L’Edito de Jean Hospital : Le noeud gordien

« Il ne faut pas trancher le noeud gordien qu’on peut dénouer. C’est pourquoi les hommes sont comme les statues, il faut les voir en place ; Qu’il s’agisse d’une équipe ou d’un joueur en particulier, le talent ne se mesure pas uniquement à l’énoncé d’un palmarès dont la lecture risque toujours d’être affectée, non seulement par l’ingratitude d’incessants changements de règles, par là de nouvelles espèces de joueurs avec de nouvelles pratiques. En faisant main basse sur le jeu, l’hémisphère Sud l’a détourné de son cours d’origine. On dirait que les règles nouvelles ont donné de la fantaisie aux colosses sudistes et qu’elles ont alourdi, à l’inverse, le raisonnement du rugby occidental. Le rugby à XIII apparaît aujourd’hui comme le meilleur entrainement du rugby à XV et inversement. C’est tout dire d’un malentendu entre générations qui n’existe pas dans des jeux comme le foot, lequel a le bon goût de ne pas modifier des règles qui avaient fait leurs preuves. Si le professionnalisme a beaucoup profité au rugby en France sous le rapport de la tenue et de la discipline, il n’est pas sûr que le progrès, en se mettant a la portée de tous ait beaucoup souscrit à la gloire d’un jeu fort jaloux de « sa différence ». Chaque innovation technique ou tactique passe aussitôt dans le disque dur de l’ennemi sur le bureau du « STAFF » (!!!!). La fantaisie n’a plus cours, il n’y a plus de place pour un fou, un tocard sublime dans une structure professionnelle ou autre. On ne court plus de risques, sauf celui de l’uniformité, d’où l’ennui naquit un jour, à tous les niveaux on a oublié que « le ballon est un hommage permanent à la fantaisie et au talent ». Dans un stade , ce sont toujours les ignorants qui accablent le plus cruellement les héros malheureux, les autres s’abandonnent plutôt au délicieux tourment que devient avec l’âge le jeu qu’on a pu pratiquer jeune avec un certain bonheur. Nos mélancolies personnelles deviennent des rêves de vieux gamins insatiables qui se piquent à chaque match de réveiller la balle au Bois dormant. Aussi il y a quelques années j’étais spectateur à Charléty lors d’un match du PUC, renforcé par « les BONIFACE « , contre les London Scottish , j’en pris plein les yeux , un récital ! Décalage sur la passe, croisée, fausse croisée, redoublée, jeu au pied offensif long et court, orientation de contre-attaque, double accélération:toute la gamme qui donna à chacun le goût du surnaturel . C’était du grand art , le ballon était l’offrande qu’on servait à son partenaire. Le jeu et le plaisir étaient réunis. La famille s’agrandit avec Jo Maso, Jean Trillo, François Sangali, Didier Codorniou, Serge Blanco, avec eux le jeu retrouvait toute sa plénitude, ils étaient des exemples pour des milliers de gamins. Nous étions loin de la situation actuelle où c’est plutôt « Passe , impair et manque « ……..A cette époque de la World CUP, pour caricaturer le jeu « Les All Blacks , c’est la passe sans la video, Nous c’est la video sans la passe……!!! »
Puis ce dimanche à Rousié le Scuf recevait. Incontestablement le Club-House donne une chaleur, un bonheur de se rencontrer, d’échanger, de multiplier « les verres de contact ». Des ajustements seront à prévoir certes, avec le temps tout viendra et surtout une meilleure communication aujourd’hui défaillante pour annoncer les évènement et mobiliser la gent scufiste, comme le disait le Président A. Ferrasse « Deux équipes moyennes, un petit match, mais la RRRRecette, elle est bonne……!!! ».

Si la réserve gagna son match de belle façon en faisant preuve de combat , de détermination et de solidarité, la première perdit sur son terrain pour la deuxième fois de la saison avec un score très lourd et s’installe ainsi dans un gruppetto à l’avenir incertain. Le pack scufiste céda devant les
assauts répétés d’adversaires plus lourds et avec une troisième ligne dévastatrice. Et tel Fabrice Del Dongo, à Waterloo, nous assistâmes à l’effondrement d’une équipe déboussolée, impuissante à réagir devant les coups de butoir de l’adversaire sûr de sa supériorité. Mais les arrières scufistes avaient montré de réelles qualités dans l’attaque et c’est par eux que le salut viendra en faisant gicler le ballon des mêlées, en le faisant voler, en déroutant, démarrant, démarquant, par le galop, l’esquive, les feintes et le contre-pied. et non dans un combat de bisons….
Grace au Club-House nous pourrons refaire le match et aborder la troisième mi-temps avec sérénité, soif et optimisme . Et là nul besoin d’être Ecossais pour jouer au dessus du par et finir en dessous du bar………!

Scufistement.

Jean Hospital.

L’archive sortie du grenier… : 2014 – Une tournée Irlandaise