- Né le 26 Octobre 1971 à Maisons-Alfort
- Taille / Poids joueur : 5’8’’ / 14 Stones 1 livre
- Postes joués : Ailier / Centre
- Profession : Directeur Export
- Situation maritale : Marié
Quel est ton parcours sportif avant de commencer le rugby ?
Je pratiquais le Handball depuis l’âge de 8 ans et l’athlétisme pendant 6 ans. Ma condition physique à mon arrivée au SCUF était irréprochable avec la pratique d’un minimum d’une heure de sport par jour. Je pesai 67 kg en démarrant le rugby.
Comment découvres-tu le rugby, et quand arrives-tu au SCUF ?
Jérôme HOSPITAL, le fourbe, haut savoyard de Naissance, que je connais depuis le cours préparatoire, me tannait au Lycée pour que je démarre le rugby.
Alors en terminale, je fais un entraînement avec lui sur le Terrain de Suzanne LANGLEN au bout de l’héliport. J’y découvre la boue, la pluie, les ballons en cuir qui pèsent 8 Kg. Une horrible séance, et parfaitement effaçable de ma mémoire, comme le serait tout traumatisme psychologique.
Ce qui m’a fait rejoindre le SCUF, c’est la suite. Nous partons alors au restaurant, alors que le Hand-ball ne me procurait que peu de relations, le rugby m’apporta immédiatement échanges et convivialité. Je rentre de cet entraînement en pleine forme et repeint la salle de bain, au grand dam de mes parents. Je décide de poursuivre la discipline et rejoins donc le SCUF, bac en poche.
Un mot sur tes années juniors, les joueurs que tu côtoies, les dirigeants…
Les années juniors sont les années de l’insouciance. Christian POULIQUEN et Feu Jean-Pierre MAURIANGES s’occupent de nous entraîner. Un duo parfois complété par Christian LAMBERT.
Notre groupe était constitué d’une foule d’étudiants en droit ou en prépas, de fils d’anciens joueurs, d’aficionados du rugby, de quarteron pervers, de fils de fromager, bref la crème de la crème. Parmi tant d’autres, on y côtoyait, Lionel BUSSON, Bruno NABET, Jérôme HOSPITAL, Serge BRIAND, Jérôme CLEMENT, Olivier BANCAUD, Stéphane ROQUES (fils de la Crevette), Thomas GIRAUD, Pierre-Edouard HIERS, Julien JUERY, Frédérique BUTEZ, Cédric HOUSSAI. Pour ceux que j’omets, pardonnez-moi.
Nous avions une superbe équipe en 1990-1991 avec un jeu de trois-quarts fluide comme jamais.
Tu montes en seniors au début des années 90’, le SCUF est en 3ème division, comment ça se passe pour toi ?
A la montée, beaucoup de peines. Je joue pas mal de matchs en réserve, surtout les déplacements. L’ambiance est bizarre, des clans existent et proposent des échanges distants avec les nouveaux montés (et dieu comme ils l’étaient bien). L’accueil est effectué par la génération dite des affreux mais les inclinations des différents groupes ne permettent pas une parfaite osmose avec les ex-juniors. Les résultats sont mauvais et le jeu de l’équipe fanion se délite au cours de la saison. Les entraînements ne sont ni efficaces, ni amusants et le nombre de participants diminue. A l’inverse, les déplacements en car restent mémorables, tel celui de Verdun en point d’exergue. Le dernier match à la maison voit un ancien ouvreur du SCUF, être rappelé, il se chicane avec l’arbitre ce qui nous vaut une défaite évitable. Le SCUF subit de nombreux départs. Les suédois, comme Schumpeter, parleraient justement, après une analyse rétrospective, de destruction créatrice.
En 1992, première descente en Honneur, mais remontée immédiate, et tu es champion IdF des Réserves
L’année suivante en Honneur est paradoxalement une période intéressante. Le club y bénéficie de la disparition du club de Bagneux duquel une floppée de bons joueurs et de drôles de caractères affluent au SCUF, accompagnés d’un nouvel entraîneur. Leur engagement avec le club n’a pas été feint, dire le contraire serait lâche et mensonger.
Trevor WRIGHT, remplaçant N°9 pour la province du Natal, vient parallèlement consommer sa carrière professionnelle au SCUF. Il sera barman dans un pub proche du Panthéon, rue Laplace, verra sa trogne en photo dans Vogue Homme et sortira avec un mannequin (a many-queen comme il le disait si bien avec son accent sud-af). Il sera ouvreur. Le meilleur joueur avec lequel j’ai pu jouer, courtisé par les plus grands clubs de l’époque.
