scufiste depuis 1965…
- Nom – Prénom : POULIQUEN Christian
- Date de naissance : 23 mars 1948
- Taille – Poids de forme : 1.80 m – 78 à 85 kgs (88 aujourd’hui, pas tant que ça !)
- Poste joué : Tous mais le plus souvent en 3ème ligne
- Situation maritale : Marié
- Profession : KINESITHERAPEUTE – OSTEOPATHE – ENSEIGNANT d’Ostéopathie à l’Université de La Corogne
1 – Ta carrière rugby ?
Ma carrière commence par la découverte du mot RUGBY et au même moment du sigle SCUF (couleurs noir et blanc).
Issu d’une culture celte (mêmes couleurs sur le drapeau de la Bretagne !), le football, l’athlétisme et le vélo étaient les sports que je pratiquais (déjà à bon niveau).
Au Lycée Henri Bergson à Paris, en classe de 2nde, je découvris donc ce « curieux » sport :
1965-1966, Robert DAUGERON, prof de gym (et Scufiste) m’accosta dans la cour du bahut : « tu cours vite, longtemps, tu sautes, t’es plutôt athlétique, cela te dirait de jouer au Rugby ? »
Me voilà parti : 1er match 3/4 aile contre l’Ecole d’AIR France ; ballon touché : 0 ZERO ; courses dans le vide : 25. nous avons gagné !
L’équipe du Lycée était plutôt du genre « bras cassés » et « ignares ».
Nous fumes des presque « pros » car tous les jours grâce aux installations, Robert nous fit travailler la technique individuelle.
J’avais déjà les 2 pieds et j’y ai trouvé les 2 mains et l’esprit tactique.
J’appris aussi à ne pas tomber en mêlée ouverte (à cause du bitume !)
A ce moment-là, Robert fit signer au SCUF 3 ou 4 joueurs dont j’étais.
Direction la cuvette Félix Eboué (lui, noir seulement !) et l’Ecole de Rugby de Mr CHABERT au programme.
Les jeudis puis les mercredis, se passaient avec le bahut ; en 3 ans, nous eûmes une belle équipe allant en finale d’Académie, humiliant les cracks de EDF GURCY, succursale du RCF)
Et les dimanches, c’était avec les Juniors du SCUF (nous avons gagné 3 ans de suite le Challenge MAJOUR rassemblant l’élite du rugby junior d’Ile de France, ce qui nous plaçait n°3 derrière le RCF et le PUC, toutes divisions confondues).
Du fait qu’il y eut scission au SCUF (mauvais moments sombres histoires, mais la paix des braves est passée par là …), les juniors furent appelés et mon parcours en 1ère débutait , y rejoignant Robert DAUGERON, Christian LAMBERT (10’’5 sur 100 m), Pierre LIDON (10’’5 par chope), les HOSPITAUX (Père et Oncle), Daniel SAMPERMANS 3/4 aile fringant et élancé, Wlad HAGONDOKOFF (déjà adolescent), Bruno MARTIN NEUVILLE (à la recherche d’une carrière de Président), etc …
Et voilà !
A un début correspond une fin : ce fut lors de la Feria de Nîmes, septembre 2003, avec les « Vieux Cochons » : victoire en 3ème mi-temps avec l’Abeille Benoit FISSE.
Ton parcours d’entraineur ?
De 1965-66 à 2003, je fus membre du SCUF avec un intermède de 1971 à 1976 à la VGA St Maur, c’est dans ce Club de Division d’Honneur que j’ai commencé ma sinécure d’Entraîneur.
Entraîneur – Joueur, qui est ma conception de l’Entraîneur jusqu’en 2ème division.
En 1977, retour au SCUF en fin de saison pour 4 matches pour sauver le SCUF et éviter une descente (encore une !) ; dans la foulée, match du Centenaire gagné à Stratford-upon-Avon.
Ma carrière d’entraîneur a fonctionné par cycle de 3 ans, me mettant comme joueur à la disponibilité de l’entraîneur en place, lorsque je ne l’étais plus moi-même.
J’ai aussi « perverti » les juniors du SCUF durant 3 ans (Lionel BUSSON, Jean Marc HANNA, Bruno NABET, Jerome HOSPITAL et d’autres…).
