A l’inter-saison, il est envisagé une fusion avec le club de Fontenay, qui vient également de descendre de 3ème division. Cela n’aboutit pas, et par défaut c’est une partie de l’effectif de Fontenay qui rejoint le SCUF. Pierre-Olivier Buisson présent à cette époque témoigne : « L’arrivée des gars de Fontenay-Bagneux emmenés par le « financier » Jean-Pierre Bouvron et l’entraineur Jean-Claude Soubrat a été mal vécue. D’ailleurs ils ne sont pas restés. On avait été les chercher suite à la descente en Honneur, mais très honnêtement ce n’était pas du tout le SCUF. Et comme ils étaient arrivés à 9 plus l’entraîneur, ils formaient près de 50% de la 1ère. »
En plus de cette armée venue de l’autre côté du periph’, on découvre un jeune Sud Africain Trevor Wright, tout droit issu de la Province du Natal. Demi de mêlée de haut niveau il veut passer du temps en France . La nuit parisienne l’engloutira, mais ses exploits sur le terrain résonnent encore dans la voix de ceux qui l’ont vu évoluer avec le maillot du SCUF. Sportivement les résultats sont au rendez-vous, le SCUF reste dans le trio de tête . A côté, deux clans se forment : celui aux valeurs estudantines avec ses frasques qui égayent et le clan défaillant dans la subtilité de l’esprit, mais pas dans celle du cash ! La cohabitation est rude, et un soir de manœuvre des libres penseurs au GulfStream, il est décidé de créer l’OASCC, l’Organisation Armée Secrète Contre la Connerie ! POB est mieux placé pour nous raconter cela :
« Tu te souviendras que la saison 92-93 avait vu le débarquement aux postes-clé du SCUF, d’une armée de banlieusards qui regardaient le Big’Dil de Vincent Lagaff, écoutaient du François Feldman … ou se tiraient dans le pied au sortir des boites de nuit. Bref pas tout à fait dans l’esprit scufiste. La désapprobation sourdait dans les rangs des ouailles du bon président Martin-Neuville suite à ce qui fût probablement la seule fausse note de sa longue présidence. Un soir au Gulf Stream ou à la Pereztroika, Colcot (dont nous nous souviendrons du décès il y a 6 ans le 9 Novembre), Marc Dujardin (frère de l’acteur) qui ne produisait pas encore Benoît Delépine, et moi-même, avons décidé qu’une lutte armée contre cette néocratie devait immédiatement voir le jour. C’est ainsi que le 19 mars 1993 les statuts de l’OASCC, Organisation Armée Secrète Contre la Connerie furent déposés. Cette puissante et ambitieuse organisation dont l’objet était de lutter par tous les moyens, y compris l’humour et le terrorisme verbal, contre la bêtise au sein du club omnisports SCUF et, plus particulièrement contre ses représentants fontenaisiens et occupant des postes de dirigeants (sic), débuta avec Marc Dujardin alias Dumbo (président), Thierry Potier alias Colcot (secrétaire général), Pob- (trésorier) et le jeune Benoit Houzel (fayot). Le succès des actions de ce groupe, qu’il serait fastidieux d’énumérer ici, fût assez mitigé, à telle enseigne que je dû participer à un petit mouvement d’émigration temporaire vers le championnat FFR corpo. qui fût un succès pour notre petit groupe de migrants … mais ça c’est une autre histoire. »
Derrière le journal, on trouve Thierry Potier, mais aussi Laurent Laguerre, POB et Derek Wilson, des rédacteurs affiliés à l’Organisation Armée Secrète Contre la Connerie. Face aux reproches qui leur sont faits, voici leur réponse :
Nous acceptons qu’on nous reproche d’avoir un petit côté « Sun Mag » et de publier des articles tournant en dérision certaines personnes ou évoquant la vie privée d’autres car cela fait partie de nos choix pour faire de ce journal une publication attrayante et humoristique.