Cette équipe du SCUF est certainement la plus belle que j’ai pu voir au plan de la technique et de la force.
L’équipe première possédait peu ou prou un niveau de bas de tableau de seconde division, malgré le gouffre intellectuel entre certains de ses membres. L’équipe réserve était joueuse. Elle gagne sur une finale que le SCUF aurait pu accueillir et qui est finalement organisée sur le terrain de Villiers /Marne.
Le match est gagné par 2 pénalités à 0, et une générale à 5 minute de la fin dès que l’arbitre annonce qu’il arrête le match si les esprits ne se calment pas. Notre capitaine, annonce alors élégamment une danette (pour les plus jeunes, « on se lève tous pour danette, …danette »). Un écossais, seconde ligne du SCUF, (indice : son fils joue en première à l’ouverture) s’effondre brusquement, dans un cri si poignant que l’arbitre n’hésite plus et siffle la fin du match, bravo Peter (le prénom) ! Premier trophée pour lequel je participe avec les seniors. Trophée qui pour la petite histoire était, encore en 2016, conservé chez POB (Pierre-Olivier BUISSON) en Haute-Savoie.
La suite en championnat de France est moins gaie car nous nous sabordons en 32eme de finale contre Trignac alors que nous les explosions devant. La faute à notre charnière offrant au pied de magnifiques ballons pour faciliter l’offensive des lignes-arrière Trignacaises.
Cette période fut remplie de dynamisme et d’initiatives, telle la renaissance du scufmag orchestrée par feu Thierry Potier ; Sa douce Férule à corriger mes articles, au demeurant illisibles, il est vrai, permettait à cet organe de désinformation d’apporter le liant au sein du groupe sénior, pour ceux qui savaient lire.
En plus le repas nous était offert au Brennus (dans le 17ème) après les entraînements du jeudi ce qui représentait une manne pour un pauvre étudiant en sciences.
Après une année de maintien, ce sont deux descentes d’affilée qui amènent le SCUF à jouer en PH en 1996/97. Un mot sur cette spirale par le bas ?
L’année 95/96 fut extrêmement délicate. Le SCUF perd des matchs d’un point, le bonus n’existait pas, les joueurs composant la première sont âgés et ne souhaitent pas poursuivre. Beaucoup des tôliers sont partis après la 2nd descente en honneur.
La fin de cette année aboutie à un match couperet contre fontainebleau que nous maîtrisons, sauf en toute fin sur une tentative de transformation de pénalité, finalement aplatie par l’ailier adverse, actant notre relégation. A l’image de notre saison.
Pour illustrer le désarroi scufiste, tu te blesses gravement dès le premier match à Rosny et ce sont deux saisons blanches qui t’attendent…
Oui disons, qu’ayant laissé mon corps passer devant mon genou, lors de ce match, j’ai pris un abonnement auprès du chirurgien du club, Alain GIRIAT. Cette période fut personnellement difficile. J’assistai des tribunes aux matchs du SCUF en espérant tout au long de la saison le maintien. Parfois, la Gaufre me tenait compagnie sur les bords du terrain en répondant à la rhétorique « Il fait froid, aujourd’hui, j’ai les pieds gelés », bien sentie d’un supporter lambda, par un ébouriffant « moi non plus, je ne sens plus mes pieds ! ». *Demandez à ceux qui l’ont connu.
Tu reviens aux affaires lors de la saison 1999 et le club termine 3ème de sa poule, suffisamment pour remonter en Honneur
Il n’y a pas de cause à effet. Je n’ai jamais récupéré mon niveau ni mes appuis d’avant 1996, je faisais surtout le nombre. Ce fut surtout grâce à la présence de Sami HISCHAM, ailier fidjien récupéré sur le bord du terrain de Carpentier que nous avions pu remonter. Je pense que ma meilleure contribution rugbystique cette année-là fut d’aller lui parler pour qu’il signe au club. Mon autre contribution se situe dans les trésors de quolibets que nous faisions apparaître dans le SCUFMAG et ça j’en suis extrêmement fier.