Ma carrière d’entraîneur s’acheva en 1996-97 par ma décision d’arrêter.
Durant 1 an, une saison d’arbitrage au niveau des juniors occupa mon temps.
Nouvelle carrière qui s’arrêta par le match nul des +30 et des – 30 en 2001
2 – Lors de ta dernière saison en tant qu’entraineur (1996-97) tu rechausses les crampons et joues en Equipe 1 à 48 ans. Le SCUF se bat alors pour ne pas descendre en 1ère Série… Un de tes pires souvenirs au SCUF ou tu as pire ?
DESCENDRE ou MONTER
A la VGA comme au SCUF, nous avons fait les deux, comme des ludions !
Défaites ou victoires, certaines dans la joie et d’autres dans la tristesse, mais souvenirs ENORMES, trempés de sueur.
Il n’y a pas eu que des bons moments, mais enfin le bonheur du Jeu était là.
Nous sommes passés d’ « équipe sympathique ne fermant pas le jeu » lorsque nous perdions à « équipe cannibale » lorsque nous gagnions.
Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. le pire ne me fut pas épargné : la MORT.
Décès d’un joueur à la VGA St Maur en match : impuissance de pouvoir le ranimer et surtout tâche terrible d’annoncer cette mort à sa mère et à sa fiancée.
Alors, après !!! une passe manquée, un ballon tombé, un essai raté et toute la litanie de nos récriminations furent balayés.
Nous avons aussi perdu Chazelles, Charletty, le Brennus et le SCUF Dream, mais …
CARPE DIEM et « à la nôtre ! ».
3 – Quels sont les grands moments et les grands noms que tu pourrais intégrer au Pantheon du SCUF ?
Le grand moment, c’est toujours celui où l’on enfile la tenue de lumière et 15h00, l’heure de la Messe.
Un homme en noir est le doigt de dieu et les éléments (pluie, vent, terrain), ses acolytes (et souvent une première excuse).
Un grand moment est la constitution de l’Equipe, apportant aux noms de chacun la frustration ou le soulagement.
Mais 15h00 est l’heure où les valeureux chevaliers vont en découdre.
Alors dans cette joute, il y aura toujours un vainqueur : le Rugby.
Et, avec les années, ces combats seront magnifiés et naîtront des faits légendaires (le Graal est tout près …).
Chaque génération se doit de créer son histoire et un chapitre de celle du Club.
« Celui que je précède était là avant moi » (Saint Jean)
Choisir des bons moments ? Je me lance.
- ma première cuite en allant à Surgères (je n’avais jamais bu avant d’arriver au SCUF)
- les victoires en juniors
- ma découverte en équipe première des matches « houleux » St Denis, Le Havre, Le Métro, la Police, etc …
- les matches contre Stratford et ce fameux voyage où je fus porté par de fidèles grognards (la cuite du siècle)
- les tentatives de montée 3 ou 4 fois en 2ème Division
- les différents stages organisés et désorganisésle tournoi de chevalerie à HOSSEGOR, les cascades et leurs facéties de plus ou moins bon goût (pour narrer le tout, il faudra que je crée un site)
Je ne choisirai pas la délation pour donner, même des grands noms : j’ai trop aimé chacun pour les dissocier de la grande œuvre scufiste.
De A à Z, ils furent tous des grands noms.
Ils furent et sont encore des hommes : avec leurs travers, leur sensibilité mais surtout leur fraternité.
A comme ABSIL et Z comme ZANCANARO : raccourci saisissant d’une génération ancienne, (avant moi !) à la nouvelle équipe 1re actuelle.
4 – Aujourd’hui as tu encore un petit regard sur les résultats du SCUF ? Un petit mot sur le bon parcours cette saison ?
Le lundi est le jour d’achat du « Parisien Libéré ». Maintenant, l’ordinateur permet de lire les résultats bien plus tôt et les chroniques du journal du SCUF.
Merci le progrès.
Jamais les résultats du SCUF ne me furent indifférents : souffrant quand cela allait mal, content quand cela va.
Me tenant aussi au courant des festivités, j’ai pu mesurer le travail fait dans le relationnel intérieur : cela est bien.