Avec l’ouverture d’esprit et l’absence d’élitisme que chacun leur connaît, les rédacteurs du SCUFmag choisirent de ne s’adresser qu’à ceux dont la fréquentation les intéressait et d’élever le débat au dessus de la compréhension des autres, en se posant comme seule limite le refus de critiquer les choix sportifs de l’entraîneur. S’ensuivirent près de deux ans de regrets pour Bruno Martin-Neuville confronté à des éléments incontrolés qui remirent en cause, avec ce que la bonté des lecteurs voulut bien qualifier d’humour, les choix de la présidence, les errements syntaxiques de tous et la vie privée et publique des membres du club. On se souviendra des immortels épisodes traitant des performances sportives et sexuelles de J. Hosp…, plus connu alors sous le sobriquet de « Petit être » et des tentatives de pressions vainement exercées par sa mère sur la rédaction afin de faire cesser ce qu’ell estimait être une campagne de calomnies. Il est possible aussi de retenir les Brèves du mois, qui deviendront ensuite la rubrique Langue de Pute, qui firent pâlir de colère ceux qui y étaient évoqués et d’envie ceux qui ne l’étaient pas… On pourra également évoquer les cours de maintien face à l’arbitre dispensé par La Gaufre, intervenant extérieur, ou le suspense intolérable qui accompagna la campagne « Lapouge 100 kilos pour le centenaire » ! Enfin, on se remémorera de la devinette qui faillit être à l’origine de l’interdiction du périodique : Quelle est la différence entre Pierre Bouteilly et Bruno Martin-Neuville ? Réponse : A Ozoir, Bouteilly, lui, fit 18 trous…
Le SCUFmag connaît un dernier tirage en mai 1993 avec l’édition numéro 8. L’éditorial nous éclaire sur la tension au sein du club : « Cet exemplaire a failli être un numéro d’adieux puisque Bruno Martin-Neuville ne voulait plus d’une feuille de ragots comme organe de la section et que, refusant tout contrôle sur nos écrits, nous avions donc refusé de nous occuper plus longtemps du SCUFMAG en déplorant cette censure. On peut d’ailleurs s’interroger sur ses origines (BRIGITTE aurait-elle renouvelé LYSISTRATA ou certains dirigeants se seraient ils vexés de ne pas toujours comprendre nos textes?) mais je me borne à constater qu’elle ne révèle qu’un manque de sens de l’humour attristant car, même si certains de nos échos furent un peu outrés, ils eurent toujours le mérite de faire rire. Nous rappelons que toutes les informations que vous avez pu trouver dans nos pages étaient exactes ou que leurformulation même, démontrait qu’il s’agissait de traits d’humour (pas toujours du meilleur goût nous en convenons, mais il faut bien faire rire tout le monde, même les mauvaises langues comme nous). De même, nous en appelons au témoignange de Michel Hospital pour attester que notre journal n’a pas coûté un centime au club, ce qui revêt une certaine importance dans sa situation financière. »
L’action de l’OASCC reste cependant marginale en cette saison 92/93. En effet, leurs propos se heurtent à une réussite sportive. Sur le terrain l’équipe 1 monte en 3ème division et atteint les 16ème de finale du Championnat de France Honneur. François Lormeaux nous refait vivre l’évènement : « Le match de la remonté en troisième division en 1993 et par extension toute la saison. Nous étions réellement programmés pour la montée. Depuis le premier entrainement de septembre tous les matches n’étaient que des préparations au match de montée, quasiment obsessionnel. Ascension joué en deux matches aller retour contre Saint-Dié des Vosges. Le match aller Porte de Choisy dans la cuvette du 13ème, le Diên-Biên-Phu de nos adversaires (dixit Stéphane Ripoll). Charmante après midi printanière avec bagarre générale dans le tunnel avant le match, puis re-bagarre après le coup d’envoi. Finalement nous remportons les matchs aller et retour avec une équipe pour le moins solide. Le retour de Saint-Dié, puis la soirée (la nuit devrais-je dire) au Gulf Stream chez Daniel Bourrel sont aussi un excellent souvenir extra sportif. Une belle java (dodo à 10h du mat) mes élèves du lundi matin m’attendent peut-être encore. »