En 2001, tu redescends d’un cran et fais une saison complète avec la Réserve. C’est à ce moment-là qu’émerge l’idée d’un match entre les “jeunes” et les “vieux” : Le Trophée des 30…
Exactement. Nous luttions aux entraînements contre la génération des DEROME, AUGE, ZANCANARO, CHOURAQUI et consorts, bien meilleure que la nôtre et qui n’avais pas encore trente ans. Comme avec Lionel, nous nous la comparions souvent, l’envie de se la comparer en élargissant le cercle des conviés devint une évidence. La création de la rencontre entre les beaux trentenaires et les jeunes vilains devint alors naturelle.
La légende autour du trophée des trente, une urne funéraire, prétend qu’elle contenait les cendres d’un ancien joueur du SCUF, souvent aligné sur les feuilles de match de la 3 de Jean-Pierre PETITET et souvent, chaque dimanche, avec une morphologie et un visage différent. Certains ajouteront qu’il matérialise le sacrifice permanent du monde du rugby, … vaste fumisterie.
Au début des années 2000, le SCUF vit des moments compliqués, les finances sont bonnes mais la structure est branlante… As-tu eu, à un moment, l’idée d’aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs ?
Non, jamais. Evidemment, je n’étais pas satisfait du salaire que je touchais à l’époque mais il restait beaucoup plus élevé que celui des autres, car oui je faisais toujours attention à prendre le verre de bière dont le niveau dépassait la marque des 25cl.
Je pensai déjà à cette époque que ma carrière de sportif rugbyman était derrière moi et que je ne devais que profiter des instants présents, indiscutablement au SCUF. C’est là où résident mes attaches.
Après une descente en 2003, le SCUF remonte en Honneur la saison suivante. C’est à ce moment que Lionel Busson remplace Michel Hospital à la présidence du Rugby. As-tu été sollicité pour jouer un rôle dans la structure scuf ?
Non, mon engagement a été inexistant du fait de mon occupation professionnelle et de la proche arrivée de mon second enfant. Je me suis alors restreint à de nouveaux défis physiques et hépatiques en maîtrisant mon taux d’alcool déshydrogénase.
En 2004, tu es vice-champion IdF avec la Réserve, mais tu réalises surtout le doublé à l’extérieur à Stratford ! Un mot sur cette Rose Cup que tu as découvert pour la première fois en 1993.
Je l’ai découverte en 1993 avec Thomas Schwartz. Cette fête entre deux équipes d’ivrognes ponctuée par le besoin naturiste du marin est un évènement délicat pour le bien-être de ma flore commensale. Les fréquentes défaites où l’arbitrage est le 16ème homme y sont d’amères pilules. Les victoires de 2002 et de 2004, ne se ressemblent pas. En 2002, le SCUF gagne contre leur seconde équipe. En 2004, la victoire est contre leur équipe une. Nick LEACH manque, d’un gros doigt, la dernière pénalité avant que nous laissions exploser notre joie.
Cette victoire, en terre britannique, constitue une sorte de revanche pour les multiples empoisonnements du foie que ces fielleux rosbifs nous ont infligés. Elle reste d’autant plus ancrée dans ma mémoire qu’elle précède mon départ du SCUF et de Paris, pour …le purgatoire.
Petit à petit tu décroches avec les Vieux Cochons et participes à de nombreuses tournées avec eux
Ayant migré vers de lointaines contrées, au-delà du périphérique, seules les tournées des vieux cochons convenaient à mon emploi du temps. La présence de joueurs poètes tels que Stéphane DURAND dit VROCON, Vania MRAZOVAK concourant à l’embellissement des échanges intellectuels au sein du groupe, m’y attiraient. Nous avons fait plusieurs tournées, organisés par Franck HONORE, Nicolas CORCIA, Hongrie, Finlande, Argentine… Pour ceux qui aiment le rugby et surtout ses atours, WELCOME.
Quand quittes-tu le SCUF ? As-tu évolué dans un autre club ensuite ?
Oui je pars en 2005 de Paris en début de saison. Je vais l’année suivante tenter de m’entraîner au RC Orléans qui évoluait en fédérale 1.
Après une dizaine d’entraînements, on me demanda, car il manquait du monde, si je voulais bien jouer en réserve contre Vannes (Morbihan)… Je pose alors la réflexion suivante ; Je n’ai pas joué avec le groupe de la réserve, je n’ai pas encore ma licence, j’ai 35 ans. On me demande d’aller me faire défoncer la gueule en Bretagne avec de nombreux inconnus et par de nombreux inconnus.