Les résultats sont bons et laissent présager une possible montée (avec un réservoir assez important).
L’œil de l’ex-entraîneur a détecté quelques faiblesses tant individuelles que collectives !!!
Avec le travail sérieux sous la houlette de l’entraîneur policier et des présences assidues, tout va vers le mieux.
APARTÉ :
« Les temps changent », dixit Bob Dylan :
un avocat président volubile aux commandes
un policier dans un club d’Étudiants, avec des fichiers (que je n’arrive jamais à ouvrir !)
Toute ressemblance avec des personnages vivants, …)
CONTINUEZ LE COMBAT !
Demandez donc à Tonton Jean Hospital comment s’est passée la rencontre SCUF/Police en 1968 (la plus belle bagarre sous les douches !).
5 – Croises tu encore beaucoup de joueurs de ta génération ?
Il n’est pas un jour que je ne sache ce qui se passe (pas de fichier mais des oreilles !).
Chaque « indiscrétion » m’apporte son lot d’informations : de mes vieux amis, il en est de partis pour des courses lointaines, mais les nouvelles des autres sont plutôt rassurantes et nous nous rencontrons avec joie.
Je les croise aussi sur mon « divan de réflexion » essayant de calmer les outrages du temps ;
parfois des jeunes poussent la porte du Cabinet : Bureau des pleurs.
Pour mes 60 ans, je me suis marié, l’été dernier ; et ils étaient tous là, souriants et contents.
Je termine les festivités en m’offrant une prothèse de hanche (ce qui devrait me permettre d’intégrer le fichier « merdique » ?!)
La vie est belle.
6 – Et le rugby en général tu le suis assidûment ou en zappant devant ta TV ?
Est-ce l’âge ou le repas trop copieux ?
Parfois, je m’endors presque devant la télévision à la vue de matches que je qualifie de « pensée unique ».
Les règles ont changé, les hommes, peu.
Ils restent dans leur grégarité et semblent frileux. Un brin calculateurs aussi.
L’entraînement a augmenté dans la densité physique mais s’est appauvri au niveau technique et tactique.
« Défense » est le maître-mot ; « physique » son corollaire.
Jeu au pied, inepte la plupart du temps ; « pique en go », une institution de gagne-temps.
La seule fraîcheur vient du 3 Nations qui apporte toujours son lot de créativités avec des joueurs physiques mais très techniques.
Mettre en place une défense : 3 mois.
Top niveau physique : 3 mois.
Jeu d’attaque millimétré : 1 année.
Alors parfois, l’on sacrifie l’un des thèmes, surtout le dernier.
Mais je me régale quand même car en bon public, il y a matière à s’esbaudir.
J’attends le Tournoi pour voir l’évolution (après 2 matches et la vision des « Bleuets », mon diagnostic se confirme : le rugby n’est pas que de la course à pied ).
Pour plus de commentaires techniques, il me faut plusieurs bières … et du temps.
7 – Un petit conseil de grognard pour les minots d’aujourd’hui ?
Les « jeunes » n’ont pas de chance :
- ils ne doivent pas boire, cela tue.
- ils ne doivent pas fumer, cela tue.
- ils ne doivent pas manger gras, pas manger sucré, cela tue.
- ils ne doivent pas baiser, cela peut tuer.
- ils doivent travailler, mais sont chômeurs.
- ils veulent quitter leurs parents, mais ne peuvent pas.
Alors, conseils :
- le tabac tue, mais la pipe détend.
- il faut boire, mais du bon.
- il faut manger et bien, pour ne pas être anémié.
- il faut honorer sa partenaire, amie ou épouse autant que faire se peut.
- il faut faire du sport en sus.
Tout cela leur permettra de devenir vieux, … mais sans retraite !!!
Autres conseils de grognard, plus terre à terre et ras du sol :
- pousser en mêlée, sauter en touche, courir, plaquer, passer, botter et marquer (ce que fait le joueur-type)
- savoir écouter, surtout pour digérer victoires et défaites et avoir ce que l’on nomme l’expérience.
- respecter toujours son partenaire et son adversaire (peut-être l’entraîneur)
- jouer tête haute
- prendre et donner, credo de la passe, et aussi celui de la transmission.
