Charles BRENNUS (1859 – 1943)


Parcours d’un pionnier du rugby Français

Président du SCUF Rugby de 1895 à 1904, Président du SCUF Omnisports de 1895 à 1941

Le 5 décembre 1895, Charles BRENNUS (1859-1943) créa le Sporting Club Amateurs (S.C.A) qui devint le Sporting Club Universitaire de France (S.C.U.F) et en assura depuis cette date, sans défaillance, la présidence.

Modeste artisan graveur-ciseleur, d’un talent indiscutable à une époque où la médaille sportive était inconnue, il était venu au sport par l’art. Il sacrifia par la suite l’art au sport et s’affirma, par son action et par son labeur, comme un des meilleurs pionniers du mouvement sportif français. Malgré sa petite taille, son profil bedonnant, sa silhouette de bon bourgeois, et le binocle qui ne le quittait guère, le petit père Brennus, comme on le dénommait alors dans tous les milieux sportifs, s’imposa comme un fervent sportif et sacrifia sa vie à la cause des exercices physiques qu’il servit comme pratiquant et comme dirigeant.

Venu au sport alors qu’il avait déjà dépassé la trentaine, Charles Brennus s’adonna au tour à tour avec succès au cyclisme, au cross-country et au rugby. Équipier premier de rugby de 1896 à 1900, Brennus fut pendant les deux premières saisons 1896-1897 capitaine de notre équipe première. En parallèle, il s’était imposé dès 1896 comme un des dirigeants types de l’U.S.F.S.A. On le retrouve à cette époque dans toutes les Commissions (cyclisme, athlétisme, rugby, natation, Conseil de l’U.S.F.S.A. et au Comité de Paris) sans pour cela négliger son bon vieux Sporting Club Amateur qui devenait en 1902 le S.C.U.F et dont il était l’âme.

Juge-arbitre du National, directeur des Championnats de France d’Athlétisme, membre du jury des Jeux Olympiques de 1900, notre glorieux fondateur s’était imposé dès 1898 comme un de nos meilleurs arbitres de rugby et avait dirigé quelques unes de nos grandes rencontres, ce qui lui valut à la fois notoriété et souvent impopularité. Désigné comme président de la Commission de l’U.S.F.S.A., en 1900, Charles Brennus conservait sans défaillance son poste jusqu’en 1919 ; sous son autorité et son bon sens, le rugby français connut alors sa phase la plus glorieuse ; il fut à la base de la conclusion des grandes rencontres franco-britanniques et connut outre-manche la plus grande popularité.

Pendant la guerre 1914-1918, Charles Brennus a été l’âme de l’organisation sportive française et a assuré la survie de l’U.S.F.S.A., ce qui lui valut une promotion méritée dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Il était d’autre part décoré de la médaille coloniale, des palmes académiques et de la rosette de l’Instruction Publique.

Lors de la constitution des fédérations par sport en 1920, Charles Brennus avait continué à apporter son concours et son appui à la fédération Française de rugby qui l’avait justement élevé à sa présidence d’honneur.

Il fut de tous temps, le fervent défenseur de l’amateurisme et appliqua au SCUF, dans des circonstances souvent difficiles, ses plus grands principes de désintéressement, de camaraderie, de sport et de sincérité dont nous ne sous sommes jamais départis. Sous un aspect quelque peu sévère, Brennus aimait passionnément la jeunesse comme la vie et constituait le plus joyeux des camarades. Ses frasques étaient légendaires et il conserva jusqu’à ses dernières années cet esprit scufiste et gaulois, cette jeunesse de caractère et même d’allure qui lui faisaient encore en 1938, ouvrir, en valsant, le bal de notre fête annuelle.

Charles Brennus qui avait quitté en 1941 son cher quartier du Marais pour Le Mans, où il résidait chez sa fille, est mort le 29 décembre 1943 des suites d’une crise d’urémie. Il venait d’entrer dans sa  quatre vingt sixième année. Brennus s’était retiré de la vie active du sport depuis la guerre.

Charles Brennus n’est plus, mais son souvenir ne disparaîtra jamais de nos esprits. Fidèle aux traditions du culte des anciens qu’il lui imposa, le SCUF a pris en charge d’honorer la mémoire de ce vaillant pionnier auquel le sport français doit une très grande part de reconnaissance. C’est ainsi que pour se rappeler à jamais du disparu, le nom de Brennus a été rattaché au Trophée dont il fut le graveur et que le SCUF remet chaque année en garde au club victorieux du Championnat de France de rugby.

Charles Brennus, le pair du rugby français