SCUF Rugby

Marie HOUDRE (1883-1982)

Elle n’imaginait pas sa vie sans sport. Non contente d’avoir participé à la naissance du mouvement sportif féminin en France, Marie Houdré, sous couvert du S.C.U.F d’André Theuriet, s’est attachée à le développer et le promouvoir à travers la barette, une version revue et corrigée du rugby dans les années 20. Portrait d’une avant-gardiste qui s’est toujours refusée à botter en touche.

Née en 1883, Marie Houdré s’est battue contre les conventions. Femme de tempérament, libre et avant-gardiste, elle n’a eu de cesse de militer pour que ses semblables puissent s’épanouir par le sport et notamment le rugby. Elle s’intéresse au mouvement sportif féminin naissant. Très vite, elle intègre les rangs de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF) pour en diriger la commission médicale.

Dans le même temps, elle rejoint le Femina Sport, la première société sportive féminine du pays, dont elle prendra, par la suite, la direction. Dans ce club, les femmes pratiquent, comme bon leur semble, l’aviron, le football, le hockey, le basket, la natation… Marie Houdré va très vite ajouter le rugby à cette longue liste. Elle fait appel à André Theuriet, ancien capitaine du Sporting Club Universitaire de France (SCUF) et membre cinq fois capé de l’équipe de France pour l’aider à revisiter les règles du rugby.

André Theuriet du SCUF et Marie Houdré

Le fruit de leur collaboration est baptisé barette et se joue à 12 – et non 15 – sur une durée non pas de 80 mais de 60 minutes. La longueur du terrain est également raccourcie et les gestes jugés violents sont prohibés. On ne joue pas au pied et on ne plaque qu’en dessous des hanches. On raconte alors qu’il suffit de toucher le ballon (la barette) et de crier « Touché ! » pour arrêter le jeu et le redémarrer par une mêlée.
Le premier match officiel de barette est disputé fin mars 1922 à Paris, au Stade Élisabeth dans le 14ème. Le public est au rendez-vous mais les journalistes sont mitigés. Si une partie d’entre eux trouvent l’exercice plaisant, une grande majorité crie au scandale.

Le rugby féminin, même revu et corrigé, reste, selon eux, un sport violent et le spectacle donné par ces femmes est jugé dégradant voire ridicule. Quelques représentants politiques s’élèvent contre et la Fédération Française de Rugby (FFR) ira jusqu’à interdire un match d’exhibition, programmé en levé de rideau d’une rencontre masculine.
Tout ce remue-ménage, Marie Houdré n’en a cependant cure. À la fois capitaine et entraîneur, elle s’emploie vaille que vaille à promouvoir la discipline. Des équipes de barette naissent à Paris, Lille, Bordeaux et à Toulouse. Un Championnat national voit également le jour. Des débuts encourageants mais pas suffisants.

Malgré tous les efforts déployés par Marie Houdré, le rugby féminin peine à soulever les foules. L’engouement de la part des principales intéressées reste faible et la barette va peu à peu disparaître des radars faute de pratiquantes à la fin des années 30′. Il faudra attendre le milieu des années 60 pour que les femmes nourrissent, de nouveau, de l’intérêt pour le ballon ovale. Marie Houdré, alors octogénaire, assistera à ce retour en grâce en spectatrice. Sa contribution ne sera cependant pas oubliée.

Equipe de rugby Fémina (en blanc) au stade Elisabeth, Paris 14e. Photo : Gallica BNF

En 2019, trente-sept ans après sa disparition, son nom sera le premier à inaugurer le Mur des Légendes de la FFR, une initiative de la Fédération Française de Rugby pour honorer les personnalités qui ont contribué au rayonnement du rugby français.
Marie Houdré incarne parfaitement l’image de toutes ces femmes qui se sont battues dans l’ombre pour essayer de conquérir un petit bout de territoire. Car ce sport, il faut le reconnaître, est un sport d’hommes inventé par les hommes et fait pour les hommes. Il se féminise depuis peu de temps. Dans les pas du scufiste André Theuriet, le Président du SCUF rugby de l’époque Lionel Busson inaugure la section Féminine lors de la saison 2013/14. Elle est coordonnée par Anne Sampermans, qui prendra ensuite les commandes du rugby noir&blanc en 2018.

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