- prendre et améliorer : donner et façonner ce diamant qu’est le ballon
- jouer chaque match comme s’il était le dernier.
Si tu as quelque chose à rajouter ?
Si vous avez entraîné le SCUF, alors vous pouvez entraîner n’importe quelle équipe ô monde ».
Car il vous a fallu tout apprendre (à côté, DRH chez EADS, c’est cool !)
« SPORTING CLUB UNIVERSITAIRE DE FRANCE »
A ce nom, vous verrez, en province y compris , des gens réagir car ils ont été scufistes et le souvenir en est indélébile.
SCUF : club où se trouve le plus grand nombre de diplômés et de caractériels au mm² : Mireille Dumas a renoncé à comprendre ; quant à Pradel, il s’en est perdu tout seul.
Dans cette chronique, La GAUFFRE, ce fut un peu notre Jean-Pierre Coffe « il en avait connu, lui, des beaux poulets qui avaient couru ! »
Et nous pouvons terminer cette rubrique par une citation de Marguerite Duras sortant de chez Troisgros (cf Desproges) :
« j’ma bien rigolé, j’ma bien mangé, j’ma bien bu »
L’entraîneur – type du SCUF est :
- plein d’humour (sinon, il meurt …)
- ZEN devant les tailleurs de « costards » (génération auto-entretenue)
- jamais découragé par la connerie humaine.
- possesseur d’un crayon et d’une gomme (l’équipe du lundi n’étant pas celle du jeudi, encore moins celle du dimanche matin et peut-être non plus celle du dimanche 15h)
- possesseur d’un agenda avec les « bons numéros » de portables
Il doit :
- savoir faire des flèches
- boire et manger
- accessoirement, connaître la technique et la tactique ; enfin, tout ce que l’on peut apprendre pour ce poste)
- communiquer ; chose difficile car tout est déformé et amplifié par les « langues de pute ».
Vous avez sûrement trouvé des entraîneurs meilleurs que moi … ou pire peut-être, mais sachez que ce que j’ai toujours privilégié, c’est la conservation de l’Esprit …
car il bande encore …
N.B. : suivent les 4 meilleurs par poste, les entraîneurs (j’ai des noms ….)
40 ANS DE SCUFISTES
De mes 40 dernières années, voici les Scufistes que je pense hors normes (les discussions vont aller bon train …)
Pilier D : BOUSSAGOL, DESHORS, MENETRIER, OMAR
Pilier G : DETREZ, LAZZERINI, PLANCHON, STEMFOLLET
Talon EPELBAUM, FARGES, KAHAN, LIDON
II DESMARAIS, GRIMALDI, JY HAMET, JP LAMBERT
III D.BOURREL, DORGET, W.HAGONDOKOFF, PABST
8 BIDOU, DEVRIENDT, DUFOURNIER, POULIQUEN
9 GARRABOS, LARRIBEAU, MILINKOVITCH, THIEFFINE
10 ASANTCHEEF, A.ROQUES, R.ROQUES, WRIGHT
11 CH.LAMBERT, MARIE, PANTEL, ROUSSEL
12 BRUNIE, DULION, G.GERVAIS, SOLLABERIETA
13 BUSQUET, DAUGERON, ESCANDE, LENOIR
14 CAFFIERO, CURREY, PETAT, RIMEAU
15 DEMARGNE, MASSE, Jacques SCHWARTZ, Thomas SCHWARTZ
Quant aux autres, ils furent de vaillants et fiers soldats et ne se sauvèrent pas.
ABSIL, CUGNENC, BIDOU, MORELOT, BOURREL, M.HAGONDOKOFF, CELHAY, JEFF RICHARD, BONTHOUX, PERRIER (je dois sûrement en oublier), votre serviteur y compris, furent les entraîneurs durant ces 40 années.
Le tout sous la houlette des Présidents vertueux et actifs : MARTIN, PLANCHON, DOUVILLEZ,
MARTIN-NEUVILLE, GUYON, Michel HOSPITAL, BUSSON
42 ANS, c’est bien le nombre d’annuités pour la retraite ? Alors … … CIAO
Interview réalisée par Lazz, le 20/02/2009