L’équipe Réserve n’est pas en reste. Elle décroche le titre de Champion Ile-de-France dans un match écourté. Peter Macnaughton nous raconte : « mon dernier match en tant que joueur : nous battons Villiers sur Marne pour être champion d’Ile de France Réserves d’Honneur sur le score de 6-5. Le match fut de petit niveau et houleux. A la fin de la première mi-temps, nous menons contre le cour du jeu, il y a incident sur incident. Sur une mêlée, l’arbitre complétement dépassé, menace de mettre fin à la rencontre si les heurts continuent. Evidemment la mêlée n’a pas abouti et s’est terminée en pugilat (Stéphane Durand qui avait bien entendu la menace de l’arbitre s’est occupé personnellement du talonneur d’en face). L’arbitre siffla la fin de la rencontre et nous fûmes champion. J’avais ce jour là comme coéquipier les fils de trois joueurs avec qui j’avais démarré au SCUF en équipe 3 treize ans avant : Bancaud, Hospital, et Roques. Le Balch était entraineur, figurait aussi Manu Kassardjian, ainsi que Stéphane Durand et Fred Laplaze » L’équipe passa complètement au travers de son 32ème de finale de championnat de France et l’aventure s’arrêta là.
Ce qui s’arrêta aussi par la suite, ce sont les avantages du « sponsor » J.P Bouvron. Après s’être maintenu en 1993/94, la mécanique financière s’est enrayée et les mercenaires ont quitté le navire. Heureusement pour le club, à cette époque Michel Hospital est le trésorier de la section rugby. Avec Jacques Schwartz, il œuvre dans l’ombre et porte sur ses larges épaules la santé financière du club, un gage de sérénité pour la dure décennie qui attend le S.C.U.F.
Lors de la saison 1994/95, les membres de l’Organisation Armée Secrète Contre la Connerie ont de fait, pour la plupart, quitté le SCUF, mais la portée de leurs revendications viennent résonner au fur et à mesure que le club s’effondre sportivement. L’équipe 1ère redescend en Honneur et Bruno Martin-Neuville passe le relai à Michel Hospital qui récupère un navire très mal en point. Ce dernier n’est pas un faiseur de miracle et ne peut empêcher le club de descendre encore d’un étage pour se retrouver en Promotion Honneur la saison 1996/97.
Il est parfois nécessaire de faire un grand ménage pour repartir sur de bonnes bases. C’est ainsi qu’une fois les mercenaires partis, la plupart des membres de l’OASCC sont revenus au club via l’équipe 3 qui ne devait pas tarder à fusionner avec une autre institution Parisienne pour devenir le SCUF-Vieux Cochons. Seul Thierry Potier, fidèle parmi les fidèles du SCUF, continua l’aventure avec l’équipe première en PH.
Comme le chantier était vaste, on se rappela de cet outil de propagande qui était le SCUFmag. Après 3 saisons d’hibernation, le journal redémarra avec un sang neuf (Lionel Busson, Jean-Marc Hanna et Bruno Nabet) épaissi du soutien de Thierry Potier. Ce fut un peu du bricolage au début. Alors que le dernier SM numéro 8 avait tiré sa révérence en mai 1993, la numérotation reparti en septembre 1996 au numéro 7…
L’Organisation Armée Secrète Contre la Connerie n’était pas amenée à s’inscrire dans les archives du SCUF. D’ailleurs, si cet article n’était pas venu dépoussiérer la signification de ces cinq lettres, ce groupement aurait disparu des mémoires collectives au fur et à mesure des années. A défaut d’avoir réussi sa révolution contre la connerie, qui est une valeur indestructible, l’OASCCnous laisse en héritage un journal, qui aujourd’hui est lu par près de 400 personnes à chaque parution.