Mon sang n’a fait qu’un tour, je me suis alors mis au golf. Depuis je suis parti du purgatoire pour aller au paradis en Haute-Savoie. Je joue de manière épisodique au rugby Touch avec une équipe de vieux joueurs d’Annecy qui rassemble également des vieux joueurs d’Annecy-le-Vieux (la bien-nommée).
Je t’ai toujours connu au centre, mais as-tu évolué à d’autres postes ? Quels sont les autres centres ou autres joueurs avec qui tu avais plaisir à jouer ?
Centre est le poste ou je me sentais le plus en confort. J’ai joué à l’aile, à mes débuts, quand j’avançais et toute la saison 1994-95 à l’aile en première. Durant la période de l’entraîneur TAGAN, le marathonien qui ne m’appréciait pas, j’ai eu droit à un match en tant que talonneur, certainement pour m’en dégouter. En réserve, lorsque les règles de la poussée ont changé, par quatre occasions, j’ai occupé le poste de pilier gauche pour être le premier défenseur et accessoirement par solidarité avec Jérôme RIBOULET qui lui aussi, était passé de centre à pilier.
Je n’ai que rarement joué avec Sébastien LACAZE et j’aurai adoré être en combinaison avec lui. Bon il était plus photogénique que moi et finalement avec le recul, ça n’est pas plus mal pour la photothèque du SCUF. J’ai adoré jouer avec Frédérique BUTEZ, qui lui est directement monté avec nous de junior vers une titularisation en équipe une. Ses qualités de joueurs auraient pu être plus exploitées mais la confiance des entraîneurs manquait. Enfin, il y avait Edouard LOUIS-DREYFUS qui apportait cette touche d’élégance à nos agapes rugbystiques.
Aujourd’hui comment vis-tu le rugby ? Quels sont tes liens avec le SCUF aujourd’hui ?
Je ne partage pas l’intérêt des nouvelles règles d’arbitrage autour du plaquage. Je les trouve contre productives en terme de sécurité cette fois-ci du plaqueur.
Pour le SCUF, je regarde la vie du club via les vieux cochons, les résultats des séniors ou par des échanges avec mes amis dans la place. Je participe à quelques évènements de la section Golf dont la fameuse épreuve du Beaujolais où l’esprit consiste à se lever tôt, boire tôt, finir tard et chercher sa balle. Tout est dans l’effort. Pour ceux qui sont tentés, ne soyez pas timides et rejoignez-nous.
Tu as été un acteur aux premières loges des années sombres du SCUF et tu as pu assister à la restructuration du club sous la présidence de Lionel Busson. Aujourd’hui que manque-t-il au club pour grandir encore ?
Je pense que le SCUF n’a pas à considérer d’éventuelle carences. Le plus important comme le disait Michel HOSPITAL, ce sont l’école de rugby et les jeunes catégories. Lionel a repris le club que Michel avait, avec un dévouement hors norme, remis d’aplomb financièrement. Lionel a poursuivi ce travail titanesque avant de passer démocratiquement le flambeau de la section rugby à Anne SAMPERMANS (une sœur de et fille de). Le soutien des fidèles du club est là, Emmanuel HENRIQUEZ, Edouard LOUIS-DREYFUS. Les équipes de jeunes sont flamboyantes et, mis à part Jérôme HOSPITAL, je ne tarirai pas d’éloges pour tous les encadrants du club. A mes yeux, leur valeur est inestimable.
Le Club-house, même si, honte à moi, je n’y suis pas encore allé une seule fois, est une superbe réussite tout comme le développement de la section féminine.
S’il fallait un axe d’amélioration, il se situe dans la visibilité du club pour que les néo-parisiens qui souhaitent faire du rugby connaissent le nom du SCUF bien avant leur installation dans la capitale… Mais soyons patient, cela viendra.
On te reverra à nouveau lors des prochains matchs contre les anciens de Stratford ?
Certainement, plus trop pour jouer mais certainement pour aller y voir une pièce de théâtre, car mon nouveau chirurgien m’annonce que la seule opération à envisager pour mon genou est une magnifique prothèse avec du titane. Evidemment, je ne me laisse pas conter par ce genre de fadaise et je compte venir dès que possible.
Tu as autres choses à ajouter ?
Oui, je voudrai ajouter le mot suivant : Fistule, en hommage à Louis XIV.