Le Pub « Le Brennus »


Le BRENNUS est né en 1983 d’une idée simple : plutôt que d’aller boire chez les autres, il valait mieux boire chez soi. Cette idée rafraîchissante a tout de suite déclenché l’enthousiasme du peuple scufiste qui ne se mobilise que pour l’exceptionnel. 164 joueurs et dirigeants devinrent presque involontairement, autant d’actionnaires d’une société anonyme créée pour acquérir le Brennus, Bar restaurant situé au 59 rue d’Anjou, dans le 8ème, en face du square Louis XVI.

Tous mirent la main à la poche, les riches souscrivirent plusieurs actions tandis que les moins riches n’en prenaient qu’une. L’essentiel était ailleurs : Il fallait en être. Il y eut des paiements en francs suisses, en dinars, en sterling… Dès sa naissance, Le Brennus était déjà une société multinationale, mais la plus petite du monde. Ainsi, le SCUF, vieux club estudantin sans ressources, sans terrain, sans siège, avait son centre de ralliement : Le Brennus (marque déposée) du nom de son premier président. Les deux premières années furent homériques dans ce bistrot laissé dans son jus avec un zinc à l’ancienne. L’ensemble était vieillot mais l’ambiance volcanique. Ce lieu de rendez vous central a beaucoup fait pour souder les joueurs. Pour la qualité de certains matchs du dimanche, c’est plus discutable !!!!

Après le traditionnel état de grâce, la dure réalité des chiffes s’imposa. Il fallut deux mois par exemple pour réaliser que les chopes en étain gravées au nom de chaque actionnaire, avaient une contenance supérieure de 50% au demi de bière classique vendu pourtant au même prix. Les gérants étaient bien plus sensibles à la qualité de l’ambiance qu’à celle des résultats. Au point que plusieurs fois, ils terminèrent la soirée dans un état au moins équivalent à celui de leurs meilleurs clients (sans doute par souci d’harmonie) et qu’ils en oublièrent de fermer la boutique après les deux heures du matin fatidiques. Ce qui permit à quelques nécessiteux du quartier de mettre la main sur la caisse laissée ouverte, bien en évidence. Sans compter les traditionnelles visites suscitées par un voisinage (Louis XVI excepté) avide de tranquilité nocturne.

Bref, plus l’ambiance était chaude et plus les résultats étaient mauvais. Cela alarmait peu les actionnaires pour lesquels l’assemblée générale n’était qu’une occasion pour faire de l’esprit et une découverte de nouveaux concepts : le vote du « Titus » en a intrigué certains, sans parler du « cache flo » qui expliquait l’absence de dividendes.
Pour relancer l’affaire vieillissante le Président de la SA, Bernard Gervais, estime, en 1988, qu’il faut monter en gamme et transformer le bistrot avec la volonté d’en faire un lieu chic, un brin décalé de ses habitués populaires précédents. Des travaux qui au final péseront lourds dans la balance…

 

Pour espérer survivre, Le Brennus accepte de perdre de sa fantaisie et met l’établissement en gérance libre : le S.C.U.F. n’est plus chez lui. L’affaire exceptionnelle, fruit de 164 rêves d’enfants, est devenue plus ordinaire… Les fêtes sont devenues moins « felliniennes ». En parallèle Philippe Chier attire du monde à la Perestroïka. Le BRENNUS attire moins de scufistes. Les anciens du début de l’aventure vieillissent ou ne gravitent plus autour du club, et la nouvelle génération se retrouve plutôt au GulfStream (quai de la rapée) acheté depuis peu par la Société LE BRENNUS. Hélas, ce dernier établissement renommé SCUF DREAM finit également par plomber les finances de la société…

La fin de l’histoire est douloureuse avec la liquidation judiciaire de la société. Peu de scufistes ont pensé à récupérer leurs chopes (que l’on peut voir en arrière plan des photos) et elles finissent on ne sait où ? Plus grave, de nombreuses archives, photos et trophées y étaient entreposées et disparaissent de la circulation.

 

 

Choppe en étain n°109 de Pierre Auriacombe