – Scuf.

Excusez moi mais, si le Scuf suscite une curiosité bien légitime, je ne vous parle pas de Tournefeuille !! Enfin, en ce qui nous concerne seulement… Parce que dans le sud-ouest, on les connait et pas qu’un peu ! Petite commune de banlieue coincée entre Colomiers et le Capitole, Tournefeuille est, d’après les coachs, « une des meilleurs écoles de rugby de France ». Rien que ça. Le plat de résistance en quelques sorte. Les scufistes se mettent en place, quadrillent le terrain et attendent le coup d’envoie, concentrés et impatients. La première offensive est à mettre à l’actif des haut-garonnais : ils ouvrent grand côté mais notre trois-quart centre jaillit, intercepte et, au bout d’une course folle, aplatit entre les perches ! C’est aussi cela le Scuf : des p’tits gars qui profitent de la moindre occasion pour imposer leur marque. Les noirs et bleus ne s’en laissent pas compter pour autant et repartent à l’assaut de la capitale. Ils multiplient les temps de jeu et égalisent rapidement. Le match est équilibré, spectaculaire, indécis. Les deux équipes se rendent coup pour coup. Elles pratiquent d’ailleurs un rugby assez similaire, collectif et ambitieux : une pression défensive de tous les instants, des placages redoutables, des gratteurs incisifs, des passes au cordeau, des coups de pied dans les espaces libres… Les spectateurs n’ont même plus le temps de s’interroger sur la signification du mystérieux acronyme, absorbés qu’ils sont par l’intensité de la confrontation et le talent des joueurs. Score de parité à la mi-temps. La partie reprend sur le même rythme infernal. Les parisiens campent à proximité de la ligne adverse mais leurs tentatives sont constamment repoussées par l’énorme défense de Tournefeuille. Nous tentons un petit coup de pied par dessus mais le ballon est contré et les occitans filent jusqu’en dans l’en-but. Une deuxième interception scelle le sort de la rencontre. Tournefeuille marque même une quatrième fois sur un beau mouvement collectif. Les scufistes ont tenu la dragée haute à une grande formation mais sortent du pré défaits, les jambes lourdes et les chaussettes tombantes. « Ils jouent tout de même drôlement bien ces minots du SCUF »… Le match est perdu mais le public est conquis…

Episode 7 : Tarbes – Scuf.

Le Scuf, ce sont aussi des garçons tétus comme des mules. Pas mauvais perdants attention, mais juste animés par une soif de jeu et de reconnaissance qui les transcende. Finir dernier de la poule haute, y a pas moyen ! Alors pour l’ultime match contre Tarbes, ils retrouvent leurs cannes et se battent comme des diables, arrachent les ballons, tentent encore et encore, défendent, tombent, se relèvent et s’y collent à nouveau. Cabochards, obstinés, acharnés même, ils s’imposent un essai à zéro et laissent exploser leur joie. La deuxième place est dans la poche, une performance énorme digne de grands champions. Sur le bord du terrain, il n’y a plus de question, juste du respect et de l’admiration. « On pensait pas qu’ils jouaient comme ça à Paris… Bravo le SCUF ».

Epilogue : le Scuf et puis c’est tout !

A Pau, en ce dimanche de Pâques, les petits parisiens se sont fait un nom. Un grand nom de seulement quatre lettres écrites en majuscules : SCUF. En soulevant leur trophée, la bande de copains en noir et blanc le rappelle une dernière fois, pour ceux qui n’auraient pas bien retenu la leçon :

Quand les gens nous voient,

Ils veulent tous savoir

qui on est,

et nous on leur dit :

« nous sommes les scufistes,

les grands les gros scufistes,

ouh ah le Scuf

ouh ah scufistes,

ah ouh le Scuf

ah ouh scufistes ! »

Scufistement

Julien R.S.